Con­cours en Suisse ro­mande: in­ven­taire et pistes de re­nou­vel­le­ment

Après la Suisse alémanique, le concours ouvert est également en perte de vitesse en Suisse romande. Avec quelques interlocuteurs, architectes et maîtres d’ouvrage, nous avons cherché des explications à cette tendance, mais aussi quelques pistes pour ­penser au renouvellement, des architectes, des jurys, et, pourquoi pas, des procédures.

Date de publication
12-01-2021

En Suisse alémanique, le nombre de procédures ouvertes chute ces dernières années et le débat, depuis, fait rage. Les règlements sont critiqués et de nouvelles pistes explorées1. Sur Hochparterre.ch, Ivo Bösch et Marcel Bächtiger appellent les maîtres d’ouvrage à «sauver le concours ouvert» et surveillent étroitement l’évolution. Dans une étude centrée sur les années 2013 à 2018, ils établissent un palmarès des communes suisses qui se distinguent par l’exemple. Les Romands, notent-ils, se démarquent, car « les procédures ouvertes y sont bien ancrées »2. Le sentiment qui domine ici est que les procédures sélectives sont en augmentation. C’est ce qu’observe Alain Wolff, qui a présidé l’Organe des marchés publics romands (OMPr). C’est également le sentiment de l’ancien architecte cantonal du Valais Olivier Galletti, qui y voit un danger pour l’ensemble de la profession: «Il ne faudrait pas que la machine des concours sur préqualification se mette en marche comme en Suisse alémanique. Car, en Suisse romande, l’accès à un maître d’ouvrage privé sensible à une architecture de qualité me semble plus rare.» La situation empêcherait, à terme, les jeunes architectes d’émerger. «Les concours ouverts pour les grands projets n’existent presque plus, observe Yves Dreier, architecte à Lausanne, les jeunes n’ont plus que les écoles et les EMS. Si l’on n’investit pas sur le concours ouvert, dans dix ans, on aura perdu la vitalité de la profession.»

Entre 2015 et 2020, sur près de 200 concours, 27 ont été remportés par des architectes de moins de 40 ans. Nous nous sommes demandé dans cette enquête quels types de maîtres d’ouvrage favorisaient le concours ouvert, ce qui les amenait à préférer des procédures sélectives et les moyens qui restent, en fin de compte, pour favoriser le renouvellement au sein de la profession.

Inventaire du concours ouvert

Pour dresser un bilan à l’échelle de la Suisse, nous nous sommes adressés à la commission SIA 142/143 qui analyse la conformité des procédures et tient une statistique annuelle depuis 1999 (voir le graphique ci-contre). Les concours ouverts, qui ont connu une croissance continue jusqu’en 2010, diminuent à la faveur des procédures sélectives et sur invitation, désormais plus nombreuses. Il semble donc que nous soyons revenus à la situation d’il y a 20 ans en arrière.

Puis, pour dresser un tableau de la situation romande, nous avons compté les procédures publiées en langue française sur la plateforme Competitions d’espazium.ch entre 2015 et 2020, en excluant les concours sur invitation, qui ne sont pas systématiquement publiés, mais aussi les concours organisés par la Confédération, qui ne prend pas toujours ses responsabilités de maître d’ouvrage public. Si l’Office fédéral des constructions et de la logistique se montre exemplaire3, on ne peut pas en dire autant des CFF (une SA dont le capital est détenu en totalité par la Confédération) ou de l’EPFL, qui distribue des mandats en sélection limitée ou sur invitation. D’autres concours échappent certainement à cet inventaire, mais celui-ci donne une estimation qui permet d’établir un constat sans appel: le nombre de concours ouverts est en chute depuis 2015, tandis que celui des procédures sélectives (concours et MEP confondus), lui, reste stable.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène : dans le canton de Vaud, les concours d’EMS ont connu un pic vers 2015 en raison du programme de législature 2012-2017 qui prévoyait, après le moratoire de 2003, une augmentation de 500 lits. Il est également possible que nous subissions aujourd’hui les conséquences du rapport de la Cour des comptes vaudoise de 2015, qui produisait un amalgame désastreux entre concours et coût des constructions4. Régulièrement, on accuse le concours d’engendrer des surcoûts – alors qu’il garantit un avant-projet bien ficelé – et la pression monte pour éviter à tout prix les marchés publics5.

La grande majorité des concours ouverts sont organisés par les communes, ainsi que les nombreuses fondations qui gèrent des foyers, des EMS ou des logements protégés, parfois en représentant directement les intérêts communaux. Au total sur la période, près de deux tiers des procédures organisées par les communes sont ouvertes. À la tête du Service d’architecture de la Ville de Lausanne, Nicole Christe observe que la planification de constructions publiques (projet Métamorphose, écoles) est en train de ralentir. Dans la période 2015-2020, c’est la Ville de Genève qui aura lancé le plus de concours ouverts. La codirectrice du Département en charge, Isabelle Charollais, a opté pour une position radicale: 100% de «142 ouvert», pas seulement pour des crèches ou des écoles, mais aussi pour des projets emblématiques, comme la couverture des fouilles archéologiques du bastion Saint-Antoine (2018).

