Le con­cours comme op­por­tu­nité d'ex­pé­ri­men­ta­tion

Dossier concours

Le bureau Comte/Meuwly a lancé sa pratique sur une multiplicité de fronts, par des concours comme Swiss Art Awards et Lausanne Jardin, des mandats directs répartis à travers la Suisse, des projets auto-initiés et leurs pratiques académiques à Lausanne, Zurich et Mendrisio. Comme avec tout projet, l’agence exploite chaque concours comme une opportunité d’expérimenter.

Date de publication
27-01-2021

Quelle est la situation du concours en Suisse romande?
Nous voyons le concours comme un outil parmi d’autres pour formuler des idées, développer des projets. Le concours ouvert permet justement de flouter cette éternelle frontière «romande». L’anonymat nous offre autant de chances de développer un projet à Küttigen qu’à Échandens.

Pour nous, le développement d’un projet de concours se base sur la lecture d’un contexte au sens large, sur la compréhension, l’assimilation et l’interprétation d’une situation. Mais il se peut que, trop souvent, cette lecture soit prémâchée par le programme du concours. Avec des conclusions hâtives et figées, il tend à ne donner aux architectes que la possibilité de mettre une «forme» sur un programme donné, avec des règles déjà édictées.

Ce type de procédure questionne directement le rôle de l’architecte, qui est appelé à intervenir à un stade - selon nous trop tardif - du développement du projet. Les conditions principales et décisives sont déjà fixées, mais par qui? Ces décisions sont-elles toujours justifiées?

Emplacement, budget, superficie, programme défini au mètre carré près… Il s’ensuit un jeu (dont on ne peut cacher le caractère addictif) de manipulation des données faisant aboutir le projet à un résultat plus ou moins cohérent.

D’un autre côté, si l’on peut voir un avantage aux programmes de concours trop figés, c’est justement qu’ils nous poussent à une flexibilité maximale: si le projet est assez fort pour répondre à certains critères programmatiques questionnables, à un cahier des charges plus ou moins légitime, alors il sera capable de soutenir un bon nombre de changements d’usages, d’utilisateurs. Pour nous, c’est cette multiplicité dans l’interprétation d’un projet qui le rend fort: des structures flexibles et poreuses qui réagissent au programme tout en permettant de questionner le projet à sa base, ainsi que sa relation à un contexte en constante évolution.

Le concours favorise-t-il l’expérimentation?
Combien de fois a-t-on dû remplir ce tableau Excel redoutable, réduisant la notion économique d’un projet à un bête rapport de surface vitrée, la lecture d’un projet à des paramètres quantifiables simplifiés?

Nous considérons tout projet comme une opportunité d’expérimentation. Comment utiliser les contraintes du concours comme des leviers? Comment en faire des qualités? Et comment laisser une marge de manœuvre au jugement pour permettre une interprétation de ces contraintes?

Ce qui, pour nous, rend l’expérimentation dans le contexte du concours fascinante, c’est justement qu’elle doit se confronter à une certaine réalité, à certaines exigences, à certains critères spécifiques. Tout l’intérêt de l’expérimentation repose sur sa capacité à se concrétiser.

Faut-il faire évoluer les concours?
Si nous avons le sentiment que l’architecte devrait s’engager plus en amont dans la rédaction des programmes des projets, il en va probablement de même pour les membres du jury, trop souvent confrontés à juger des projets sur un programme donné, certes validé, mais peu questionné.

Le jury distingue alors, selon lui, la meilleure réponse à la question. Mais qui a écrit la question ? Et qui détermine les enjeux?

Un projet fort va au-delà des attentes programmatiques dont l’évolution future ne peut être prévue, et formule ses propres enjeux, retournant les contraintes en qualité. Il offre une liberté d’utilisation, une liberté d’interprétation qui le détache de la simple question programmatique et le projette sur la table de l’expérimentation. Un projet fort pose des questions et soulève des enjeux qui les dépassent.

 

Comte/Meuwly, agence fondée à Zurich et Genève en 2017 par Adrien Comte (*1990) et Adrien Meuwly (*1993).

 

- 13 concours effectués

 

- «Palace of Joy», installation nominée pour les Swiss Art Awards 2019

 

- «Parc de l’Amour éternel», Prix du jury, Lausanne Jardin 2019, en collaboration avec huber.huber et Johannes von Pechmann

 

- Foundation award 2021

Pour accompagner le dossier thématique sur les concours de l'édition de janvier 2021 de TRACÉS, nous avons posé trois questions aux lauréats de concours d’architecture 2015-2020 de moins de 40 ans. Nous leur avons également demandé de choisir un concours déterminant dans leur jeune carrière ainsi qu'une référence.

 

Atelier isaa: un besoin de renouvellement

 

Nicolas de Courten architectes: La contrainte fertile

 

Sujets et Objets d’Architecture: la face cachée de la compétitivité

 

Comte/Meuwly: Le concours comme opportunité d'expérimentation

 

- Stoa: franchir le Wettbewerbgraben

 

- Atelier 703: Le concours en dialogue

 

MAK: la relève qui s’établit

 

APZ: retrouver le projet radical

 

- A&F architectes: l'expérimentation fine

 

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