Les évolutions sociétales actuelles le montrent: la population est de plus en plus sensible aux notions de durabilité et de qualité – des enjeux qui n’échappent pas au commerce de détail, qui l’a bien compris. La mise au point de systèmes d’évaluation propres à chaque détaillant a toutefois peu de sens. C’est pourquoi la Fondation pour la protection des consommateurs demande la création d’un système européen unique pour l’évaluation de la durabilité des produits de consommation.

Un système de qualité global

Un tel outil commun à l’Europe vient de voir le jour pour évaluer la culture du bâti: le Système Davos de qualité pour la culture du bâti. Afin d’éviter tout malentendu, soulignons ici qu’il ne s’agit en aucun cas d’un simple système de notation ni d’un instrument exhaustif. Cet outil se base sur la Déclaration de Davos, adoptée en 2018 par les ministres européens de la culture. Il sert à évaluer objectivement la qualité de la culture du bâti d’un lieu donné sur la base de huit critères: gouvernance, fonctionnalité, environnement, économie, diversité, contexte, esprit du lieu et beauté. Tous revêtent le même degré d’importance, mais peuvent être pondérés différemment compte tenu de la spécificité de chaque lieu. Grâce à cet instrument, les valeurs sociales, culturelles et affectives sont pour la première fois prises en compte au même titre que les aspects techniques, environnementaux et économiques. Il s’agit d’une étape cruciale pour une compréhension holistique de la culture du bâti et de la durabilité au sens large. En effet, les dimensions sociale et, plus particulièrement, culturelle sont bien trop souvent sous-estimées, voire négligées, au profit d’une vision réductrice axée sur quelques éléments spécifiques.

Il est donc d’autant plus réjouissant que le Système Davos de qualité favorise une approche holistique de la culture du bâti, rendant les critères susmentionnés exploitables grâce à un formulaire d’évaluation. Ce système se veut participatif: les évaluateurs peuvent adapter le formulaire à leur situation respective et le compléter avec leurs propres questions. Pour chacun des huit critères, le formulaire comprend une référence à la Déclaration de Davos, le principe qui en découle ainsi qu’une série de sept questions au maximum. Les réponses à ces questions détermineront le degré de satisfaction aux exigences de qualité fixées pour chaque critère et seront données à la fois sous forme de texte et de gradation sur une échelle.

Un projet tel que le Système Davos de qualité n'est pas sans soulever des craintes: le défi complexe que représente l’aménagement du cadre de vie court le risque d’être simplifié à l’extrême et les nombreuses situations spatiales, pourtant bien différentes les unes des autres, pourraient finir dans le même sac. C’est précisément pour cette raison que le Système Davos de qualité se veut modulable. Il n’en reste pas moins qu’une évaluation objective implique nécessairement une certaine quantification – ce qui n’est pas sans conséquence. En effet, qui objective ou quantifie ne se cantonne pas à une simple description de la réalité, mais la modifie en fonction des critères appliqués. Dans le cas de l’environnement construit, les défenseurs d’une culture du bâti exigeante réclament davantage de qualité, prônant une évaluation plus globale de la culture du bâti et surtout des projets d’aménagement. Et donc la fin de la primauté du prix en matière d’attribution des marchés publics.

La culture du bâti, synonyme d’un cadre de vie durable

En Suisse, jusqu'à fin 2020, la loi sur les marchés publics (LMP) stipulait que l'offre «la plus avantageuse économiquement» décrocherait le marché. Depuis 2021, le changement de paradigme est en marche puisque des critères autres que le prix et la qualité sont désormais pris en compte: les coûts du cycle de vie de l’ouvrage, l’esthétique, la durabilité ou encore la part d’innovation. Afin que l’avancée souhaitée par le Parlement national en matière d’adjudication des marchés se concrétise, il est impératif que des critères subjectifs tels que l’esthétique soient eux aussi objectivables, et donc vérifiables. Qui plus est, la notion de durabilité doit être appréhendée de manière holistique.

La SIA soutient cette transformation sociétale vers plus de durabilité. Son engagement pour une culture d’adjudication en phase avec son époque, sa distinction «Umsicht – Regards – Sguardi» – qui récompense des réalisations durables et porteuses d’avenir – ou encore son cahier technique 2050 relatif au développement territorial durable, sont autant de preuves qu’une culture du bâti de qualité n’est rien d’autre que la concrétisation de la durabilité dans l’environnement construit.

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