Côté Cantons, les mesures sont fluctuantes d’une année à l’autre, car moins nombreuses (les États organisent un cinquième des procédures comptabilisées). Mais dans la période, les concours ouverts ne représentent qu’un peu plus de la moitié des procédures. Ceux-ci seraient plus difficiles à imposer, en raison de la taille des projets et des budgets élevés, explique Francesco Della Casa, l’architecte cantonal de Genève. Aussi, c’est le concours à deux degrés qui est privilégié, dit-il, afin de limiter les risques, mais également l’investissement des équipes concurrentes. Les projets importants de l’État de Vaud sont issus de concours ouverts retentissants: l’extension de l’Unithèque (un degré), les logements étudiants de la Pala, renommés depuis «Vortex» (deux degrés), et le Campus Santé Vaud (deux degrés). Mais autant de projets sont organisés en sélectif sans que l’on comprenne bien ce qui motive le choix de l’une ou l’autre des procédures (bâtiment des sciences de la vie, extension du Tribunal cantonal ou encore Maison de l’environnement). Difficile de tirer des conclusions des rares concours publiés par les États de Fribourg, du Jura et de Neuchâtel. Enfin, le Valais reste un exemple: 100% des concours émis par le Canton sont des procédures ouvertes. Bernard Attinger (architecte cantonal de 1978 à 2007) a introduit la pratique d’une mise à disposition systématique des ressources de l’État pour les concours subventionnés par les communes6.

Pourquoi préférer le sélectif?

L’importance des travaux, et donc le risque financier, est avancée comme argument pour préférer une procédure sélective dans les grands projets cantonaux. Il y a en réalité plusieurs raisons. D’abord, nombreux sont les maîtres d’ouvrage (fonds de pension, fondations, coopératives) qui, n’étant pas soumis aux marchés publics, utilisent systématiquement la procédure qui leur convient le mieux pour obtenir un avant-projet. Ainsi la CODHA, à la recherche de solutions «impertinentes», privilégie plutôt les concours sélectifs ou les MEP7. Dans certains projets genevois touchant directement à l’intérêt public (Hôtel des archives, Cité de la musique), une part importante des financements provient de fondations qui posent comme condition que la procédure soit sélective ou sur invitation. «Les fondations n’ont pas la mission de promouvoir la jeune architecture, explique Francesco Della Casa, elles doivent justifier l’engagement de l’argent.» Raphaël Nussbaumer, membre de la commission 142/1438, pointe surtout les fondations immobilières de droit public (FIDP) de Genève, qui sont sorties des marchés publics. «La qualité architecturale, estime-t-il, est en péril». «C’est dramatique, renchérit Pascal Tanari, observateur au sein de la Commission des concours et des appels d’offre (CCAO) genevoise, parce qu’elles fonctionnent avec des fonds publics et c’est l’essentiel des programmes de logements qui ne seront plus traités en concours ouverts». Francesco Della Casa explique que les FIDP sont allées jusqu’à Berne pour se soustraire aux marchés publics et qu’une négociation intense a débuté avec la SIA. Après avoir testé six procédures différentes, l’option s’est finalement portée sur des concours sélectifs. «Ce n’est pas complètement idiot, fait-il remarquer. Lors du concours pour la coopérative d’habitation de Vieussieu, sur les 75 équipes qui ont participé, une quarantaine étaient hors de la question. Elles ont travaillé pour rien, faute de comprendre les enjeux du logement social.» En réalité, l’option ouvert sélectif dépend encore de l’orientation et des objectifs du maître d’ouvrage. La fondation HBM Emile Dupont et la coopérative d’habitation Totem viennent par exemple de publier un concours exemplaire à deux degrés dans le quartier de la Concorde à Genève.

La tentation protectionniste

Certaines communes optent peut-être pour le concours sélectif par crainte de voir le projet confié à une agence établie à l’étranger, peu au fait des problématiques du lieu. Aussi la sélection géographique, bien qu’interdite par le Règlement SIA 142 (comme par les accords internationaux), reste une tentation9. Plus grave: en novembre 2020, la Commune de Plan-les-Ouates (GE) a publié un concours réservé aux Genevois, une mesure protectionniste légitimée par la pandémie10. «C’est assez choquant, estime Pascal Tanari. On a l’impression de revenir à la situation d’avant 1994». Là où le bât blesse, c’est que cette procédure a obtenu la certification de la SIA. «L’organisateur a invoqué un arrêté fédéral, explique Raphaël Nussbaumer. La commission interroge le maître de l’ouvrage pour connaître ses justifications, mais elle n’est pas en mesure de mener une enquête sur des points aussi spécifiques et juridiques. Ce sont les organes locaux qui doivent vérifier ces aspects en détail.» Le cas risque de faire un précédent. « S’il y a une faille juridique dans laquelle les maîtres d’ouvrage peuvent s’introduire pour sortir des marchés publics, conclut Nussbaumer, ils vont s’y engouffrer.» «Malheureusement, le Canton n’a aucun pouvoir pour interférer. Le seul moyen, estime Francesco Della Casa, serait de saisir l’Association des communes genevoises.» Dans un pays de huit millions d’habitants, réserver la prestation d’architecte à une agence du canton semble bien provincial.

