"La di­stan­cia­tion so­cia­le re­spon­sa­bi­li­se l’ap­port de tous au tra­vail col­lec­tif"

Pour la direction du bureau CCHE, la crise liée au Covid-19 ouvre une nouvelle aire de travail collaboratif qui influencera indéniablement le quotidien privé et professionnel.

Data di pubblicazione
20-04-2020
Cedric van der Poel
Codirecteur d'espazium.ch, espace numérique des éditions pour la culture du bâti

Quelles mesures avez-vous mis en place au sein de votre bureau pour poursuivre votre activité?
De par ses collaborations avec des bureaux internationaux tels que Kengo Kuma en Asie, CCHE a été sensibilisé très tôt déjà, à mi-février, par l’évolution de la situation pandémique. A ce moment et à titre conservatoire, la Direction a anticipé les moyens informatiques pour un déploiement en télétravail à l’échelle de nos 230 collaborateurs. Début mars, l’application des mesures sanitaires de l’OFSP étaient appliquées dans nos tâches quotidiennes jusqu’au 16 mars, date à laquelle nous informions tous nos maîtres d’ouvrages et partenaires par voie de communiqué, de notre passage effectif en télétravail.
En moins de 2 jours, nos actions étaient opérationnelles à distance. Ce processus a été facilité par notre organisation interne via nos chefs de projets qui ont permis de superviser le déploiement par groupe d’équipes, le tout piloté par nos directions et leurs supports administratifs.
Depuis cette date, cette cellule supervise à distance tous les aspects organisationnels, structurels et d’information interne/externe au jour le jour. Ce pilotage a dû composer avec les directives cantonales parfois divergentes en matière d’ouverture de chantier.

Quelles sont les conséquences pour vos mandats et/ou études en cours?
Historiquement, CCHE a su cultiver une diversification dans ses activités à travers l’urbanisme, l’architecture, l’architecture d’intérieur, le design, la réalisation et plus de 10 métiers spécialisés. Cette palette lui permet de compenser des secteurs très directement touchés et de manière inégale par la crise.
De manière générale, nous constatons que les débuts et fins de projets sont très directement impactés. En effet, en amont, les autorités et services ne traitent plus ou peu les demandes de permis en allant même jusqu’à suspendre parfois les délais d’instruction. A l’autre extrémité, ce sont des chantiers soit fermés, soit avec des cadences fortement réduites qu’il faut gérer.
Dans les deux cas, des réorganisations de tâches sont nécessaires pour permettre aux équipes de continuer à travailler sur leur dossier de la manière la plus efficiente possible.

Les développements de projets ainsi que les études urbanistiques semblent pour l’instant être épargnés. Malgré quelques ralentissements techniques, ces études se poursuivent dans de bonnes conditions et grâce à la confiance de nos clients qui, à notre grande satisfaction, souhaitent faire avancer leur dossier pour être prêts lors du réveil de cette économie fragilisée.

Plusieurs activités courantes de la profession seront/ont été suspendues, notamment l'activité des gros chantiers. Sur quels aspects du métier concentrez-vous le travail de votre bureau et comment vous préparez-vous à l’après-crise?
Au-delà de l’aspect sécuritaire évident, nous avons aujourd’hui deux priorités: soutenir nos maîtres d’ouvrage dans cette situation de crise et planifier l’occupation des collaborateurs pour maintenir au maximum les emplois sur le long terme. Nous réunissons sous la même marque plusieurs métiers complémentaires, ce qui nous offre une certaine flexibilité pour réorganiser les mandats. Nous essayons donc d’identifier des phases qui peuvent être anticipées dans nos projets.

La vision à long terme et la pérennisation de notre bureau sont ancrées dans notre ADN. Elles nous motivent à nous intéresser au développement d’outils et de techniques nous permettant de continuer à exercer notre cœur de métier en l’inscrivant dans les attentes de demain. Nous profitons donc de cette période pour continuer à développer ces outils, notamment ceux liés à la digitalisation. Volontaire ou forcé, le travail à la maison s’est imposé obligatoirement comme reflex de survie et même vis-à-vis des plus incrédules et réfractaires. A nos yeux, cela a concrètement ouvert une nouvelle aire de travail collaboratif qui influencera indéniablement notre quotidien privé et professionnel.

Actifs depuis plusieurs mois sur des projets liés aux thématiques du «New Work», ces derniers sont concrètement d’actualité. En particulier la transition digitale, qui nous a permis la mise en place d’affaires 100% «paperless», l’intégration de formations et de collaboration en visioconférence à l’échelle de nos 5 adresses et jusqu’à l’internationale sur plusieurs mandats.

Nos cellules dédiées à la Recherche et Développement poursuivent également leur travail sur de nouveaux outils, liés par exemple au monde du BIM, à la gestion paramétrique, à l’étude sur les algorithmes, à la réalité virtuelle et augmentée et toutes autres thématiques liées aux nouveaux processus de développement des projets.

Cette crise va probablement permettre à l’ensemble des acteurs liés à notre profession de se rendre compte que nos métiers sont en train de muter considérablement, et ceci bien avant la crise liée au COVID-19. Nous évoluons dans un univers de plus en plus exigeant où les réponses et aides à la décision doivent être paramétriques et instantanées. Les nouvelles technologies sont aujourd’hui plus que jamais nécessaires afin d’assurer le rythme et la pertinence des réponses attendues par nos maîtres d’ouvrage.

Quel est l’impact humain d’une telle situation dans une entreprise de 230 collaborateurs
Dès le début de la crise, toute la Direction s’est regroupée pour communiquer de manière coordonnée et très transparente sur la situation au jour le jour. L’ensemble des mesures et décisions ont été jusqu’ici bien reçues et appliquées par les collaborateurs, qui ont fait preuve d’une grande flexibilité, d’une belle cohésion de groupe et de solidarité.

Malgré le contexte difficile et l’éloignement physique, nous relevons avec grande satisfaction, que des initiatives individuelles facilitant le travail en dehors de nos murs s’instaurent naturellement entre équipes. Cette distanciation sociale responsabilise l’apport de tous au travail collectif et demande une implication propre à chacun.

Le bureau d’architecture CCHE gère depuis plus d'un siècle, de la conception à la réalisation, des projets d’urbanisme, d’architecture et d’aménagement intérieur. Les 5 bureaux de Lausanne, Genève, Nyon, la vallée de Joux et Porto regroupent une dizaine de métiers, 220 collaborateurs et 13 associés. CCHE collabore à la réalisation de projets internationaux avec des bureaux d’architecture de renom, tels que BIG (Bjarke Ingels Group) et Kengo Kuma. — http://cche.ch/

 

 

 

 

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