In­ches Ge­le­ta Ar­chi­tet­ti: «Ac­cor­der plus de pla­ce à une re­cher­che pa­tien­te»

Pour notre série concoures et jeunes architecture, Matteo Inches et Nastasja Inches-Geleta, à la tête du bureau d’architecture Inches Geleta Architetti prônent pour que les exigences de l’entité adjudicatrice soient mieux proportionnées à la phase d’approfondissement conceptuelle du concours lui-même.

Data di pubblicazione
08-07-2021

Comment décririez-vous la situation des concours d’architecture en Suisse italienne?
Matteo Inches et Nastasja Inches-Geleta – Comme tout à fait positive. L’importance des concours est bien ancrée dans la conscience des professionnels, et les services publics sont de plus en plus sensibilisés à cet outil. Il convient également de souligner les efforts entrepris par la Conférence des associations techniques du canton du Tessin et par la Commission tessinoise des concours dans l’élaboration du «programme de base», destiné à améliorer la qualité de la procédure.

Pensez-vous que les concours accordent suffisamment de place aux jeunes architectes?
Tout d’abord, il est bon de souligner que les jeunes architectes tessinois, et plus généralement suisses, ont toujours pu participer à des concours en procédure ouverte intéressants. Au cours des dernières années, nous avons également constaté une hausse des concours ou des mandats d’étude parallèles en procédure sélective qui admettent de jeunes professionnels âgés généralement de moins de 40 ans. Évidemment, la répartition entre candidats au-delà et en deçà de cette limite d’âge n’est pas égalitaire, mais elle laisse au moins augurer une incitation claire en faveur de la catégorie «jeunes architectes». Nous avons eu pour notre part le privilège d’être sélectionnés dans le cadre de ces procédures et cela a donné un élan positif à notre bureau. Ces expériences ont enrichi notre bagage de connaissances techniques et spécifiques dans ce domaine, nous avons pu échanger avec les maîtres d’ouvrages publics et leur exposer nos conceptions en matière d’architecture.

Quand on se demande si la place réservée à la catégorie «jeunes architectes» est suffisante – et à notre avis, elle l’est –, il faut se demander également si n’importe quel jeune professionnel serait prêt à travailler avec les pouvoirs publics. Répondre à un avis de concours implique aussi que l’architecte s’interroge: son savoir-faire personnel est-il à la mesure des compétences exigées pour le mandat? Bâtir pour la collectivité publique notamment est une question de responsabilité et de conscience. Il ne s’agit pas d’un simple billet pour l’obtention de récompenses individuelles, mais plutôt d’un service rendu à notre territoire.

Comment choisissez-vous les concours auxquels vous décidez de participer? Avez-vous déjà pris part à des concours en dehors du Tessin ou de la Suisse?
Durant les premières années de notre activité, nous étions fréquemment attirés par des concours de tout type, par la possibilité de nous «mettre au défi», conscients de pouvoir contribuer, par nos propositions, à des réponses constructives aux objectifs formulés dans les avis. Avec le temps, et notamment au cours des deux dernières années, nous sommes devenus beaucoup plus sélectifs; nous avons participé aux concours où nous étions à même de mieux gérer les ressources de notre bureau, nous basant davantage sur la charge de travail du moment que sur le thème proposé, qui de toute manière, est rarement rébarbatif. Notre objectif désormais serait de sortir du giron local et d’aller relever des défis de l’autre côté du Gothard, mais nous n’avons pour l’instant entrepris aucune démarche concrète en ce sens. Nous sommes du reste d’avis qu’il s’agit d’une évolution progressive et qu’il est plus sensé et cohérent, en tant que jeunes architectes, de nous mesurer aujourd’hui à notre environnement bâti, d’autant plus que nous connaissons son histoire et son développement.

Pensez-vous que le concours stimule l’expérimentation?
Pour nous, le concours est un instrument d’expérimentation par antonomase, notamment en matière d’expression et de matériaux. Toutefois, nous veillons à rester réalistes face aux exigences et aux attentes formulées dans les avis de concours. L’expérimentation n’est pas une fin en soi. Lors d’un concours, nous nous efforçons de trouver des solutions architecturales spécifiques adaptées au maître d’ouvrage et, plus particulièrement, au site concerné. Cela nous permet d’explorer également en dehors de notre rayon d’action habituel. Le cas du restaurant scolaire de Viganello est en ce sens emblématique: nous n’avions jamais auparavant travaillé ni proposé de travailler avec une structure porteuse en métal.

Faut-il, à votre avis, transformer ou modifier les procédures de concours? Et si oui, comment?
Comme nous l’avons dit, des groupes de travail et des commissions veillent aux procédures, dont la qualité du reste s’améliore. Cependant, étant donné la charge de travail qu’assument les professionnels lorsqu’ils participent à un concours, on peut se demander si les exigences de l’entité adjudicatrice (calculs des superficies, détails, etc.) sont toujours bien proportionnées à la phase d’approfondissement conceptuelle du concours lui-même et si les calendriers des procédures ne devraient pas davantage tenir compte des délais réels du projet pour une vraie «recherche patiente», synonyme de qualité architecturale.

Fondé en 2017 par Matteo Inches (1984) et Nastasja Inches-Geleta (1984), le bureau Inches Geleta Architetti est établi à Locarno.

Il a actuellement douze concours à son actif et s’est distingué dans cinq d’entre eux:

 

Concours de projets en procédure ouverte – Nouveau restaurant scolaire, Viganello, 2017, 1er rang

 

Concours de projets sur invitation – Extension de l’école, Melano, 2018, 1er rang

 

Mandat d’étude parallèle – Requalification de l’ancien secteur gazier de Macello, Locarno, 2018, projet sélectionné, en équipe pluridisciplinaire

 

Concours de projets sur préqualification – Extension de la résidence pour seniors Balerna, 2019, 1er rang, en collaboration avec Baumschlager Eberle Architekten

 

Mandat d’étude parallèle – Requalification des espaces publics côté mont et côté lac, Morcote, 2020, projet sélectionné, en équipe multidisciplinaire 

Cette interview fait partie d’une série regroupée dans une série «Concours et jeunes bureau», développé simultanément en italien et en allemand.

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