Ce protectionnisme du concours émane également de la profession elle-même. Selon Raphaël Nussbaumer, certains architectes voient peut-être l’effet bénéfique des procédures sélectives comme protection vis-à-vis d’une concurrence étrangère. «Le manque de réciprocité des autres pays est souvent évoqué», explique-t-il. Mais la Suisse est-elle vraiment le seul pays à respecter les accords internationaux sur les marchés publics? Certes, la France, par exemple, ne publie pas de concours ouverts, puis protège son marché par la garantie décennale, qui force pratiquement à s’établir dans le pays. Pourtant, cela n’empêche pas des architectes suisses de construire à Paris, Munich ou Berlin. En réalité, ce sont surtout les conditions économiques qui découragent de concourir ailleurs. Et à l’inverse, le concours ouvert suisse, bien doté, peut être une source de revenu à l’étranger. «À moyen terme, la distorsion de concurrence entre les coûts des bureaux établis dans l’UE et ceux des bureaux suisses risque de poser un problème. C’est particulièrement le cas des jeunes bureaux qui participent souvent à de nombreux concours. Pour un bureau suisse, un prix est important pour la reconnaissance qu’il apporte mais il ne couvre pas l’investissement, alors qu’il reste économiquement significatif dans certains pays de l’UE. Si cette ouverture reste positive, c’est également une concurrence très ardue», reconnaît Olivier Galletti.

Comme souvent, la crainte dépasse la réalité. Sur les 120 concours ouverts de la période 2015-2020, nous n’avons trouvé que cinq lauréats établis à l’étranger. Et les trois quarts des concours, toutes procédures confondues, sont remportés par des Romands. Pas de quoi s’effrayer, donc, et sur ce point, on doit d’abord relever les aspects positifs: «Les concours amènent des architectes d’horizons différents, qui nous confrontent à d’autres points de vue, tandis que la présélection empêche l’afflux de sang frais», commente Alain Wolff. Il faut reconnaître que les projets émanant d’outsiders, alémaniques ou étrangers, sont les plus intéressants.» Le Vortex, le Campus Santé, l’école d’Orsonnens (FR) ou encore le groupe scolaire des Vernets, voilà des projets qui ravivent les flammes et donnent un bon coup dans la fourmilière.

L’avalanche de rendus

L’organisation d’un concours est un investissement important pour les petites communes. Elle exige du temps, des compétences, et un processus bien ficelé. «Une solution serait que le Canton apporte un soutien en ressources et compétences aux petites communes frileuses à s’engager», estime Nicole Christe. C’est ce qui a été mis en place en Valais, où l’État offre les services d’organisation de concours. Olivier Galletti aimerait que la pratique soit appliquée ailleurs. «Dans les cantons avec des petites communes, c’est indispensable. Comme en Valais, les autres cantons romands pourraient mettre en place ce service à l’heure où tout le monde parle de culture du bâti.»

Les administrations préfèrent le sélectif par crainte d’être dépassées par le nombre de rendus. «Pour le foyer et la crèche Sainte Famille à Renens (VD), il y avait 66 rendus, se souvient Olivier Galletti. C’est un peu lourd pour un jury, mais jusqu’à 100 c’est gérable. Le maître d’ouvrage est satisfait de l’éventail des possibilités et de jeunes lauréats peuvent accéder à une première commande.» Pour la petite école de la commune de Meinier (GE), il y en a eu 122, raconte Pascal Tanari, organisateur de la procédure, ce qui a soulevé des problèmes logistiques: «Le maître d’ouvrage a dû louer des salles à l’extérieur de la commune, faire appel à 4-5 d’entre elles pour réunir les panneaux d’affichage. Depuis ce jour-là, on essaie d’articuler des procédures qui évitent cette expérience.» Pourtant le maître d’ouvrage, lui, est satisfait: «Nous avons assez rapidement réussi à sélectionner un projet à l’unanimité»11. Pascal Tanari estime que ce type de concours a beaucoup de succès pour deux (bonnes) raisons : un cahier des charges bien rédigé et un mandat – moins de dix millions – idéal pour de jeunes bureaux. Mais il en invoque une troisième: les concours ouverts se faisant rares, ils sont pris d’assaut. En conséquence, si les communes se cooptent pour favoriser des concours ouverts de manière solidaire, ce problème disparaîtra.

La créativité à l’épreuve du concours ouvert

Enfin, la raison qui pousse les maîtres d’ouvrage publics à se tourner vers le sélectif est la tentation de ne faire jouer que les équipes de première division dans des concours qui, parfois, défraient la chronique. Il y a aujourd’hui deux ligues: celle des happy fews sélectionnés, et celle des petites agences, qui doivent faire leurs preuves dans des concours réunissant parfois plus de 100 équipes. «À Zurich, estime Alain Wolff, on observe que ce sont généralement les mêmes agences qui sont invitées ou sélectionnées. Cela permet de faire des projets pointus, mais ce sont souvent des propositions qui ne passeraient pas la rampe en Suisse romande: un bureau comme Knapkiewicz & Fickert serait éliminé au premier tour. » En effet, dans la ligue ouverte, les règles ne sont pas (plus) les mêmes. Avec le nombre grandissant, c’est le consensus qui l’emporte. « Le concours ouvert a changé, estime Yves Dreier. Les concepts et les idées fortes sont pratiquement proscrits. Les maîtres d’ouvrage veulent les projets les plus simples possibles et la prise de risque n’est plus saluée.» La faute également aux expertises techniques croissantes qui briment la créativité. En passant en revue les cinq dernières années de concours romands pour préparer ce dossier, on est forcé de reconnaître que les projets innovants sont rares.

