La plu­ra­li­té in­stan­ta­née

Editorial paru dans Tracés n°04/2015

Data di pubblicazione
26-02-2015
Revision
10-11-2015

Lyon Confluence, le nouveau quartier sorti de terre en quelques années, ne se distingue guerre d’autres opérations similaires menées dans les principales villes en France. Euroméditerranée à Marseille, la ZAC Paris Rive Gauche ou Confluence présentent les mêmes caractéristiques : un urbanisme d’îlots denses où les immeubles d’habitations se mêlent à ceux de bureaux, des gabarits plus ou moins homogènes, avec une volonté manifeste de diversification par un travail sur les enveloppes. Evoquant une polyphonie morphologique, cet haussmannisme postmoderne semble témoigner d’un désir paradoxal : générer instantanément la ville stratifiée et plurielle.

A Lyon, cet impératif d’hétérogénéité a été poussé à l’extrême, au point d’en devenir la caricature. Les nouveaux immeubles se juxtaposent, amplifient leur diversité, sans le moindre effort d’entrer en dialogue les uns avec les autres. Cette variation spectaculaire reste très superficielle : elle influe peu sur la configuration intérieure des appartements et des lieux de travail. Il n’est pas exagéré de penser que l’effort déployé en surface contribue, pour des raisons essentiellement budgétaires, à un certain appauvrissement des solutions mises en œuvre à l’intérieur des enveloppes. 

Cette architecture d’apparat, réaction viscérale à l’uniformité écrasante des grands ensembles de la seconde moitié du 20e siècle, semble elle aussi avoir fait son temps. La preuve en serait la deuxième phase du projet Confluence qui semble prendre ses distances par rapport à la doxa française en matière de fabrique urbaine. Pilotée par Herzog & de Meuron, et mobilisant deux autres bureaux alémaniques, la deuxième phase s’efforce de rectifier le façadisme de la première à la faveur d’une bonne dose de sobriété helvétique.

Si ce revirement discret ne permet pas encore de faire état de ville stratifiée – il faudrait pour cela multiplier les instances et les entités qui contribuent à planifier la ville – il n’en constitue pas moins un pas dans cette direction. Le choix de rupture avec l’haussmannisme postmoderne crée un pli au sein d’une opération trop homogène malgré son apparence hétéroclite. Reste, pour pouvoir véritablement faire état d’une ville plurielle et stratifiée, à imaginer des dizaines d’autres plis et revirements du même genre.

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