Les coulis­ses du fu­tur cent­re de Mal­ley

Entretien avec Astrid Hervieu, Emmanuel Jalbert et Simon Kuntze-Fechner, lauréats du concours d'urbanisme et de conception des espaces publics de Malley-Centre

Le Schéma directeur de l'Ouest lausannois (SDOL) entre dans sa phase de réalisation. Pour l’urbanisation du secteur de Malley-Centre, un concours d’urbanisme et de conception des espaces publics a été lancé en fin d’année dernière et le résultat annoncé en février 2012. Le choix du jury s’est porté sur le projet «Coulisses» par les bureaux français In Situ de Lyon et FHY de Paris. Ces derniers devront élaborer les plans partiels d’affectation et réaliser les espaces publics majeurs. Entretiens avec Astrid Hervieu (FHY), Emmanuel Jalbert et Simon Kuntze (In Situ).

Publikationsdatum
06-03-2012
Revision
01-09-2015

Vous vous inscrivez dans la lignée des architectes et urbanistes pour qui les réponses aux questions posées se trouvent très souvent dans le site d’intervention. Comment le site de Malley a-t-il dirigé votre projet?
Le passé industriel du site est très fort. Nous avons été marqué par les photographies historiques de bâtiments singuliers et par les quelques vestiges encore en place, comme le gazomètre. De plus, le centre intercommunal de logistique (CIL) et le magasin général des services industriels lausannois (MAGESI), ou encore les abattoirs, forment une sorte de sillon logistique, un véritable couloir d’alimentations en marchandises, en nourriture et en énergie qui s’étend sur plusieurs kilomètres et qui converge vers le centre de Lausanne.
C’est sur cette grille d’implantation des bâtiments assez stricte, avec comme axes principaux les avenues de Longemalle et du Chablais, que notre projet prend appui. Nous avons donc voulu maintenir la grande linéarité est-ouest qui représente un atout majeur et un axe de développement naturel vers les quartiers existants à l’est (Martinet) et les mutations envisagées à l’Ouest (Chêne). Nous avons regardé le site comme une portée de partition de musique. Les ilôts aux programmes mixtes et aux silhouettes contrastrées sont une réinterprétation de la « monumantalité » des bâtiments industriels. Enfin, le théâtre en tant que facteur d’attractivité a également joué un rôle important dans notre lecture du site. 

Selon le rapport du jury, vous avez développé des « instruments urbanistiques », une boîte à outils. De quoi s’agit-il concrètement?
Nous pensons que le projet urbain ne doit pas consituter une contrainte réglementaire, déconnectée du contexte. Il doit servir de fil directeur à un projet collectif se référant à une vision commune. Nous avons voulu donner aux futurs bâtisseurs – investisseurs, architectes, propriétaires, communes – les moyens de composer un nouveau morceau de ville et permettre une transformation urbaine phasée. Concrètement, il s’agit donc d’une alternance de lignes parallèles, basées sur le cadastre et constituées de venelles, de chemins, de baliveaux, d’alignement d’arbre et de fils d’eaux. 

Quelles sont les différentes échelles prises en compte lors de l’élaboration du votre projet?
Au niveau de la « grande échelle » nous avons pris en compte l’agglomération lausannoise. En conservant l’ancrage géographique est-ouest qui est une donnée primordiale du projet, nous mettons en relation, par le Parc Promenade, de grands éléments de cette agglomération, comme la vallée de la jeunesse et les parcs sportifs de Censuy. 
L’échelle de quartier est également très importante. Nous espérons encourager les pratiques riveraines et avons donc accordé une grande importance à l’enchainement des espaces publics et à la justesse de leur échelle. Nous proposons une hiérarchisation de ces derniers dont les typologies varient et s’accordent aux diverses fonctions des rez-de-chaussée des bâtiments. Les places par exemple, seront le prolongement des espaces culturels et de loisirs : la Place du Théâtre est pensée comme une salle des pas perdus ou l’on peut déambuler et se reposer, le Parvis de la gare est une place très urbaine, minérale, animée de jeux d’eaux et la Place couverte est une canopée végétale entre la voie ferrée et le quartier de Malley-Centre. 
Enfin, les cœurs d’îlots ouverts pourront accueillir des espaces de détente et des aires de jeux pour les habitants du quartier. Par ces différentes typologies nous avons voulu souligner ce que nous appelons l’épaisseur de la ville et renforcer les interrelation entre les epsaces publics et les espaces privés. 

Comment votre projet répond-il aux exigences d’un développement durable demandé par le cahier des charges du concours?
Le sol est pollué et il n’y a donc pas d’infiltration possible. C’est une site passablement contraignant et nous avons donc essayé de développer d’autres points, comme la gestion économe des déblais et remblais, l’affirmation d’un corridor vert et la priorité donnée à la moblité douce. Ensuite, la complexité souhaitée dans l’épannelage des lots bâtis est un moyen d’améliorer les orientations des logements et de les faire profiter des vues lointaines et d’un ensoleillement optimal. Le profil des toitures orientés sud peuvent intégrer plus efficacement des panneaux solaires et des façades double peau pourrait aider à gérer les questions climatiques. C’est un point important, mais ce qui nous enthousiasme dans ce projet, c’est de participer à cette transformation fertile de la ville, de rendre à cette étendue complexe des éléments de lisibilité, des points de repère forts. Nous voulons construire de nouveaux espaces publics fédérateurs pour l’ouest lausannois. 

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Malley-Centre dans le schéma directeur de l'Ouest lausannois

Malley-Centre est situé sur les communes de Lausanne, Renens et Prilly, au pied de la future halte RER de Prilly-Malley qui sera inaugurée cet été. Identifié de longue date comme un pôle majeur du développement de l’agglomération Lausanne-Morges, ce secteur a fait l’objet de plusieurs études dans le cadre du SDOL. Malley-Centre couvre 16 hectares et devrait accueillir quelque 2500 habitants et emplois. Les constructions, dont la moitié sera réservée à du logement, devraient débuter dès 2014. A ce propos, voir le résultat du concours de Malley-Centre dans la revue Tracés 4/2012 et l'entretien d'Ariane Widmer, cheffe de projet du Schéma directeur de l'Ouest lausannois.

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