Lan­ce­ment de la 5e Di­stinc­tion ro­man­de d’ar­chi­tec­tu­re

Esprit d’ouverture, communication large: la 5e DRA est lancée avec la volonté de bifurquer. Le jury n’a pas établi de critères et la forme de l’exposition n’est pas non plus déterminée. Ce qui est de très bon augure.

Data di pubblicazione
14-10-2022

Créée en 2006, sous l’égide des cantons romands, l’association de la Distinction romande d’architecture (DRA) réunit également les villes et les organisations faîtières professionnelles de la branche du bâti. Cette 5e édition est conjointement organisée par les cantons du Valais et de Vaud, sous la coprésidence des architectes cantonaux Philippe Venetz et Emmanuel Ventura. Les architectes cantonaux et les autorités des cantons de Berne, Jura, Neuchâtel, Genève, Fribourg, Valais et Vaud la soutiennent, ainsi que plusieurs villes de Suisse romande et les associations professionnelles (CUB, FAS, GAN, SIA, UPIAV). L’édition est soutenue par un comité de patronage présidé par le Conseiller fédéral Alain Berset, qui a installé la culture du bâti au sein de l’agenda politique fédéral en initiant la Déclaration de Davos en 2018. Autour de lui, la Conseillère d’État Isabelle Moret (VD) et le Conseiller d’État Roberto Schmidt (VS) contribuent à la valorisation de l’architecture et de la culture du bâti au sein d’une vision politique au niveau cantonal.

Ouvrir l’architecture 

Si Emmanuel Ventura et Philippe Venetz ont tous deux usé de la métaphore olympique pour caractériser le concours, c’est dans l’intention d’intéresser la distinction à un large public. «On essaie clairement de décloisonner le monde de l’architecture », a déclaré l’architecte cantonal valaisan. Pour cela, la DRA s’est associée à des acteurs qui maîtrisent les différents canaux d’information: Culture Valais, qui s’est doté d’instruments de communication digitale, et l’École de design et haute école d’art du valais (EDHEA) à Sierre, qui a lancé un programme pour réfléchir à la manière de présenter l’architecture auprès du grand public.

Le Jury international et pluriel doit également «apporter un regard extérieur sur l’architecture romande». L’ancrage au sein de la Culture du bâti a aussi été relevé :  l’ambition est de démontrer l’importance de l’interconnexion entre les partenaires concernés par la gestion du territoire. «Nous ne sommes plus en train de sanctifier un monument ou une œuvre d’art comme cela se faisait parfois à l’époque, a déclaré Philippe Venetz, mais bien de parler d’environnement, d’énergie, de mobilité, de cohérence sociale dans un ensemble complexe où les intervenants sont multiples. Il est impératif de démontrer l’importance non seulement de la construction elle-même, mais également de ce qui l’entoure: aménagements extérieurs, urbains, voire même du grand paysage. À l’heure où des problèmes climatiques avérés, des conflits internationaux, des revendications sociales et la polarisation se font toujours plus parlantes et pressantes, il est important de rappeler qu’un développement harmonieux favorise la cohésion et le bien-être.»

Membre du comité de patronage, le Conseiller d’Etat valaisan Roberto Schmidt a rappelé que les deux cantons avaient un recours systématique au concours d’architecture, qu’il décrit comme une formation continue pour la profession. «Nous privilégions les concours ouverts, afin que les jeunes architectes puissent faire des propositions […], se faire la main avec des projets complexes à plusieurs niveaux et apporter un vent nouveau.» Conscient qu’il faut «concentrer nos efforts sur la construction privée», la DRA doit démontrer que «l’exemplarité n’est pas synonyme de surcoût».

À quoi ressemblera l’exposition? «Justement, on ne sait pas encore », annonce le secrétaire général, Pierre Alain Hug. Le travail d’exposition et de médiation fera l’objet d’une réflexion continue, soutenue par une recherche menée à l’école d’art et de design de Sierre. «Nous voulons aller à la rencontre d’un public plus large, aussi la manière de montrer l’architecture est un enjeu crucial.» Il évoque différents types d’événements possibles, visites guidées, expositions, conférences, publications, etc. «Mais comme nous ne savons pas quels projets seront choisis, il est trop tôt pour imaginer la manière dont ils seront montrés. C’est un défi passionnant.» Pour y répondre, l’EDHEA a lancé un projet de recherche sur la question, dont le résultat sera confronté par la suite à la sélection du jury, et adapté en fonction.