Pour Patrick Heiz, associé du bureau Made In, c’est le nombre de participants, mais aussi l’anonymat qui nuit à l’expérimentation architecturale. «Un projet est un processus, clame-t-il, il doit pouvoir être expliqué, de vive voix, afin d’établir une relation de confiance durable avec le maître d’ouvrage.» Pourtant, Made In s’est fait connaître par des projets hors du commun développés dans le cadre de procédures ouvertes. Heiz retourne l’argument: «Justement, cette prise de risque n’a jamais mené à un seul mandat ! Le seul concours que nous avons remporté, après dix ans de pratique, était une procédure sélective dans laquelle nous avons pu expliquer notre projet au jury.»12 L’anonymat favoriserait-il des projets sans personnalité? «Heiz n’a pas complètement tort, admet Raphaël Nussbaumer. Dans certaines procédures ouvertes, il y a une forme de banalité, de consensus, qui se met en place. On parle plus d’optimisation fonctionnelle que d’architecture. Or il ne faut pas confondre un projet de concours avec un avant-projet.» Souvent, déplore Nussbaumer, trop de documents techniques sont demandés aux concurrents. «C’est terrible qu’un tableau Excel finisse par déterminer le jugement d’un concours qui doit porter en priorité sur une idée.»

Et pourtant, les concours ouverts amènent encore des résultats exceptionnels. Le projet issu du concours ouvert pour le groupe scolaire des Vernets à Genève serait, selon Francesco Della Casa, «le projet le plus innovant qu’on a vu depuis une décennie.» Tout dépend du jury, estime-t-il.

Le renouvellement des jurys

La question du renouvellement ne se pose donc pas seulement dans la sélection des équipes, mais aussi dans celle des membres des jurys. Yves Dreier constate que les architectes qui «ouvrent leur gueule» n’y sont plus invités. Alain Wolff observe que les membres sont généralement assez âgés et pourraient être renouvelés. «Pourquoi ne pas rajeunir les jurys?», lance-t-il.

Récemment, La Tribune de Genève se faisait l’écho d’un certain ras-le-bol émanant de professionnels mis sur la touche et qui estiment que les concours seraient systématiquement jugés par les mêmes personnes, ce qui expliquerait une certaine uniformité des projets13. Effet de loupe? Concernant les concours ouverts organisés par la Ville, le constat est injuste. Il suffit de consulter les rapports publiés en ligne: les jurys accueillent régulièrement des Alémaniques ou des étrangers et les résultats sont très diversifiés. Et selon les statistiques tenues par l’architecte cantonal, 70 bureaux lauréats se partagent les 99 procédures de concours répertoriées dans le canton depuis 2011. Mais il faut tout de même prêter l’oreille à de telles critiques, que l’on entend également en Suisse alémanique au sujet des concours sélectifs, car elles révèlent un problème plus fondamental : dans le milieu, les arbitres de la qualité sont uniquement choisis parmi celles et ceux qui ont délivré la preuve qu’ils en maîtrisaient les codes, soit les architectes établis. Ce n’est pas le cas dans d’autres champs de production culturelle, dont on pourrait s’inspirer. Comment contourner un tel biais, tout en reconnaissant que l’exercice de jugement exige d’être qualifié? Une motion intitulée «Pour des jurys de concours d’architecture plus diversifiés» déposée en 2017 au Conseil municipal de la Ville de Genève propose de limiter à une fois tous les deux ans la participation des professionnels aux jurys. Ce n’est pas une mauvaise idée : elle exigerait, si la formation des jurys pose problème, d’aller les chercher dans toute la Suisse, et à l’étranger, en espérant que les autres cantons pratiquent le même régime. De manière générale, la qualité et le renouvellement ne peuvent qu’être renforcés par un brassage continu des jurys, dans toute la Suisse.

Pour Nicole Christe, c’est aussi la participation citoyenne qui remet en question le 142 anonyme. «La black box du concours ne fonctionne plus. Les gens imaginent un conclave de spécialistes et ne comprennent pas.» Même si l’expertise d’usage amène des pistes, pondère certains partis, les citoyens veulent désormais être impliqués. Aussi pour des projets qui intéressent directement la population d’un quartier, la cheffe de service préférera le format MEP avec dialogues intermédiaires.

Le concours du secteur Riponne/Tunnel à Lausanne a démontré que le jugement en public était possible. Francesco Della Casa abonde en ce sens: «La SIA présente le concours comme un processus bipartite, entre maîtres d’ouvrages et professionnels. Mais il y a un troisième terme à intégrer : l’intérêt public.» Aussi de nouveaux formats émergent hors des règlements SIA, comme la «Charrette»14, qui montrent que la participation citoyenne n’est pas nécessairement en contradiction avec l’architecture de haut rang.

