Ate­lier isaa: un be­soin de re­nou­vel­le­ment

Diplômé en 2016, Rémy Cottin est le plus jeune lauréat de la série. Il a créé son agence après avoir remporté un concours qui exigeait une réponse fine à une situation urbaine contrainte. L’architecte lance une réflexion sur la composition des jurys et aimerait voir des procédures originales se multiplier.

Data di pubblicazione
12-01-2021

Espazium: Quelle est la situation du concours en Suisse romande?
Rémy Cottin: Pour une jeune agence, la diminution du nombre de concours ouverts que nous observons en Suisse est problématique, car ceux-ci jouent indéniablement un rôle dans l’obtention de premiers mandats. Encore récemment, plusieurs jeunes bureaux romands en ont remporté, ce qui témoigne d'une procédure viable et accessible à tous.

Au-delà de l’accès à la commande, ces concours nous permettent d’expérimenter sur des sujets concrets. À ce titre, on peut se réjouir d’une certaine hausse du nombre de concours portant sur des grands ensembles de logements. On l’a vu notamment avec le concours de l’îlot de la Savonnerie à Renens, mais également avec le quartier d’habitations à Beauregard-Dessus à Neuchâtel ou les pièces urbaines des Plaines-du-Loup à Lausanne. Cela suit une certaine tendance déjà bien présente depuis une vingtaine d’années à Zurich, qui a conduit à l’émergence d’une véritable culture architecturale du logement. Celle-ci a toujours eu du mal à s’imposer dans les concours en Suisse romande. La préserver et la renforcer nous paraît aujourd’hui essentiel.

Lire également: Concours en Suisse ro­mande: in­ven­taire et pistes de re­nou­vel­le­ment

Le concours favorise-t-il l’expérimentation?
Le processus de jugement permet d’appréhender assez finement la pertinence des projets. Dans bien des concours, les jurys ont récompensé des solutions architecturales expérimentales. En particulier dans des contextes difficiles, des projets très intéressants et innovants ont fréquemment pu émerger et s’imposer. Toutefois, la nécessité de juger un grand nombre de projets, ainsi que le caractère figé des éléments du rendu ne permettent pas toujours de mettre en avant les projets expérimentaux. Le plan d’implantation et la maquette au 500e orientent le jugement sur l’implantation urbaine et la compacité. Ceux-ci deviennent des critères décisifs du jugement, éclipsant parfois d'autres enjeux architecturaux ou sociétaux. De plus, l'hyper-concurrence, provoquée par la diminution du nombre de concours ouverts, a également un effet négatif sur l’innovation. En effet, de plus en plus , les projets doivent être rapidement appréhendables pour ne pas être éliminés, une proposition de projet complexe est alors souvent une véritable prise de risque.

Faut-il faire évoluer les concours?
Le fait que la SIA 142 garantisse une majorité d’architectes dans les jurys est une chance. Néanmoins, elle ne régule pas le processus de sélection des membres du jury et il nous semblerait bénéfique que leur composition soit plus diversifiée. On peut imaginer qu’une partie du jury soit soumise à une procédure de candidature ouverte, ou encore tirée au sort dans une liste de membres assermentés par la SIA. Ce changement pourrait garantir le renouvellement des jurys, qui restent à ce jour assez fermés en Suisse romande.

Sans remettre en question le concours ouvert classique, la SIA 142 pourrait diversifier la forme des procédures ouvertes. La forme actuelle montre ses limites dans les territoires périurbains et ruraux, où se trouvent la majorité des enjeux contemporains. Dans certains cas, il nous semble que la procédure devrait sortir du cadre pour permettre la formulation de propositions plus innovantes. À ce titre, le déroulement du concours « Cœur de Cité » organisé par la ville de Meyrin (composé d’un premier tour ouvert suivi d’un MEP) a concilié les qualités de l’anonymat tout en laissant plus de place à la démonstration et à l'argumentation lors du deuxième tour.

Atelier isaa, agence fondée en 2020 à Genève par Rémy Cottin (198X*). Concours effectués:

 

Pour accompagner le dossier thématique sur les concours de l'édition de janvier 2021 de TRACÉS, nous avons posé trois questions aux lauréats de concours d’architecture 2015-2020 de moins de 40 ans. Nous leur avons également demandé de choisir un concours déterminant dans leur jeune carrière ainsi qu'une référence.

 

Atelier isaa: un besoin de renouvellement

 

Nicolas de Courten architectes: La contrainte fertile

 

Sujets et Objets d’Architecture: la face cachée de la compétitivité

 

Comte/Meuwly: Le concours comme opportunité d'expérimentation

 

- Stoa: franchir le Wettbewerbgraben

 

- Atelier 703: Le concours en dialogue

 

MAK: la relève qui s’établit

 

APZ: retrouver le projet radical

 

- A&F architectes: l'expérimentation fine

 

 

 

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