«Que veux-tu, bri­que?»

Éditorial du 19/2018

Publikationsdatum
27-09-2018
Revision
28-09-2018

Voilà la question que Louis Kahn suggérait à ses étudiants de poser au matériau avant de le mettre en œuvre. Comme lui, nous interrogeons la brique (d’où vient-elle, où va-t-elle?) dans ce nouveau numéro consacré aux filières suisses des matériaux de construction, pour éclairer le circuit de production, l’état du marché et ses perspectives d’évolution. 

L’industrie de la terre cuite s’est récemment mise en ordre de bataille pour vanter les mérites de ses produits, les briques et les tuiles. Comme la filière bois, qui a su profiter de l’engouement pour le local et le «naturel» afin de promouvoir l’image écologique du matériau et se positionner dans tous les domaines de la construction, la filière terre cuite a dû se construire un récit. Son histoire industrielle, longue de plus d’un siècle, y figure en bonne place : ancrée localement, maîtrisée par des entreprises familiales dirigées par des hommes de passion, à la fois traditionnelle et technologique, elle s’affiche aussi respectueuse de l’environnement. Du côté des matériaux, les qualités constructives et esthétiques sont mises en avant: durables, saines, naturelles, isolantes... 

«Où te caches-tu, brique?» aurait pu être une autre question posée dans ce dossier: alors que près de 700 000 tonnes de briques ont été vendues en Suisse en 2017, leur impact dans le paysage helvétique est quasi nul. Dissimulée sous le crépi des maisons unifamiliales et des petits immeubles collectifs, apparente seulement en façade d’anciens bâtiments industriels et agricoles, la brique est bien là, mais elle ne s’affiche pas. Difficile donc de parler de culture constructive suisse de la brique, d’autant que peu d’objets emblématiques viennent à l’esprit. 

Ailleurs en Europe et dans le monde, la brique est célébrée. Des exemples contemporains montrent l’inventivité avec laquelle les architectes s’en sont saisis. La diversité des produits disponibles sur le marché ouvre des possibles infinis qui renouvellent à la fois les modes constructifs et l’esthétique des bâtiments. Pour l’industrie suisse, essentiellement positionnée sur le marché de la maison individuelle, donner le goût de la brique, la rendre visible, pourrait constituer un enjeu important. Et ouvrir de nouvelles perspectives, dans lesquelles les architectes sont, à n’en pas douter, prêts à s’engager. 

 

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