"Qu'e­st-ce qui est im­por­tant?"

Congrès suisse BIM 2018

La SIA pilotera la coopération pour la transition numérique dans les branches des études pour la construction, du bâtiment et de l’immobilier et souhaite un débat de fond sur la numérisation. C’est ce qu’a annoncé le directeur de la SIA, Joris Van Wezemael, lors du congrès suisse BIM 2018.

Data di pubblicazione
05-12-2018
Revision
06-12-2018

Les 8 et 9 novembre 2018, le congrès suisse BIM a abordé les travaux du réseau suisse netzwerk_digital dans le cadre du panel intitulé « netwerk_digital – aides à l’application pour la pratique », organisé le vendredi matin. Ce réseau, qui se concentre sur la numérisation dans les branches des études pour la construction, du bâtiment et de l’immobilier, est porté par les cinq acteurs suivants : le Centre suisse pour la rationalisation de la construction (CRB), Bâtir digital Suisse, la Conférence de coordination des services de la construction et des immeubles des maîtres d’ouvrage publics (KBOB), la Communauté d’intérêts des maîtres d’ouvrage professionnels privés (IPB) et la SIA. L’objectif du réseau est la mise en œuvre coordonnée de la numérisation dans la construction en Suisse, en tenant compte des normes internationales. En bref, il s’agit du bureau de coordination pour la transformation numérique.

La SIA dans le siège du pilote


«netzwerk_digital veut mieux profiler son bureau et la SIA a proposé d’assumer cette tâche. Après diverses consultations, le comité du réseau est parvenu à la conclusion que la domiciliation de son bureau auprès de la SIA était une option logique. La SIA est un acteur majeur – et elle regarde vers l’avant», a expliqué Michael Bohren, directeur du CRB, en introduisant la thématique du congrès, avant de donner la parole à Joris Van Wezemael, le nouveau directeur de la SIA.

«La SIA adopte une stratégie anticipatrice en matière de numérisation, conformément à la décision arrêtée par son comité. La SIA reprend le pilotage de la transformation numérique dans tous les domaines de la construction et en assurera la coordination», comme l’a résumé Joris Van Wezemael.

Qu’est ce qui est nouveau?


Au cours des dernières années, la SIA a certes déjà fait beaucoup en matière de numérique. On mentionnera par exemple le cahier technique SIA 2051 Building Information Modelling (BIM) – Bases pour l’application de la méthode BIM. Mais selon Van Wezemael, la SIA n’a pas joué le rôle que la branche était en droit d’attendre d’elle, faute d’une stratégie de numérisation rigoureuse. La SIA réinvestit donc la thématique et prend la responsabilité de son développement pour la branche. Pour s’imposer, la numérisation doit s’appuyer sur une nouvelle forme de collaboration. « Nous devons apprendre à collaborer de façon différente. Pour la SIA, cela signifie aussi qu’elle doit réunir des forces. Vu que les ressources en personnel sont limitées au sein de la SIA pour une thématique donnée, des synergies entre les différents acteurs doivent être exploitées », a encore expliqué Joris Van Wezemael.

Le temps presse


Nous n’avons toujours pas réellement saisi qu’en matière de numérisation, le temps presse. Citant le physicien nord-américain Albert Allen Bartlett, Joris Van Wezemael rappelle que « l’inadéquation majeure des humains est leur incapacité à appréhender les fonctions exponentielles ». Pour saisir le rythme auquel progressent les technologies de l’information, on peut le comparer à la croissance des nénuphars sur un étang. Ceux-ci doublent chaque jour la surface qu’ils occupent ; or, lorsque l’étang n’est qu’à moitié recouvert de nénuphars, nous ne réalisons pas que le lendemain, toute la surface de l’eau le sera. « Les technologies de l’information imprègnent et influencent toute notre existence humaine, estime Joris Van Wezemael, notre vie entière est soumise à des changements de plus en plus rapides. » Les architectes et les ingénieurs sont ceux qui – s’ils font preuve d’anticipation – sont à même de concevoir et de modeler la scène pour ces mutations fulgurantes. C’est pourquoi il est indispensable que, comme association de référence des concepteurs suisses, la SIA assure le pilotage de la coopération dans ce processus de transformation.

Mais ce n’est pas la seule raison : les normes et les règlements applicables à la construction sont l’activité principale de la SIA et elle est aussi responsable de la mise en œuvre des normes européennes. Il est donc évident que la SIA pilote la coopération et la coordination en matière de standards et de normes, et qu’elle doit également endosser ce rôle dans le domaine de la numérisation appliquée aux études pour la construction, au bâtiment et à l’immobilier.

Rôle central des normes et des standards


La numérisation des études pour la construction, du bâtiment et de l’immobilier va bien au-delà du BIM. Cette évolution place la branche devant des défis majeurs, qui ne pourront être relevés qu’ensemble et de manière coordonnée. Ainsi, dans le numérique, les standards et les normes sont appelés à jouer un rôle crucial pour assurer l’intercompréhension, selon Joris Van Wezemael.

D’où la nécessaire observation de ce qui se fait au-delà des frontières, car la Suisse a l’obligation impérative de reprendre les normes européennes.

Au surplus, le Comité européen de normalisation (CEN) et l’Organisation internationale de normalisation (ISO) vont, dans les prochaines années, s’atteler à une normalisation prospective de la méthode BIM – plutôt que rétrospective comme jusqu’ici – afin de soutenir activement les progrès.

Les commissions des règlements procéderont à un état des lieux et devront peut-être sciemment reformuler l’institution qu’est le concours SIA pour l’adapter à l’ère numérique.

Coordination des ressources existantes


Les organisations faîtières suisses sont dès lors poussées à élaborer les normes et les standards nécessaires à la transition numérique et ce, en étroite collaboration avec les commissions et les travaux du CEN et de l’ISO.

A cette fin, il existe déjà des structures sous la forme des commissions suisses d’accompagnement, qui suivent l’évolution de la normalisation internationale dans les différents domaines et représentent les intérêts nationaux. Pour Joris Van Wezemael, « il s’agit maintenant d’exploiter les ressources existantes, de les développer au besoin et de coordonner leurs travaux ».

Conception et technique


La numérisation touche aussi la formation initiale et continue, l’enseignement, ainsi que la recherche. Que deviendront les profils professionnels des architectes et des ingénieurs à mesure des avancées numériques ? Les qualifications rattachées aux métiers de concepteurs – concevoir des espaces de vie, leur donner du sens et créer ainsi de la culture – doivent être combinées aux progrès techniques de façon pertinente.

Autodétermination et capacité concurrentielle


Pourquoi est-il si important que la SIA assume ces responsabilités ? En dernière analyse, il en va de l’autodétermination de la branche suisse des études pour la construction, du bâtiment et de l’immobilier et de sa capacité concurrentielle sur le plan international. A cette fin, la collaboration de tous les acteurs suisses majeurs et un débat de fond sur l’essentiel sont nécessaires.

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