Deux degrés légers ou la tentation de l’esquisse

La manière la plus simple et la plus radicale de favoriser le renouvellement et la qualité en même temps semble être le concours ouvert à deux degrés. La procédure est généralement utilisée par les cantons et réservée à des projets importants, comme le spectaculaire concours pour le Campus Santé, en 2016, qui avait enregistré 70 entrées au premier degré. Lors du second, huit projets avaient été retenus, tous d’une inventivité hors du commun. Les concurrents ont été correctement indemnisés et primés, mais ce n’est pas toujours le cas. Si ce type de procédure est plus coûteux pour les maîtres d’ouvrage, il est également très exigeant pour les équipes. «Plusieurs confrères bien établis ne viennent pas, estime Nussbaumer, car ces concours exigent énormément de temps.»

Pour des projets moins importants, une solution souvent avancée est un premier degré léger. «Une bonne idée, selon Alain Wolff, mais à réserver à des projets qui soulèvent des enjeux urbains. Dans le cas d’une école ou d’un EMS, cela ne ferait que rallonger inutilement les procédures.» Pour Olivier Galletti, ce n’est pas une question d’échelle ou de programme, mais de dimension du projet à mettre en œuvre: «Les projets pas trop grands, de cinq à dix millions, permettent à de jeunes bureaux de prendre en charge l’entier de la commande sans sous-traiter l’exécution. Il faudrait réfléchir à un mode de préqualification qui permette de mettre en avant des intentions, des idées, pas seulement des références, ou un rendu léger, et un second degré retenant une ou deux familles de projets. Cela permettrait de limiter l’effort du jury et des concurrents.» La solution d’une sélection sur esquisse est défendue – et on rappelle volontiers que Office KGVDS avait été retenu par ce biais lors du concours pour le campus RTS15. Mais elle n’a pas les faveurs de la SIA. La commission 142 estime en effet que le travail exigé s’assimile de facto à un premier degré (non rétribué): certains concurrents rendent des projets complets déjà à cette étape, à échelle réduite. Dès lors, s’orienter vers cette option concurrencerait directement le concours ouvert.

Parrainage ou «Nachwuchs»?

Quand une commune se tourne vers une procédure sélective, il y a encore un moyen de ménager quelques places pour les agences qui n’ont pas les références nécessaires. Tout se joue dans la manière de rédiger les critères de sélection: en donnant 50% des points à «l’identification des enjeux et la compréhension de la problématique», on peut compenser le manque de références et permettre à des jeunes d’être retenus. Or, la commission SIA 142 s’oppose à cette clause, à nouveau parce qu’elle l’assimile à une esquisse, soit un travail important qui n’est pas rétribué. Ensuite, dans la qualification des personnes clés, ce qui pèche c’est le critère «organisation du bureau», qui va toujours en faveur des grandes agences. Aussi certaines procédures sélectives en viennent à privilégier la solution du parrainage par une agence expérimentée. «Cela donne l’assurance au maître d’ouvrage de pouvoir réaliser selon un calendrier et des coûts maîtrisés, explique Pascal Tanari. On leur demande de s’unir par choix avant plutôt que faire un mariage forcé après le concours.» Francesco Della Casa est contre: «Il y a fort à parier que les parrains tireront leur part du gâteau. Ce serait mieux que le jeune lauréat puisse choisir un bureau après coup, quand il est en position de force.» C’est d’ailleurs ce que le règlement SIA 142 prévoit: un bureau sans références peut faire appel à un architecte expérimenté, d’entente avec le maître d’ouvrage.

Une solution moins «paternaliste», pratiquée par Zurich depuis quinze ans, consiste simplement à inclure une clause exigeant explicitement de retenir des architectes de moins de quarante ans. Elle est décrite, non pas dans le règlement 142, mais dans la Wegleitung (Ligne directrice) SIA 142i-601 Selektive Verfahren – dont il n’existe, pour l’heure, pas de traduction française16. Le critère exact est défini par le maître d’ouvrage, mais la pratique courante exige généralement d’avoir moins de 40 ans et d’avoir ouvert son agence moins de cinq ans avant la publication du concours. Quant au nombre d’équipes retenues, il est variable. Dans le concours pour les logements étudiants lancé par l’EPFZ en 2020, par exemple, trois bureaux sur douze appartenaient à la relève. Mais le choix des (nombreuses) postulations revient au jury et il faut se demander ce qui va les convaincre. Lors d’un débat Wettbewerbsquartett organisé par Hochparterre sur la préqualification17, on constatait que cette sélection reposait sur des critères assez vagues. « Le billet le plus sûr, écrit Marcel Bächtiger, est d’avoir déjà remporté un prix lors d’une procédure ouverte. » Parmi les jeunes agences que nous avons interrogées, certaines sont désormais invitées dans des concours sélectifs alémaniques, probablement grâce aux prix remportés dans les concours ouverts en Suisse romande. Les architectes alémaniques devront-ils se distinguer dans les concours romands pour participer à des concours sélectifs en Suisse alémanique ?

