L’ha­bi­tat ver­ti­cal, re­nou­veau d’une for­me de den­si­fi­ca­tion

Éditorial du dossier «Habitat Vertical»

Construire en hauteur n’a rien de nouveau. Vivre en hauteur n’est cependant pas quelque chose d’anodin. Or, depuis quelques années, on constate que la tour d’habitation grande hauteur vit une renaissance dans les villes suisses et leurs alentours. A quoi ce nouvel essor est-il dû? Est-ce une réponse à la révision de la LAT menée par la Confédération? Comment la population suisse perçoit-elle cette forme d’habitat et le style de vie qu’elle implique?

Dans ce deuxième dossier exclusivement numérique, espazium.ch s’intéresse à la place que les tours occuperont dans le futur développement des villes et cherche à comprendre la position ambivalente de la population face à ces nouveaux projets.

Data di pubblicazione
24-06-2020

Lors du boom de la construction survenu en Suisse dans les années 60, de nombreux immeubles grande hauteur, tels que le Lignon à Genève ou le Lochergut à Zurich, apparaissent dans la périphérie des villes. Ces bâtiments, alors modernes et offrant des logements bon marché, ont toutefois rapidement été l’objet d’une dévalorisation engendrée par les problèmes sociaux qui y voient le jour: la forte densité d’habitants et le manque de mixité sociale entraînent une concentration de difficultés et de conflits au sein de ces quartiers. Pourtant, à l’heure actuelle, divers projets de tours d’habitation refont surface dans les métropoles et leurs alentours. Aujourd’hui symboles d’un style de vie urbain, ces tours répondent au désir de nombreux citoyens de vivre en ville, en dépit de l’espace de plus en plus restreint. En effet, la question de la gestion du sol suisse est loin d’être simple et la dernière révision de la loi sur l’aménagement du territoire LAT encourage vivement la densification vers l’intérieur dans le but d’assurer une occupation plus rationnelle et mesurée de l’espace habité. La construction en hauteur propose certes une alternative intéressante au déploiement horizontal, mais cet argument ne justifie pas à lui seul l’essor actuel rencontré par les immeubles grande hauteur. Les tours proposent une nouvelle forme d’habitat, rattachée aux infrastructures et dont la structure est généralement plus flexible et adaptable que celle de la maison individuelle. Cette typologie semble par conséquent plus conforme aux besoins des ménages contemporains qui sont généralement moins nombreux, parfois recomposés et qui privilégient la proximité des services urbains.

Pour comprendre la renaissance actuelle des tours, nous avons donné la parole à six expert(e)s, provenant des différentes régions linguistiques du pays et issu(e)s des domaines de l’architecture, l’économie, la politique et l’urbanisme. Ces témoignages, souvent contrastés, offrent une vision globale de la construction en hauteur en Suisse et évoquent les bienfaits et les inconvénients de cette forme d’habitat moderne qui ne fait pas encore l’unanimité au sein de la population. En effet, jusqu’à présent, l’opinion publique s’est montrée plutôt récalcitrante face à la densification vers le haut. Or elle s’oppose également à l’étalement urbain et au mitage du territoire. Cette position contradictoire engendre bien des difficultés au moment d’imaginer le développement futur des zones urbaines et appelle les planificateurs à chercher des compromis.

Quoi qu’on en pense, il paraît évident que la construction verticale à but résidentiel fera partie des futurs modèles de développement urbain. Au-delà des défis techniques qu’ils posent, les immeubles grande hauteur créent des nouvelles centralités au sein des villes, vers lesquelles infrastructures et services convergent. Il nous faut donc aujourd’hui dépasser l’association de la tour d’habitation à l’image obsolète de la banlieue dense, malfamée et isolée, pour envisager cette typologie sous un nouveau jour, à savoir comme une opportunité pour densifier, intégrer et développer des nouveaux modes de vie dans la cité même.

Tania Perret est étudiante en architecture à l’EPF de Zurich depuis 2015. Après l’obtention de son Bachelor en 2018, elle a effectué quelques mois de stage chez espazium.ch, au cours desquels elle a réalisé le dossier Habitat vertical. Aujourd’hui, elle poursuit ses études et continue à collaborer à temps partiel avec la rédaction.

Retrouvez tous les articles du dossier Habitat Vertical

 

L’habitat vertical, renouveau d’une forme de densification, Tania Perret
 

Les tours d’habitation au fil du temps, Eveline Althaus
 

Vidéo 01 – Antoine Hahne, architecte, Pont12, Lausanne
 

Vidéo 02 Paolo Poggiati, architecte paysagiste, Bellinzone

 

Vidéo 03Maria Lezzi, directrice de l'Office fédéral du développement territorial (ARE)

 

La tour et le gratte-ciel. Brève histoire de l'immeuble de grande hauteur, Matteo Moscatelli

 

Vidéo 4 - Heinrich Degelo , architecte, Bâle

 

Vidéo 5Fredy Hasenmaille, expert en analyse immobilière au sein du Crédit Suisse

 

Vidéo 6Etienne Räss, ingénieur civil et urbaniste, directeur de la Fabrique de Malley

 

«Construire en hau­teur est une forme de dé­ve­lop­pe­ment vers l’in­té­rieur», entretien avec Maria Lezzi

 

«Les tours ne sont pas un ins­tru­ment de den­si­fi­ca­tion», lettre de lecteur de l'architecte zurichois Horst Eisterer

 

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