Tant d’eau a cou­lé sous ces pon­ts

Data di pubblicazione
01-07-2024

Pour fêter les vingt ans de son agence (Ingphi), et avec le soutien de ses collaborateur·ices, Philippe Menétrey s’offre un ouvrage présentant 64 ponts sur le Rhône et ses affluents en Suisse. Carte de visite de l’agence, cadeau aux employé·es et contacts, voire catalogue de références, le livre est surtout une formidable introduction au génie civil et un hommage amoureux à un patrimoine précieux. Enfin, c’est un livre-manifeste. Certains ponts, explique l’auteur, présentent un intérêt technique précieux et qui mérite d’être mieux connu: le pont du Gueuroz (1931-1934), pour lequel Alexandre Sarrasin expérimente pour la première fois le béton vibré, le viaduc de Chillon (Jean-Claude Piguet, 1966-1968) avec ses câbles précontraints dans des courbes doubles, ou encore le pont de Chandoline (Christian Menn, 1989-1991), qui déploie un tablier de 284 m de long qui survole le Rhône. 

Le Pont de l’Île à Genève, qui ouvre le livre, a été réalisé en bois par les Celtes, démoli par Jules César en -58, puis sans cesse reconstruit sous différentes formes, jusqu’à nos jours. En 1874 son tablier a été renforcé par François Hennebique. Depuis il a été encore reconstruit : le pont actuel est tellement large (43 m) qu’on ne le soupçonne même plus… L’histoire de ce pont, explique Philippe Menétrey, est à l’image du problème auquel ce livre a l’ambition de répondre: «Il y a environ 400 ponts sur le Rhône et ses affluents en Suisse; ils forment un patrimoine immense, mais méconnu. Un patrimoine dont nous ignorons la valeur exceptionnelle en termes culturels, d’une part, mais aussi économiques.» Ce livre s’adresse donc aussi bien aux ingénieur·es et architectes qu’aux décideurs politiques, qui doivent s’intéresser à ce patrimoine afin d’investir dans sa maintenance. «Il faut absolument éviter l’apprentissage par la catastrophe en entretenant et surveillant nos ouvrages», conclut Philippe Menétrey.

Philippe Menétrey (Éd.), La Suisse e(s)t ses ponts, Ingphi Press, 2024, préface ­d’Eugen Brühwiler

 

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