Le con­cours su­is­se en dé­bat: les ar­chi­tec­tes à l’écou­te

Publikationsdatum
21-05-2022

L’exposition itinérante Le Concours Suisse, montrée en avril dernier à Lausanne, présentait les enjeux de cet outil, son processus et ses conditions. Des tables rondes ont accompagné l’événement, permettant d’ouvrir la discussion avec les autres acteurs impliqués dans cette pratique.

Le concours fait constamment l’objet de controverses au sein de la profession. Cette fois, toutes ses parties prenantes, à l’exception des architectes, étaient invitées à quatre reprises sur le podium: entrepreneurs, maîtres d’ouvrage, ingénieurs, urbanistes et architectes du paysage, et étudiant·es.

Si la première soirée a permis à quelques maîtres d’ouvrage publics de discuter des avantages du système, la seconde nous a bien fait comprendre les positions de représentants de grands investisseurs (CFF, Retraites Populaires) et d’une entreprise générale (Losinger Marazzi). Pour ceux-ci, la qualité d’un projet concerne d’abord la sécurité de l’investissement : contraintes techniques, respect des délais, phases du chantier, puis sa capacité à prendre en compte les intérêts financiers, sociaux, écologiques. Des exigences inouïes, donc, mais aucune mention d’architecture ou de qualité urbaine. Représentant des mandataires dans le débat, Patrick Aeby a rappelé utilement qu’en livrant un concours, «on construit pour des temps longs, qui vont bien au-delà de la satisfaction immédiate lors de la livraison.»

La seconde table ronde portait sur la place des urbanistes et des architectes-paysagistes dans les procédures de concours d’architecture et réunissait des professionnel·les ayant expérimenté le concours en tant que membre de jury, maître d’ouvrage ou praticien·ne. Si les avantages de cette procédure ont été reconnus, les écueils aboutissant à un rapport de force déséquilibré au détriment des défis que notre société doit aujourd’hui relever ont été abondamment discutés. Faudrait-il un concours de paysage préalable au concours d’architecture pour un même site de projet? Le paysage peut-il être reconnu non pas comme proposition contrainte d’aménagement d’espaces extérieurs, mais pour sa capacité à amener la transition de nos territoires? Comment les cahiers des charges peuvent-ils évoluer vers la reconnaissance de l’architecte-paysagiste non pas comme prête-nom et simple décorateur-rice de plan masse, mais comme acteur-rice compétent·e au sein d’une équipe pluridisciplinaire? Si certains concours (en 142 ou 143) ont livré des réponses, ces questions méritent d’être clarifiées lors de la rédaction des cahiers des charges.

Lors d’une troisième soirée, trois associations d’étudiant·es de l’EPFL (la revue L’Atelier, TNT et Draglab) menaient le bal. Un certain nombre d’étudiant·es se sont montré·es critiques vis-à-vis du 142. Heures de travail non rémunérées, dévalorisation du travail des architectes, uniformisation des propositions pour les concours publics par un programme restrictif ont été pointés du doigt. Plusieurs analogies avec la compétition sportive ont été faites: «On y reconnaît le besoin de règlements et de procédures claires et nondérogatoires afin de rendre les performances comparables et «fair-play»», observent-ils et elles. Face à ces constats, même s’ils et elles ressentent une certaine «inertie» au sein de la SIA, ils et elles reconnaissent comme essentiel son rôle dans la protection des conditions de travail et espèrent même approfondir la discussion lors d’une future rencontre.

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