Un MEP en deux tours

«S’il faut soutenir la relève, il faut travailler sur la présélection et lever l’anonymat. Car le seul moyen de parler d’architecture, c’est d’avoir le jury en face et de le convaincre.» Si nous prenons sérieusement les propos de Patrick Heiz en compte, il faut se demander si une procédure non anonyme irait en faveur du renouvellement, de la qualité, ou du charisme de l’architecte. Car, «de l’avis de membres de jurys expérimentés, nous dit Raphaël Nussbaumer, on ne juge pas un projet de la même manière quand on sait qui en est l’auteur.»

Ces derniers temps, les Mandats d’études parallèles (MEP) sont très prisés par les communes, car la procédure inclut le dialogue. Pour le «Cœur de cité» de la ville de Meyrin (une nouvelle mairie, une place publique et un parc), la Municipalité a proposé de créer une procédure hybride, qui allie les qualités du 142 et du 143. «Il y a une culture du MEP dans notre commune, explique Hélène Vivenot, chargée de projet pour la Commune. C’est un format que nous apprécions car le dialogue répond à toutes les attentes. Or avec le MEP 143, on constate que ce sont souvent les mêmes qui sont retenus, sur la base de leur notoriété et de leurs références. Nous apprécions cette procédure mais souhaitions pouvoir choisir une équipe sur la base d’un projet et d’une idée. Alors nous avons proposé cette formule.». Le concours consiste en un premier degré ouvert, anonyme (33 entrées), le second avec quatre équipes retenues jugées lors de dialogues intermédiaires.

«Le fondement du règlement SIA 143 est détourné», estime Pascal Tanari. Le MEP a en effet été conçu pour répondre à des cas où un programme ne peut pas être établi précisément18, dans des études urbanistiques ou pour déterminer la bonne affectation d’un objet classé. Dans le cas de Meyrin, le programme était connu au m2 près – «le propriétaire du supermarché voisin avait même déjà posé ses conditions», remarque Raphaël Nussbaumer. En réalité, beaucoup de maîtres d’ouvrage utilisent le MEP afin de savoir qui seront les potentiels lauréats. Hélène Vivenot l’admet volontiers: «Le fait de pouvoir échanger avec les équipes constitue un plus pour les maîtres d’ouvrage, car il permet, lors des différents échanges, d’apprécier la compréhension des enjeux par les candidats ainsi que leur capacité d’écoute.» Quoi de plus naturel? La procédure n’a pas couronné une agence établie, ni des architectes du cru, mais une jeune équipe qui n’a encore rien réalisé en son nom, devant quelques pointures. Elle a donc servi la cause du renouvellement et répond à toutes les attentes : ouvert et anonyme d’abord, en dialogue ensuite. Son problème? Le coût, évidemment. Lors de l’analyse de la procédure, c’est surtout la rétribution des équipes qui a posé problème, car initialement, il n’y avait même pas de prix prévu au premier degré – l’organisateur estimant que le privilège d’être retenu pour le second (rétribué, cette fois) suffisait. Ce point a été corrigé, mais la procédure n’a pas obtenu le smiley vert de la commission qui établit la certification des procédures. Si Hélène Vivenot souligne qu’une telle procédure représente un investissement très important pour la commune, elle a également un coût pour les équipes. «Faire travailler les architectes sans les payer, ça peut devenir un sport dommageable, rappelle Pascal Tanari. Profiter de prestations non rémunérées de la part des jeunes architectes, parce qu’ils doivent se faire une place dans la profession, c’est donner un signal que je trouve particulièrement incorrect.» Question rétribution, nous laissons le lecteur juge : 50 000 CHF (sans compter les prix du premier tour) sont-ils suffisants pour rétribuer une équipe qui travaille pendant sept mois sur un avant-projet de cette ampleur? Peut-être. Mais nous ne révélons pas ici le nombre d’heures que les architectes estiment avoir investi dans ce concours. 

Le renouvellement en jeu

«Les procédures de concours existent depuis plus d’un siècle et elles se sont adaptées quand c’était nécessaire, observe Pascal Tanari. Elles permettent à elles seules de renouveler la profession. Si chacun émet ses propres règles, on va vers un problème bien plus grand que la diminution du nombre de concours ouverts.» Toutefois, certains maîtres d’ouvrage font l’effort de trouver des solutions innovantes et se heurtent à une certaine inflexibilité. À Lausanne, Nicole Christe aimerait pouvoir émettre une procédure comme celle de Meyrin: «On peut imaginer deux phases, une ouverte, une en dialogue, c’est une bonne idée. Mais la SIA devrait peut-être assouplir les règles.» Si des revendications nouvelles, comme le dialogue, le jugement public ou la participation émergent, c’est à la SIA de faire entrer ces prérogatives dans des règlements qui feront consensus.

Entre les intérêts des maîtres d’ouvrage, de la discipline ou de la société civile, l’équation est complexe et ne peut se résumer à un débat pour ou contre le concours ouvert. Mais quand on constate sa diminution progressive, c’est le mécanisme du renouvellement dans son entier qui doit faire l’objet d’une réflexion, et surtout l’engagement des maîtres d’ouvrage. Ceux-ci doivent absolument investir dans le renouvellement, que ce soit avec un 142 ouvert – qui reste la solution la plus vertueuse pour toutes les parties19 – ou sur sélection, mais à condition de ménager un quota important de jeunes équipes. Quant aux concours sur invitation, ils appartiennent au passé et devraient être proscrits.

