Le Con­cours Su­is­se ou la puis­sance de l’in­tel­li­gence coll­ec­ti­ve

Il existe, en Suisse, un outil démocratique encore méconnu du grand public: le concours d’architecture. Celui-ci est en ce moment à l’honneur au sein de l’exposition «le Concours Suisse» au Pavillon Sicli à Genève. Conçue suite à l’invitation du comité exécutif de l’UIA, dont le congrès national se tiendra cette année à Rio, l’exposition est aussi l’occasion pour la Suisse de redécouvrir cette pratique désormais centenaire, gage de la qualité de la culture du bâti.

Publikationsdatum
23-04-2021

En Suisse, et plus particulièrement à Genève, le monde de la construction a parfois mauvaise presse. On reproche de construire trop – et mal. À la fin de l’année dernière, la Confédération publiait d’ailleurs la « Stratégie Culture du bâti », en réponse à la déclaration de Davos de 2018, qui militait en faveur d’une culture du bâti de qualité en Europe, en rappelant que « construire est un acte culturel qui crée un espace pour la culture ». En marge du phénomène de la sur-construction souvent critiquée, se distingue pourtant une pratique plus lente, plus démocratique, qui par son travail ardu et itératif vise à promouvoir une architecture de qualité: le concours. Cette institution centenaire, bien établie chez les architectes, est encore mal connue du grand public, et c’est justement pour la rendre visible que l’exposition «le Concours Suisse» a été conçue.

Le projet nait à l’origine de l’invitation du comité exécutif de l’UIA, dont le congrès national se tiendra cette année à Rio. Avec cette invitation, les organisateurs souhaitaient pouvoir présenter au Brésil un outil de projet aux qualités multiples : une méthode démocratique depuis longtemps éprouvée, qui permet notamment aux jeunes architectes de sortir du lot, mais aussi une méthode politique, utile contre la corruption. Peu à peu, comme le raconte la curatrice Olivia de Oliveira, cette exposition est aussi devenue un outil pour la Suisse : un moyen de prendre conscience de l’impact du concours sur notre territoire et des projets de qualité qui en sont issus. L’exposition n’a néanmoins pas pour objectif d’établir un classement, mais devient plutôt une base de données pour la réflexion future. Avec le concours, c’est une forme d’intelligence collective qui se met en marche.

La scénographie est conçue à partir d’une structure tubulaire d’échafaudage, sur laquelle sont accrochés les planches de l’exposition, imprimées sur des bâches de camion. Les curateurs ont fait ce choix pour se défendre d’imiter une architecture, mais pour plutôt suggérer une protostructure du possible. À Rio, les organisateurs ont trouvé des éléments d’échafaudages de dimensions identiques, ce qui leur permettra de n’exporter sur place que les bâches et les maquettes. Le visiteur se fond dans cette forêt de poteaux de métal, où les planches forment autant de niches abritées des regards. Les éléments verticaux de la construction temporaire et la voute du pavillon s’épousent par leurs contraires. Dans un repli de la forêt de métal, une balançoire fait face à un écran sur lequel défile une centaine de planches de rendu d’un même concours. À proximité, des maquettes en plâtre des projets actuellement en attente ou en réalisation à Genève sont présentées sur un grand plan de bois, de même qu’une carte interactive qui permet de recherches les concours recensés par Espazium depuis 2014. L’exposition est organisée par grands thèmes: les projets futurs de Genève, la Place de la Riponne à Lausanne, cent ans de concours à Fribourg… Les organisateurs ont réussi à ne présenter chaque bureau qu’une seule fois, et se sont efforcés de montrer une grande diversité de typologies et de fonctions différentes, afin de souligner le fait que le concours est un outil pour tous les programme et qu’il ne se limite pas aux projets de grande ampleur. Du plus simple au plus extraordinaire, chaque projet contribue à sa manière à la culture du bâti.

 

Informations générales

 

Le Concours Suisse, Pavillon Sicli, jusqu'au 2 mai 2021 / 10h à 19h

www.leconcourssuisse.ch

Visites guidées: jeudi 22 à 18h / vendredi 23 à 16h / samedi 24 à 14h / dimanche 25 à 14h

 

Curateurs
Olivia de Oliveira et Serge Butikofer

 

Comité organisateur et exécutif
Marcio Bichsel, Serge Butikofer, Didier Collin, Gabriela Marcovecchio, Olivia de Oliveira, Giorgio Pesce, Cedric van der Poel

 

Scénographie
Giorgio Pesce, Olivia de Oliveira, Didier Collin

 

Rédaction textes
Serge Butikofer, Gabriela Marcovecchio, Olivia de Oliveira, Cedric van der Poel

 

Conception graphique et communication
Atelier Poisson, Giorgio Pesce, Séverine Dolt

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