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Editorial du numéro 05-06/2019

Publikationsdatum
07-03-2019
Revision
07-03-2019

Le 10 mars dernier, les Suisses ont refusé l’initiative «Stop mitage», qui demandait de geler les zones à bâtir du pays. Bien que légitime, la proposition a été balayée, en grande partie parce qu’elle ne prenait pas en compte les spécificités des différentes régions. Mais il faut féliciter les initiants d’avoir amené ce débat sur la place publique au moment où les cantons mettent en œuvre la révision de la loi sur l’aménagement du territoire. Il faut maintenir cette pression, car la poursuite du mitage n’est plus tolérable. 

Depuis quelques années, le «bétonnage» a mauvaise presse en Suisse. Pour beaucoup, il est associé aux grands chantiers, forcément gris, qu’on accuse de détruire paysage et patrimoine. Mais les véritables «bétonneurs» ne sont-ils pas plutôt les propriétaires de maisons individuelles, qui rongent progressivement le territoire? Dans le canton de Genève, ce sont ainsi 13% de la population qui occupent près de la moitié du territoire bâti. Et pourtant, le patrimoine qu’ils défendent représente un mode de vie auquel un grand nombre aspire – près d’un quart des ménages suisses, selon l’Office fédéral de la statistique.

Renvoyons les «bétonneurs» dos à dos. Entre les constructions en masse et l’immobilisme, il y a une piste qu’il ne faut pas négliger (et qui ne nuit pas aux deux autres): la transformation de l’existant. Les villas périurbaines ont été pour la plupart conçues pour loger des familles de quatre à cinq personnes. Les enfant ayant grandi, la moitié d’entre elles n’est plus habitée que par un couple, voire une personne seule. Les maisons individuelles représentent ainsi plus de la moitié des bâtiments à usage d’habitation de Suisse (57 % en 2016). En cherchant à restaurer leur capacité initiale, c’est-à-dire, disons, en doublant le nombre d’occupants, combien d’habitants pourrait-on théoriquement loger en Suisse? Un petit million?

À condition bien sûr que les propriétaires jouent le jeu et soient encouragés à investir. À condition que les communes modifient aujourd’hui leurs règlements, pour la plupart complètement obsolètes. Ce cahier présente quelques exemples récents qui démontrent que les architectes sont prêts à relever ce défi. Des solutions existent, à chaque échelle. 

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