Dî­ner Bau­kul­tur: échan­ges avec le mon­de po­li­ti­que

En vue d’entretenir le dialogue avec les élus au parlement fédéral, la SIA les a invités au dîner Baukultur sur le nouveau campus de la FHNW à Muttenz. Mais auparavant, le bureau pool Architekten en a dévoilé quelques pans.

Data di pubblicazione
30-08-2018
Revision
21-11-2018

La question de la culture du bâti est fréquemment associée aux grandes villes. Or, le dîner Baukultur de cette année, qui a réuni membres du Conseil national et défenseurs de la culture du bâti le 19 juin à Muttenz, a prouvé que l’on trouve également des ouvrages d’exception en dehors des grands centres urbains. En l’occurrence, le nouveau campus de la FHNW, fruit d’un processus d’étude à plusieurs degrés incluant l’examen du potentiel, une planification test et un concours de projets remporté haut la main par pool Architekten. Leur proposition n’a pas seulement enthousiasmé le jury: «Le bâtiment tient toutes ses promesses !», s’est ainsi réjoui l’architecte cantonal Marco Frigerio en introduction. Le concept du campus séduit par sa simplicité: les architectes ont d’une part proposé un bâtiment marquant et, d’autre part, un grand parc – lequel ne faisait pas partie du programme de concours, comme l’ont expliqué Andreas Sonderegger et David Leuthold de pool Architekten. L’extension tranche par sa hauteur et s’impose à côté des grands ouvrages industriels qui caractérisent le panorama bâlois. Le cahier des charges exigeait à la fois la concentration de 36 sites et l’augmentation de la capacité d’accueil – de 2000 en décembre 2009 à quelque 3500 pour septembre 2018 – de même que la possibilité de futurs agrandissements.

Deux en un


Selon pool Architekten, le principal défi consistait à mettre en œuvre un programme des locaux très chargé tout en préservant des dimensions humaines. C’est pourquoi ils ont pensé le bâtiment comme un empilement de deux éléments. Les trois étages inférieurs réunissent différents usages – auditoires, salle polyvalente, réfectoire, cafétéria – et s’articulent autour d’un vaste atrium et de longs escaliers ouverts qui créent une époustouflante impression de grandeur. Œuvre de l’artiste performeuse Katja Schenker, qui l’a intitulée «Nougat (Wie tief ist die Zeit?)», une stèle de onze mètres consistant en une agglomération de pierres de diverses couleurs, de métaux, de bois et de béton, confère aux lieux un accent particulier.

Bleu magique


Au troisième étage, un piano nobile (ou étage noble) hébergeant la bibliothèque ouvre la vue sur l’horizon. Ici, les dalles de plafond lisses des trois premiers étages sont remplacées par des plafonds nervurés laissant apparaître les installations du bâtiment. Afin d’en estomper les contours et détourner l’attention de la technique, les dalles de cet étage ont été parées du bleu magique d’Yves Klein. Avec la stèle multicolore de Katja Schenker, cela crée un jeu de couleurs à la fois intense et sobre. Les neuf derniers étages sont dédiés aux différentes filières de la FHNW, à commencer par les sciences de la vie, dont les trois étages sont reliés par d’élégants escaliers intérieurs en colimaçon conçus pour favoriser les échanges. Au-dessus du piano nobile, l’atrium se divise en deux puits de lumière qui, avec ce dernier, atteignent une hauteur de 60 mètres. Le 12e et dernier étage est voué à la détente avec son espace lounge et son jardin en toiture.

Plaidoyer pour le concours


L’architecte cantonal Marco Frigerio a tenu à souligner que s’il n’y avait pas eu concours, un projet d’une telle qualité n’aurait pu émerger. Et pourtant, à Bâle-Campagne, cette institution, tout comme la culture du bâti en général, sont soumis à des vents contraires alimentés par de nombreux préjugés – dont celui qui voudrait qu’une architecture de qualité soit onéreuse. Le président de la SIA Stefan Cadosch a toutefois donné des raisons d’espérer un changement de paradigme. Il a ainsi fait savoir que, lors d’une manifestation officielle récente, Pierre Broye, directeur de l’Office fédéral des constructions et de la logistique, a évoqué son souhait d’induire une mutation culturelle dans son domaine de responsabilité. L’offre la plus avantageuse, et non plus la moins chère, serait désormais favorisée. La révision de la loi fédérale sur les marchés publics adoptée le 13 juin par le Conseil national pose également un jalon en ce sens. Et Stefan Cadosch de conclure: «Je compte sur le monde politique pour poursuivre la consolidation de la culture du bâti.»

Dr Claudia Schwalfenberg, responsable Culture du bâti ; claudia.schwalfenberg [at] sia.ch

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