Croî­tre avec co­hé­ren­ce

40 ans après avoir conçu le bâtiment de l’école de Camorino, son architecte Pietro Boschetti a eu la possibilité d’y ajouter une sur­élévation en bois. Il a su subtilement fusionner le nouveau et l’ancien.

Data di pubblicazione
08-11-2018
Revision
16-11-2018

«Ce bâtiment est comme un arbre qui pousse en hauteur et qui avec le temps devient plus robuste.» C’est en citant la métaphore d’une maîtresse de l’école élémentaire de Camorino que Pietro Boschetti, l’architecte responsable des deux phases de sa construction, tire le bilan d’un projet qui lui a apporté beaucoup de satisfaction. En 1970, avec son frère Alfonso, il réalisa l’école et son gymnase à la périphérie de la commune. Le complexe se composait alors – comme aujourd’hui – d’une subtile combinaison de pleins et de vides : le volume de l’école, légèrement détaché par rapport au gymnase – l’un des premiers exemples de salle de gymnastique partiellement enterrée et éclairée par le haut – et le vide de la rampe d’accès au refuge de
la Protection Civile. Aux alentours, les ­bâtiments étaient bas et éparpillés ; vers le sud, la vue sur les champs cultivés était libre de tout obstacle.

Les solutions du projet

Aujourd’hui, Camorino fait partie de ­l’agglomération de Bellinzone et la pression démographique a rendu nécessaire l’agrandissement de l’école. C’est ainsi que Boschetti s’est retrouvé à devoir ré­étudier son propre projet quarante ans plus tard.

Quand les bases d’un projet sont solides, les solutions découlent du bâtiment lui-même. Le module de 4 × 4 m, la réalisation intégralement en béton et le toit plat ont orienté les caractéristiques du projet d’extension. La surélévation de l’intégralité de la surface avec une structure légère, préfabriquée en bois et en acier, a permis de se poser sur la structure existante, dont la dalle n’a été que ponctuellement renforcée avec des lames de carbone. Il a ainsi été possible de répondre au programme ambitieux de la maîtrise d’ouvrage – dont une certifi­cation Minergie – tout en préservant la beauté du parc, remis en valeur par une reconception soignée des abords.

La simplicité du système

Les élèves peuvent ranger leurs trottinettes et vélos à l’abri de marquises en verre et acier et, après avoir traversé le parvis, rejoindre l’entrée. Celle-ci est protégée par un élégant portique dont la couverture semble comme suspendue.

Bien qu’ayant été presque entièrement rénové, le rez-de-chaussée a gardé ses particularités spatiales. Deux escaliers et un ascenseur ont été insérés dans les cages existantes et permettent l’accès au premier étage où sont localisés les nouveaux espaces didactiques et administratifs.

«Quand les bases d’un projet sont solides, les solutions découlent du bâtiment lui-même.»

La coupole pyramidale – de même dimension que l’originale mais placée un niveau plus haut – illumine l’atrium des salles de classes et le rez-de-chaussée. L’espace du premier étage est rythmé par des colonnes en acier qui reprennent avec précision la trame structurelle sous-jacente. Sur ce grand espace s’ouvrent les portes des différentes salles de classe, de la bibliothèque et des locaux administratifs. A l’intérieur des pièces, l’atmosphère est différente : la lumière des fenêtres en bandeau qui courent le long de la façade se reflète dans le bois des cloisons, éclairant l’espace d’une lumière chaude et douce. Les caractéristiques technico­-­construc­tives de ces nouveaux locaux sont également différentes : ce sont les salles de classe qui révèlent les principales spécificités du projet. La trame structurelle devient ici 4 × 8 m, reprenant toujours celle du niveau inférieur. Sous le sol fini se trouvent les canaux de ventilation et la distribution des installations. La solution est issue du dessin de la sous-face de l’avant-toit existant qui a permis de réaliser un interstice important d’une hauteur de 28.5 cm pour le plancher technique. Sous les longues fenêtres en ­bandeau, les éléments de menuiserie contiennent des casiers qui s’alignent avec précision sur le côté intérieur des ­poteaux périphériques en bois qui supportent la couverture. C’est cependant le toit qui recèle les performances les plus remarquables de la structure en bois. Constitués d’éléments XLAM de 30 cm, ces composants s’appuient sur les parois préfabriquées en bois ou sur les poutres entre les poteaux périphériques. L’efficacité et la simplicité du système structurel permettent de ­reprendre facilement les charges du toit.

Les eaux pluviales de la couverture sont désormais collectées le long du périmètre extérieur du bâtiment et évacuées aux quatre coins de la structure. Les descentes sont intégrées dans des éléments en béton qui redessinent les angles du ­volume. Alliées aux façades en ciment rouge, elles confèrent au bâtiment les traits caractéristiques de son nouveau ­visage.

Vue de l’extérieur, l’extension apparaît comme une intervention équilibrée dans les proportions des volumes et définie par les couleurs et matériaux de la ­surélévation, mais donne surtout l’impression d’avoir toujours été ainsi.

 

Informations 

Participants au projet 
Maître d’ouvrage: Commune de Camorino
Architecture: Pietro Boschetti, Studio d’architettura, Lugano
Statique: Sciarini Studio d’ingegneria, Vira Gambarogno
Statique et éléments préfabriqués en bois: Veragouth, Xilema, Bedano
CVCS: Rigozzi Engineering, Camorino

Bâtiment
Volume du bâtiment (SIA 416): 13 338 m3
Volume surélévation (SIA 416): 3915 m3
Surface du plancher: 3749 m2
Surface surélévation: 1027 m2
Label: Minergie

Bois et construction
Façade: ventilée, panneaux en fibres-ciment
Structure préfabriquée: lamellé-collé, sapin (Autriche)

Dates
Planning et réalisation: 2014–2016

Coûts
Coût des travaux: 10.5 Mio CHF

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