12 lo­ge­ments pour re­qué­rants d’asi­le, Vers-chez-les-Blanc (VD), 2017 - L’ar­chi­tec­tu­re mal­gré le rè­gle­ment

DRA IIII: mention

Publikationsdatum
03-10-2018
Revision
24-10-2018

A la périphérie de Lausanne, dans une localité au nom explicite de Vers-chez-les-Blanc, se dresse une double bâtisse destinée à accueillir des migrants pour le compte de l’Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants. L’immeuble tire sa forme d’un règlement qui restreint le gabarit des constructions à celui d’un grand chalet. Pour pallier cette restriction, cette structure en bois habillée de bois brûlé, d’un noir intense, est composée de deux constructions distinctes, adossées l’une à l’autre, avec des entrées séparées.

Les architectes s’évertuent à signaler le léger décalage entre les deux constructions qui empêche que la façade soit considérée comme celle d’un seul et unique bâtiment. La même duplication est reconduite au niveau du toit avec deux toits en pente qui confèrent à l’ensemble un aspect vernaculaire, plutôt théâtral.

Ces louvoiements pour faire entrer le projet d’habitat collectif dans un plan général d’affectation conçu pour en empêcher l’édification, génèrent des pertes d’espace qui, paradoxalement, contribuent à la qualité des espaces intérieurs.

Le double toit en pente est un exemple de cette « dépense profitable » à l’usager. Composé d’appartements de petite taille, l’ensemble adopte la typologie des maisons d’étudiants, avec des chambres pour deux résidents, des espaces de vie et des cuisines collectives.

Les pièces du dernier niveau bénéficient de hauteurs sous plafond exceptionnelles rendues possibles par l’intégration de l’espace sous le toit à la volumétrie des pièces. Au lieu d’un plafond qui égaliserait de manière homogène toutes les pièces, le choix a été fait d’offrir généreusement l’espace aux usagers.

En résultent des espaces de formes variées avec une véritable sensation d’abondance, malgré la petite taille des pièces. Le bois brûlé et cette disposition à produire des volumétries généreuses avec une emprise au sol restreinte, ne vont pas sans évoquer le modernisme japonais. L’apparence radicale du bâtiment, intense dans sa matérialité, généreux dans sa forme et fin dans son exécution, compose un ensemble au caractère très urbain, dans une commune qui a fait de la lutte contre la densification son cheval de bataille.

 

Ce qu’en pense le jury

Au milieu d'une prairie, l'Etablissement Vaudois d'Accueil des Migrants a fait construire un bâtiment permettant de loger 60 requérants d'asile dans 12 logements dont la cuisine-salle à manger commune à deux appartements permet de multiplier les chambres à coucher. Les conditions posées par le règlement des constructions sont finement interprétées: les décalages horizontaux successifs tiennent lieu d'avant-toits imposés, le double toit en pente complété par un décalage vertical du bois en façade donne l'apparence d'une bâtisse en quatre unités distinctes.
L'objectif d'une efficience maximale en matière de logement aura imposé l'esthétique minimaliste du "double chalet" de Marin. Mais qui dira le réconfort de familles qui peuvent à nouveau inscrire leur nom sur une porte d'entrée?

 

Données du projet

Maître d’ouvrage : privé

Architectes : TRIBU architecture, Lausanne
Ingénieurs civils : Kälin & Associés
Ingénieurs chauffage-ventilation : Planair

Dates : 2016–2017
Surface nette : 750 m2
Surface brute : 978 m2
Coût (y compris honoraires + terrain) : 4,8 mio fr.
Coût (y compris honoraires – hors terrain) : 3,8 mio fr

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