Des critères ouverts

Présidente du jury, Stéphanie Bru (agence Bruther, Paris) a annoncé clairement les intentions du jury tout en dissertant sur la relation entre architectes et maîtres d’ouvrage, étant donné que la Distinction récompense les deux. «Pour nous, construire s’inscrit dans un langage politique et le jury sera attentif à la qualité architecturale qui accompagne les changements majeurs d’aujourd’hui. Mais au-delà de la qualité architecturale, et parce que l’architecture constitue une expérience quotidienne pour nous tous, citoyens, qu’elle est l’expression de la culture, le jury sera stimulé par le premier défi de l’architecture, qui est sûrement celui d’arriver à l’heure. Faire en sorte que le bâtiment, une fois livré, réponde aux attentes des commanditaires, mais plus largement aux besoins de sa société et de son époque. Entre les moments où les choses sont planifiées et la construction, il y a des inflexions : tout l’art de l’architecture est de ne pas perdre de sa pertinence, même dans les interstices laissés vacants. Les architectes ne sont pas sommés de dessiner l’avenir, mais de rendre un avènement possible. Être un architecture-bâtisseur de son temps c’est laisser une place aux temps suivant, et admettre que ceux-ci auront de quoi modifier et même perturber nos dessins originaux. C’est dans le dépassement de sa propre conception et de sa propre finalité que l’architecture trouve sa pertinence.»

Dans ce cadre, le jury assume de ne pas indiquer d’emblée les critères d’appréciation. Ceux-ci seront discutés tout au long de la procédure. Mais pour celles et ceux qui désirent postuler, il sera judicieux de méditer sur les quelques mots que le jury a fait émerger de ses premières rencontres:

  • Réutilisation – «d’une importance immense tant sur le plan écologique que collectif, souvent évoquée, mais encore rarement démontrée»;
  • Atmosphère – «car dans nos environnements bâtis toujours plus stériles, standardisés, banals, nous avons désespérément besoin de nous concentrer sur la capacité des projets à aller sous notre peau»;
  • Identité, urbaine ou rurale – «car l’habilité d’un projet est d’être un catalyseur de lieux auquel nous pouvons nous identifier»;
  • Imagination – «car les projets doivent nous permettre de nous projeter et d’expérimenter»;
  • Bifurcation – «au sens où le comprenait le philosophe Bernard Stiegler, un art de penser hors des sentiers battus, qui nous mène à des solutions nouvelles et nécessaires».

Le jury travaillera en toute liberté et déconnecté du comité d’organisation, a précisé la présidente.

Jury de la 5e distinction romande d’architecture

 

Présidente: Stéphanie Bru, architecte, Paris

Vice-président: Nicolas Bideau, ambassadeur et directeur Présence Suisse, Berne

Lilitt Bollinger, architecte, Bâle

Lorette Coen, journaliste spécialisée, Lausanne

Marco Fridgerio, architecte cantonal, Bâle-Campagne

Nathalie Herschdorfer, directrice Photo Elysée, Lausanne

Jo François Taillieu, architecte, Gand

Robin Winogrond, architecte paysagiste, Zurich

La DRA5 a pour but de distinguer des réalisations de qualité dans le domaine de l’architecture et du bâti en général. Elle tend à valoriser ainsi une action pensée de l’humain sur son entourage architecturé. Dans ce contexte, la DRA5 est sensible aux réflexions liant les réalisations à leur cadre social et au développement durable. Elle honore conjointement les maîtres d'ouvrage et les architectes qui, par leur orientation sensible pour la construction et les aménagements, ont contribué à la constitution d'un meilleur espace de vie et d’environnement bâti.

La DRA5 étant officiellement lancée, maîtres d’ouvrage et architecte peuvent dès lors proposer leurs réalisations sur la plateforme en ligne sur le site web dra5.ch. L’appel à candidature est ouvert jusqu’au 31 janvier 2023. Il concerne des projets réalisés entre 1.1.2018 et 31.12.2022

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