La qua­li­fi­ca­ti­on, pas­sa­ge ob­li­gé de la qua­li­té

Publikationsdatum
18-03-2024

Protéger le titre et la profession d’architecte, chasser les usurpateurs; le sujet fait régulièrement des remous parmi les professionnels de l’environnement construit, le politique et la société civile.

Il y a quelques semaines, le Conseil d’État valaisan annonçait vouloir à nouveau renforcer les conditions d’exercice de la profession, alors même qu’une directive destinée aux collectivités publiques entrée en vigueur en 2023 exigeait des signataires des plans mis à l’enquête qu’ils soient au bénéfice d’une formation reconnue «dans le domaine de la construction». En d’autres termes, un couvreur était jusque-là aussi qualifié et légitime qu’un architecte pour le faire. La nouvelle révision de la loi sur les constructions (LC), à l’examen auprès du Grand Conseil valaisan, entend préciser qu’un signataire ne peut déposer de dossier que «dans son domaine de compétence.» La formule permet une certaine souplesse dans le cas d’interventions très ciblées (comme changer une chaudière), mais garantit que seul l’architecte conservera la vue d’ensemble sur un projet.

Il est stupéfiant que, sur le plan fédéral, la profession d’architecte ne soit pas régie par une juridiction relative à la formation et à l’exercice du métier. En effet, chaque canton est libre de fixer ses propres critères ou, au contraire, de ne pas entrer en matière sur la question. Or on constate que seuls sept cantons ont fait usage de la possibilité de réglementer la profession: Genève, Neuchâtel, Vaud, Fribourg, Valais, le Tessin et Lucerne1, à des niveaux différents. Force est de constater qu’il existe bel et bien un «Röstigraben» entre Latins protectionnistes et Alémaniques plus libéraux.

Le sujet mérite pourtant une attention soutenue.

L’architecture, qu’elle soit considérée dans les politiques publiques sous l’angle économique ou au contraire, culturel, revêt une fonction sociale. En ce sens, la profession d’architecte et les responsabilités et missions qui en découlent sont toujours d’intérêt public: elles participent à la valeur paysagère, patrimoniale, environnementale, et à l’esprit du lieu. Comment garantir une haute qualité architecturale sinon en édictant des dispositions légales à l’échelle nationale autour de la qualification de l’architecte? En sus de celles-ci, serait requise l’inscription au Registre des architectes (REG), selon un idéal professionnel inspiré des standards de l’Union internationale des architectes (UIA).

C’est à ces conditions uniquement que nous parviendrons à garantir aux maîtres d’ouvrage de ne pas avoir affaire à des individus peu scrupuleux, à lutter contre les gâche-­métier qui, sans qualifications ni expérience ou formation, s’arrogent le droit d’opérer; ceux aussi qui, à des fins lucratives et au mépris de l’éthique et de la déontologie, dégradent l’image de la profession.

Dans l’intervalle, poursuivons nos efforts de sensibilisation du grand public et des maîtres d’ouvrage à l’importance de faire appel à des architectes qualifiés non seulement pour leurs projets de construction, mais aussi de rénovation. Les enjeux écologiques, économiques et politiques actuels, et qui nécessitent de ne pas se lancer les yeux fermés avec le premier architecte auto-proclamé.

Note

 

1 Confédération suisse. Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche. Secrétariat d’État à la formation, à la recherche, à l’innovation. Exercice de la profession d’architecte, mai 2023
 

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