Aux maîtres d’ouvrage qui ont des scrupules à engager une centaine d’équipes sur une question, rappelons que le concours n’est pas seulement un dispositif de répartition des mandats, loin de là. C’est un formidable outil de formation, le seul qui permette à de jeunes architectes de se familiariser avec un programme, de se tromper, d’apprendre et de progresser, puis de faire connaître leur approche. C’est aussi le support du débat, car le concours d’architecture est toujours et d’abord un concours d’idées20. C’est aussi une pratique, un sport, «une culture aussi bien centenaire que quotidienne», résume Olivia de Oliveira, co-­commissaire de l’exposition Le concours suisse (voir ci-contre). Il est constitutif de la discipline21, au point qu’il mérite une place centrale dans ce qu’il est convenu d’appeler désormais la «culture du bâti»22. Aussi la question du « renouvellement » concerne l’ensemble de ses acteurs et pas seulement les jeunes lauréats, que nous observons ici en tant que baromètre de cette vitalité. À leur tour, ils préparent le terrain à une autre génération qui aborde des problématiques sociales et environnementales avec un nouveau souffle et force l’establishment à reconsidérer sérieusement ses positions. Nous devons absolument préserver les dispositifs qui permettront à cette énergie critique de se manifester.

 

Les propos qui ont servi à rédiger cet article ont été recueillis par téléphone pendant le mois de novembre 2020 auprès de:

Nicole Christe, cheffe du Service d’architecture de la Ville
de Lausanne

Francesco Della Casa, architecte cantonal de Genève

Yves Dreier, Dreier+Frenzel

Olivier Galletti, Galetti&Matter et architecte cantonal du Valais 2007-2015

Patrick Heiz, Made In

Raphaël Nussbaumer, architecte, membre de la commission
SIA 142/143

Olivia de Oliveira, co-commissaire de l’exposition Le concours suisse. Une culture de l’architecture

Pascal Tanari, architecte, organisateur de concours et membre de la CCAO genevoise

Hélène Vivenot, cheffe de projets pour la Commune de Meyrin

Alain Wolff, architecte à Lausanne et président OVMP puis OMPr 2015-2018

En ligne sur espazium.ch

 

Nous avons posé trois questions aux lauréats de concours d’architecture 2015-2020 de moins de 40 ans:

1. Comment observez-vous la situation du concours en Suisse romande?

2. Les concours permettent-ils (encore) l’expérimentation, l’originalité, des propos forts, ou favorisent-ils au contraire des projets consensuels?

3. Faut-il faire évoluer les règlements et la pratique des concours?

Atelier isaa: un besoin de renouvellement

Nicolas de Courten architectes: La contrainte fertile

- Sujets et Objets d’Architecture: la face cachée de la compétitivité

- Comte/Meuwly: Le concours comme opportunité d'expérimentation

- Stoa: franchir le Wettbewerbgraben

- Atelier 703: Le concours en dialogue

- MAK: la relève qui s’établit

- APZ: retrouver le projet radical

Notes

 

1. Pour un aperçu de la discussion en cours, se référer à la prise de position de Fabian Hörmann (em2n), « Architekturwettbewerbe sind Wissensgeneratoren », espazium.ch/de, 06.01.2020 et les articles auxquels celui-ci répond. Pour un aperçu des discussions en Romandie, se référer à « Concours d’architecture et d’urbanisme – pratique en Suisse romande », espazium, supplément à TRACÉS 10/2017.

 

2. Ivo Bösch, «Die offensten Wettbewerbsauslober», hochparterre.ch, 12.12.2019.

 

3. Notamment avec la politique de mise au concours des ambassades suisses. Voir l’entretien mené par Judit Solt avec Hanspeter Winkler et Jodok Brunner, «Les concours sont le chemin le plus court vers la qualité», Ambassades suisses, hors-série espazium, novembre 2020. Dans l’article dédié à la Résidence suisse à Alger remportée sur concours par Lütjens Padmanabhan, Grégoire Farquet invite l’OFCL à se montrer «encore davantage exemplaire» en élargissant les sélections « à quelques bureaux de la génération suivante, sans référence comparable».

 

4. Audit des projets de constructions scolaires pour l’enseignement obligatoire, Cour des comptes du Canton de Vaud, 2015. Le rapport comparait des cas de nature complètement différente mais indiquait pourtant que «ce n’est pas la procédure du concours qui constitue en elle-même un facteur de surcoûts». La SIA Vaud a donné une réponse détaillée, disponible sur vd.sia.ch.

 

5. À Fribourg, un article de loi exigeant qu’un concours doit être organisé dès que le montant des travaux excède 5 mio est sur le point d’être remis en question. Pour répondre à l’argument du surcoût, Alexandre Clerc (SIA Fribourg) a comparé les coûts d’une centaine de projets entre 2000 et 2019, avec et sans concours et, en analysant un échantillon, abouti à la conclusion que la première option représente une économie moyenne de 7%.

