APZ: re­trou­ver le pro­jet ra­di­cal

Dossier Concours

Le concours d’architecture est toujours un concours d’idée: pour la jeune agence zurichoise APZ, les concurrents devraient pouvoir remettre en question les cahiers des charges. La radicalité est affaire de volonté.

Publikationsdatum
10-02-2021

Quelle est la situation du concours en Suisse romande?
L’élément déterminant n’est pas le type de procédure mais la nature et la qualité du jury. Par qualité, nous entendons avant tout l’objectivité des membres du jury, leur capacité à accompagner le choix du maître d’ouvrage et leur neutralité au regard de la scène architecturale locale. Un bon jury permet d’éviter des résultats consensuels au profit d’une position plus radicale.

Lorsque nous démarrons un concours, nous nous interrogeons d’abord sur notre contribution en tant qu’architecte. Il s’agit de réfléchir de manière ouverte et abstraite sur la problématique. Lors de cette phase, nos choix peuvent remettre en question les décisions prises par le maître d’ouvrage lors de la formulation du programme.

Il est difficile de faire un bilan global de la situation, chaque concours étant différent. Certains nous surprennent positivement et d’autres laissent un goût amer, cela fait partie du jeu. Mais pour les jeunes agences, la qualité du jury joue un rôle déterminant car ces bureaux ont tendance à remettre en question certaines conventions et à proposer des solutions plus expérimentales.

Le concours favorise-t-il l’expérimentation?
Aujourd’hui, les normes et législations à prendre en compte sont de plus en plus contraignantes, et les programmes de concours sont minutieusement planifiés. Ces exigences se répercutent dans la volumétrie et les choix typologiques. Mais cela n’explique pas tout. En comparant les résultats du concours pour le Musée d’art des Grisons à Coire, entre la proposition de Luigi Snozzi (1983) et plus récemment celle de Barrozzi Veiga (2012), on constate que la radicalité des projets n’est pas uniquement liée au programme mais aussi et surtout à la volonté des architectes.

Le concours ouvert est radical dans sa forme. Le nombre de participants peut facilement dépasser la centaine. La masse des rendus nous oblige à notre tour à être radicaux dans nos intentions. Mais cela peut aussi avoir l’effet inverse, pour un jeune bureau qui cherche à s’établir, une proposition expérimentale contient le risque d’être éliminée rapidement.

Le concours ouvert est une agora, dans laquelle on échange par projets interposés. Chaque architecte a le droit d’y participer, l’attention portée à sa proposition ne dépendant pas de sa renommée mais de la qualité de sa contribution. Par sa dimension inclusive laissant place à l’expérimentation, le concours ouvert est fondamental pour la culture du bâti.

Faut-il faire évoluer les concours?
C’est la diversité des procédures qu’il faut à tout prix protéger. Le problème ne réside pas dans la multiplication des concours sur présélection, mais dans la disparition du concours ouvert. On est entré dans un cercle vicieux : moins il y a de concours ouverts, plus leur organisation est problématique pour les maîtres d’ouvrage qui continuent à en proposer.

Le «concours d‘idée», une procédure plus ouverte à l’expérimentation, n’est proposé que très rarement. La majorité des concours font intervenir l’architecte lorsque la réflexion est déjà bien engagée et que de nombreuses décisions ont été prises. Une partie du programme devrait être ouverte aux propositions dans les concours ouverts, car l’espace et l’usage sont forcément liés. Si tout est décidé, c’est la solution la plus pragmatique qui l’emporte.

En Suisse alémanique, dans les concours sur présélection, il existe une catégorie dédiée aux jeunes équipes, la Nachwuchs, qu’on peut traduire par relève. Dans cette catégorie les critères de présélection sont légèrement adaptés, pour autant que l’équipe remplisse la condition de l’âge, en général moins de 35-40 ans. En Suisse romande, cette catégorie n’existe pratiquement pas. On demande aux jeunes équipes de s’associer avec un bureau établi, ce qui fait office de garantie. La jeune agence doit alors activer son réseau pour se mettre à la recherche d’un parrainage. C’est contreproductif, surtout lors de la phase de concours où les jeunes architectes souhaitent faire leurs preuves.

Atelier Prati Zwartbol, agence fondée en 2016 par Lea Prati (*1987) et Tieme Zwartbol (*1986) à Zurich. 23 concours effectués, dont:

 

Réalisation d’un nouvel établissement psycho-social à Yverdon-les-Bains, concours à 1 degré en procédure ouverte (sia 142), 2016, 1er rang/prix

 

Construction d’un établissement medico-social sur le site de Siviriez, concours à 1 degré en procédure ouverte (sia 142), 2018, 1er rang/prix

 

Musée d’histoire naturelle de Fribourg, concours à 1 degré en procédure ouverte (sia 142), 2019, 2ème rang/2e prix

 

Logements, et mise en valeur des espaces publics à Confignon, concours à un degré en procédure sélective (sia 142), 2019, 5ème rang/ 2ème prix

Pour accompagner le dossier thématique sur les concours de l'édition de janvier 2021 de TRACÉS, nous avons posé trois questions aux lauréats de concours d’architecture 2015-2020 de moins de 40 ans. Nous leur avons également demandé de choisir un concours déterminant dans leur jeune carrière ainsi qu'une référence.

 

Atelier isaa: un besoin de renouvellement

 

Nicolas de Courten architectes: La contrainte fertile

 

Sujets et Objets d’Architecture: la face cachée de la compétitivité

 

Comte/Meuwly: Le concours comme opportunité d'expérimentation

 

- Stoa: franchir le Wettbewerbgraben

 

- Atelier 703: Le concours en dialogue

 

MAK: la relève qui s’établit

 

APZ: retrouver le projet radical

 

- A&F architectes: l'expérimentation fine

 

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