Une gril­le de bo­is au ser­vice de l’ent­raî­ne­ment con­nec­té

La réalisation d’un pavillon dédié à l’entraînement connecté aurait pu laisser imaginer une architecture sur-numérique. Pourtant, le lauréat du concours étudiant a privilégié une approche low-tech et rationnelle en bois.

Publikationsdatum
03-11-2022

Le campus universitaire de Lausanne est une véritable ville: plus de 30 000 personnes s’y rendent tous les jours pour y travailler ou y étudier. Situés à quelques -encablures du Léman, les espaces sportifs enchâssent les bâtiments dans des espaces ouverts et arborés. C’est dans ce cadre bucolique, en relation avec deux salles omnisports et au-dessus de vestiaires préexistants, que devait se construire un nouvel élément de ce puzzle dédié à l’exercice – physique et à la santé.

Le projet du Pavillon Smart Training naît à l’origine du besoin de diversifier l’offre sportive pour proposer des entraînements individuels. Pour la capitale olympique, c’est l’occasion de mettre à disposition un suivi personnalisé aux athlètes, qu’iels soient d’élite ou débutant·es, par le biais du programme «Health for Performance». L’objectif? Combiner les méthodes traditionnelles à des technologies de pointe.

Concours ouvert aux étudiant·es

Le programme du bâtiment – une grande halle flexible capable d’accueillir une salle de musculation connectée, un espace d’entraînement virtuel et un autre de consultation médicale – offrait une opportunité intéressante pour la section d’architecture voisine. En 2018, le professeur Emmanuel Rey, du Laboratoire d’architecture et technologies durables (LAST), a accepté d’organiser et encadrer un concours ouvert aux étudiant·es de l’EPFL. Le projet lauréat devait se conformer aux engagements de l’université en matière de transition écologique et de respect de l’environnement.

Ce processus est suffisamment rare pour que l’on s’y attarde, mais il n’est pas une exception: une première expérience concluante avait déjà vu le jour en 2015, lorsque le LAST avait encadré le concours du Point Vélo de l’EPFL, avec des objectifs analogues en matière de durabilité et réalisé en bois massif. Cette fois-ci, le concours du Pavillon Smart Training – abordé par les étudiant·es comme une opportunité d’expérimentation – a fait apparaître des propositions très diverses concernant les matérialités choisies : structure métallique, pisé, béton. C’est finalement une solution avec une structure porteuse constituée de poteaux cruciformes en bois supportant une grille de poutres faite du même matériau qui a été privilégiée. L’enveloppe consiste en une façade vitrée, doublée de claustras fixes en lames de bois. Dès le stade du concours, leur particularité était de varier en profondeur, espacement et angle des lames en fonction de l’orientation des -façades ; ceci afin de parvenir à la solution la plus adéquate en matière d’éclairage -naturel, de protection solaire et de relation -visuelle avec l’extérieur.

Une trame de 1,5 m × 1,5 m

Le développement du projet s’est fait sur la base du résultat du concours, les lauréats Martin Handley, Yann Junod et Nicola Schürch ayant pris part en tant qu’architectes à sa réalisation, ensemble avec le LAST.

La structure, confère au plan une abstraction radicale: une trame carrée de 1,5m × 1,5m, constituée de poteaux en lamibois et supportant une grille de poutres en lames de bois lamellé-collé. Les premiers sont en hêtre, les secondes en sapin blanc. La simplicité apparente de la structure primaire s’affine ensuite en façade, par le travail des claustras en sapin blanc réhaussé d’un glacis de pré-grisaillement naturel. Au sud, les lames ont été posées à l’horizontale pour faire office de brise soleil. Au nord, leur alignement vertical permet d’entretenir un filtre entre utilisateur·rices des équipements sportifs et le flux des étudiant·es. La majorité des éléments a été préfabriquée en atelier, avant d’être amenée sur site.

L’expression tectonique au service de la simplicité

Il est intéressant de s’attarder sur le -détail de jonction entre les poteaux cruciformes et la grille de la toiture. Les panneaux horizontaux en bois ont été doublés sur l’axe des porteurs verticaux, pour que ceux-ci s’emboîtent dans le plafond. Les -luminaires carrés, de dimension inférieure à celle de la trame, sont affleurés à la surface de la grille. Les espaces de consultation, imaginés comme amovibles, se détachent de la structure et du plafond, assurant la fluidité de l’espace, modulé par les – machines connectées et les espaces d’entraînement virtuel.

La création d’un pavillon dédié au smart training aurait pu laisser imaginer une architecture ultra-connectée : pourtant, c’est justement en étant low-tech, humble et précis que le projet s’impose.

 

Participants au projet

 

Maître d’ouvrage: Direction générale de l’enseignement supérieur (DGES), Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP), Université de Lausanne (UNIL)

 

Architecture: Martin Handley, Yann Junod, Nicola Schürch (architectes EPFL), Lausanne

 

Encadrement: LAST EPFL, Lausanne

 

Ingénierie civile: Kälin & Associés, Lausanne

 

 

Construction en bois 

JPF-Ducret, Bulle

 

Bâtiment

Surface de plancher/volume: 596 m2/3390 m3

Surface nette de plancher: 571 m2

Label/certification : Minergie ; certificat d’origine bois suisse ; équivalence au cahier des charges Minergie-P-Eco, hors ventilation mécanique

 

Bois et Construction

Bois: grille de poutres BLC en épicéa COBS (Suisse), poteaux lamibois en hêtre «BauBuche» (Allemagne)

Surface de façade en bois: 660 m2

Panneau trois plis: 1500 m2 toiture et paroi

 

Dates et coûts

 

Construction: juillet 2020-avril 2021

Fabrication/montage modules : 10 semaines

Coûts (CFC 1-9): 2 Mio CHF

Coûts du bois: 917 000 CHF

Cet article est paru dans le numéro spécial "La ville en bois - Édifices en bois pour la formation". Vous trouverez d'autres articles sur le thème du bois dans notre dossier numérique.

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