 

6. Cette pratique a été préservée par ses successeurs, Olivier Galletti et Philippe Venetz. Voir l’entretien avec Philippe Venetz, «L’architecture publique valaisanne, exemple réussi?», Architecture Suisse AS 206/2019

 

7. Eric Rossiaut (CODHA) déclarait dans une table ronde que «le concours est peut-être quelque chose qui uniformise. Ce processus permet de trouver des réponses ‹pertinentes›, et de ce fait, n’amène jamais à des réponses ‹impertinentes›. Or c’est peut-être celles-ci dont on a besoin lorsqu’on veut ‹faire du quartier›.» «L’avis des maîtres d’ouvrage genevois», Interface, 28/2018, p. 14. La plupart des rapports de jurys de la CODHA peuvent être consultés sur codha.ch.

 

8. Raphaël Nussbaumer ne s’exprime pas dans cet article au nom de la commission 142/143.

 

9. Ce point du règlement ne s’applique pas aux concours privés (Art. 6.2 142). Ainsi, en 2017, la société coopérative «Laiterie de Gruyère» a réservé le concours pour la transformation de la Maison du Gruyère à Pringy (FR) aux concurrents établis sur le territoire du Gruyère AOP. Ce n’est pas une blague. Les architectes ont aussi le goût du terroir.

 

10. «La Commune de Plan-les-Ouates, au vu de la situation sanitaire et économique liée à la pandémie du COVID 2019, lit-on dans le programme, – et dans le but de favoriser le marché local – a décidé de limiter la participation à ce concours aux bureaux établis dans le canton de Genève.»

 

11. Propos tenus par Alain Corthay lors de la table ronde rapportée dans «L’avis des maîtres d’ouvrage genevois », Interface, 28/2018, p. 15.

 

12. Il s’agit de l’immeuble pour la Gleisarena. Lire Grégoire Farquet, «Gleisarena: rigueur et volupté», TRACÉS 5-6/2019

 

13. «Concours d’architecture : toujours les mêmes?», Tribune de Genève, mardi 24 novembre 2020

 

14. En 2018, pour planifier un nouveau quartier de Regensdorf, la fondation Turidomus (Pensimo) a testé une forme de procédure appelée «Charrette», employée depuis les années 1990 aux États-Unis, lors de laquelle cinq équipes sélectionnées sur dossier dialoguent entre elles lors de workshops participatifs. L’équipe menée par Peter Märkli a emporté la première phase. Voir zwhatt.ch et l’article de Grégoire Farquet sur espazium.ch.

 

15. En 2014, pour éviter l’option du concours sur invitation pratiqué par l’EPFL, Luca Ortelli proposait un mode sélectif original, qui devait porter ses fruits. Lors du tour de sélection, les équipes pouvaient présenter leur parti sur une planche. À l’époque, l’équipe lauréate (Office KGVDS), qui n’avait pas beaucoup construit, n’aurait certainement pas été retenue si une procédure sélective favorisant les références avait été privilégiée. Voir Cedric van der Poel, «Ode au journalisme», competitions.espazium.ch, 21.09.2015.

 

16. En voici une du passage qui nous intéresse: « Dans le cas de procédures sélectives, la relève devrait être soutenue de manière appropriée, par exemple en admettant des contributions provenant de concours et de projets non réalisés comme preuve d’expérience. Le type et le nombre de références requises ne doivent pas être déterminés de manière abusive en exigeant des candidats une expérience trop spécifique et non requise pour la tâche. […] Les critères de sélection doivent être définis de manière à ce que les petites et moyennes entreprises (PME) ne soient pas systématiquement discriminées.»

 

17. Marcel Bächtiger: «The happy few ihre Tipps und ihre Tricks», Hochparterre.ch, 03.11.2020

 

18. Article 1 «Raisons d’être des mandats d’étude parallèles» du règlement SIA 143: «Pendant la phase des études, la nécessité du dialogue entre le collège d’experts et les participants justifie la mise en concurrence par mandats d’étude parallèles lorsque: a) certains aspects ne peuvent être définis avant la phase des études, et que ces études permettent d’agir de manière active sur l’investigation de la problématique; b) certaines conditions cadre doivent encore être vérifiées. »

 

19. Dans un match opposant les avantages des procédures, le concours ouvert gagnerait 2-1 contre le sélectif, estime Monika Jauch-Stolz, qui préside la commission SIA 142/143, dans «Vorteile des Architekturwettbewerbs im offenen Verfahren», TEC21 3/4 2019.

 

20. Voir le premier point de «L’appel d’Einsiedeln» lancé en 2016, Werk Bauen+Wohnen 12/2016. 

 

21. Sur la relation entre éducation beaux-arts et concours d’architecture en Suisse romande, voir Pierre Frey, Concours d’architecture et d’urbanisme en Suisse romande, histoire et actualité, Payot, 1995. Les études sur l’histoire du concours sont étonnamment rares. À l’occasion de l’exposition Culture du bâti Fribourg 2018, Le concours, une valeur ajoutée organisée par la SIA Fribourg, Christoph Allenspach revenait sur 29 projets de concours en un siècle, comme la Banque cantonale, qui devait lancer la carrière publique de Mario Botta.

 

22. Le point 16 de la Déclaration de Davos (2018) considère que «des concours de conception interdisciplinaires et amplement débattus sont un exemple d’instrument clé promouvant une qualité élevée.» davosdeclaration2018.ch

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