SIA: Congrès SIA sur la Construction de remplacement?, assainir ou rebâtir à neuf ?
La construction de remplacement sera au centre des débats du Congrès 2015 organisé par le conseil d’experts en énergie de la SIA. L'enjeu divise les professionnels. Le défaut d’efficacité énergétique justifie-t-il la démolition d’immeubles, voire de quartiers entiers ? Deux personnalités qui s’exprimeront lors de ce congrès, Anna Suter et Thomas Kessler, opposent leurs points de vue.
Anna Suter: la préservation du bâti est un devoir culturel
Il est indéniable que nous devons abaisser notre consommation de ressources et repenser l’aménagement de notre cadre résidentiel et urbain. Un redéveloppement conforme à ces impératifs est indispensable. Un développement porteur d’avenir n’est toutefois possible que si la nouveauté se rattache à l’existant de façon pertinente et convaincante.
Appliqué à l’environnement bâti, ce principe implique que le développement de nos villes et zones urbanisées ne peut se poursuivre qu’à condition d’analyser avec exactitude l’héritage bâti des époques précédentes et de le traiter avec respect.
Or les objectifs du tournant énergétique et les impératifs de densification liés à l’aménagement du territoire exercent une énorme pression sur le bâti existant : son remplacement ou un renouvellement architecturalement peu attentif peut mettre en péril l’intégrité et la qualité de l’existant dans son ensemble et réduire ainsi à néant la perception de notre histoire bâtie. Et il ne suffit pas de réserver nos égards aux seuls ouvrages dont la valeur est inventoriée ; il s’agit aussi de prendre en considération les bâtiments moyens et d’en évaluer soigneusement l’éventuel remplacement.
Face à l’alternative du remplacement ou de la rénovation, un changement d’optique est nécessaire : tous les intervenants devraient en priorité examiner les conditions de préservation du bâtiment. Un remplacement ne se justifie alors que si, après évaluation de l’ensemble des facteurs en présence en particulier ceux relevant de l’histoire culturelle, architecturale et sociale , la preuve est établie que le sauvetage de l’existant n’est pas envisageable.
Environ un tiers de notre parc immobilier date des années 1960 à 1973, soit d’avant la crise du pétrole. Devenu non viable en raison de sa consommation énergétique, cet héritage doit être rénové avec soin et créativité. Il faut en effet se représenter les trous que nous infligerions à l’histoire bâtie de nos villes et de nos paysages urbains si nous remplacions toute cette substance.
Anna Suter est propriétaire du bureau d’architecture bernois Suter + Partner AG Architekten et membre du comité de la SIA depuis 2014.
Thomas Kessler: coût disproportionné de la mise en conformité de bâtiments anciens
Les vérités générales incontestables n’existent pas. Tout choix constructif et conceptuel concerne toujours un objet précis. En principe toutefois, le remplacement d’ouvrages offre une série d’avantages notables.
Une construction de remplacement s’avère souvent plus rationnelle, du point de vue économique notamment : dans le cadre de rénovations en effet, les mesures de sécurité parasismique, l’installation de systèmes techniques modernes et la création d’accès sans obstacles aux logements entraînent souvent des coûts disproportionnés. De plus, la fiabilité de la planification est plus grande pour la construction à neuf, car les diverses phases d’étude et de réalisation peuvent être mieux coordonnées.
Une construction neuve intègre l’ensemble des connaissances et concepts architecturaux et techniques actuels. De surcroît, les études de projet peuvent aisément prendre en compte les besoins contemporains en matière de logement et de travail. L’emploi de matériaux de construction recyclés contribue à minimiser la consommation d’énergie grise. Afin de maintenir les coûts d’entretien et d’exploitation courants à un faible niveau, on peut adopter une approche low-tech en renonçant à des installations techniques complexes, sans pour autant compromettre le confort.
Tandis que l’exploitation passive de l’énergie solaire est soumise à des conditions restrictives en cas de rénovation, un bâtiment neuf peut être conçu pour en tirer le maximum. Cela permet d’ériger des bâtiments à énergie positive et va dans le sens des futures prescriptions énergétiques, qui font actuellement l’objet du Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC 2014) et entreront probablement en vigueur à partir de 2020. Dans le cadre géopolitique actuel, l’indépendance face aux agents énergétiques fossiles semble en effet devenir une priorité.
Enfin, nous devons faire face aux enjeux de la densification : alors que les contraintes statiques ou économiques liées aux travaux d’assainissement ne permettent pas toujours de valoriser les réserves de surfaces existantes, un ouvrage neuf est l’occasion de les réaliser directement.
Thomas Kessler est directeur du service de l’aménagement cantonal et urbain au Département présidentiel du canton de Bâle-Ville.
CONGRÈS SIA CONSTRUCTION DE REMPLACEMENT «Construction de remplacement | Rénovation, critères de décision»
Le 24 septembre 2015 à Berne, 09h00 17h00
Informations complémentaires et inscription : www.sia.ch/energie
Frais de participation
Pour les inscriptions jusqu’au 31 mai 2015 :
- CHF 300.-
Ensuite :
- Membres bureaux SIA : CHF 350.-
- Membres individuels SIA : CHF 400.-
- Non-membres : CHF 450.-