Con­seil en cul­tu­re du bâ­ti: à l’écou­te du ter­rain

L’Office fédéral de la culture (OFC) souhaite proposer aux communes et villes une offre de conseil en matière de culture du bâti. Une étude de la SIA lui fournit les bases pour réaliser cette ambition.

Publikationsdatum
17-03-2021

Les communes et les villes ont une forte influence sur la culture du bâti, que ce soit en tant que législatrices, conseillères auprès de maîtres de l’ouvrage privés, instances d’aménagement du territoire et d’octroi de permis de construire, ou encore de mandantes «modèles». Il est toutefois fréquent que les ressources soient maigres, ou que les compétences manquent – un phénomène d’autant plus marqué dans les petites et moyennes communes. C’est pourquoi l’Office fédéral de la culture (OFC) a souhaité mettre au point une offre de conseil adaptée – un dispositif qui s’inscrit dans le train de 41 mesures définies dans le cadre de la Stratégie interdépartementale d’encouragement de la culture du bâti adoptée par le Conseil fédéral en février 2020. Dotée d’un budget de 250 000 francs par an, cette mesure sera mise en œuvre à partir de 2021 avec les moyens alloués au Message culture 2021-2024 et contribuera, au même titre que la Stratégie, à promouvoir durablement une culture du bâti de qualité.

À l’écoute du public cible

Mettre au point un service de conseil en culture du bâti efficace pour les communes et villes dans un environnement rendu complexe à la fois par les structures étatiques fédérales et la configuration du réseau d’acteurs privés relève du défi – d’autant plus lorsque le budget octroyé est modeste. En mars 2020, l’OFC a donc confié à la SIA la tâche de réaliser une étude pour dresser un état des lieux et évaluer les besoins en la matière afin de donner à ce projet les meilleures bases possibles. Désormais disponible, cette étude a, dès le départ, intégré le point de vue des futurs destinataires de l’offre: elle a donc été menée en étroite collaboration avec l’Association des communes suisses (ACS) et l’Union des villes suisses (UVS). Un groupe consultatif incluant d’autres organisations a également permis de sonder différents niveaux étatiques et groupes d’intérêt en amont et d’élargir ainsi cette perspective.

Au printemps 2020, vingt entretiens ont ainsi été conduits avec des membres du groupe consultatif, ce qui a permis de dégager cinq thématiques d’enquête : «signification et compréhension de la culture du bâti», «défis actuels en matière de culture du bâti», «teneur et type du conseil», «formation initiale et continue des acteurs» et «approches régionales». De nombreuses pistes pour l’élaboration de l’offre de conseil relative à la stratégie Culture du bâti ont ainsi pu être identifiées. Point qui devrait trouver un écho chez les membres SIA, certains interviewés ont déploré que les architectes ne manifestent pas davantage de motivation à s’engager auprès des villes et communes pour les conseiller en matière de culture du bâti et à acquérir les compétences spécifiques qui leur permettraient d’assumer cette tâche. D’autres ont pointé un potentiel d’amélioration au niveau des bureaux d’aménagement du territoire. Au vu du grand nombre de projets de construction réalisés sans qu’il ne soit fait appel à des concepteurs, il a de plus été suggéré de promouvoir le recours à un architecte.

Après cette ronde d’entretiens, le groupe consultatif a participé à un sondage en ligne qui a débouché sur une enquête de 41 questions. Y ont participé, à l’été 2020, 490 représentants de communes et villes, dont 373 germanophones, 87 francophones et 30 italophones. Pour plus de 76% des répondants, la culture du bâti est importante ou très importante, voire extrêmement importante. Deux tiers ont indiqué que leur commune ou ville dispose d’un service spécialisé ou d’un expert dans le domaine des études et de la construction. Si les répondants s’accordent à 60% sur le fait que les communes et villes nécessitent un service de conseil, leurs avis sont partagés quant à l’acuité de ce besoin : 40% l’estiment élevé, mais autant le jugent faible.

Rester terre à terre

Les communes et villes tiennent à ce que l’offre de conseil s’articule à une campagne de sensibilisation pour la culture du bâti et qu’elle bénéficie d’un ancrage politique transversal. Les thèmes privilégiés mentionnés ont été les suivants: densification urbaine, conciliation du neuf et de l’ancien, construction hors des zones à bâtir. Du conseil, il est avant tout attendu qu’il soit en phase avec les nécessités du terrain. En effet, l’affirmation «Le conseil doit être ancré dans les réalités, tant pour ce qui est de l’approche des conseillers que des exigences exprimées (solides et abouties, sans poser de prétentions démesurées)» a été validée par quelque 89% des répondants – soit le taux d’approbation le plus élevé du questionnaire.

Les villes et communes ont en outre déclaré souhaiter une vue d’ensemble des offres de conseil existantes, des directives concrètes sur la marche à suivre, le respect des principes d’accessibilité et d’indépendance, l’exposition de projets et procédures exemplaires ainsi que l’adaptation au cas par cas (groupe cible, domaine). Soulignons toutefois que ce dernier point contraste avec le souhait d’harmonisation des concepts également exprimé par les répondants.

Parmi les priorités, les répondants ont cité la mise en place de plateformes d’échange et de solutions à l’échelle régionale ainsi que d’un réseau de conseillers de proximité. En outre, ils ont indiqué que la formation initiale et continue en matière de culture du bâti devrait en premier lieu s’adresser aux présidents de communes et techniciens communaux. 

Failles et opportunités

L’état des lieux des offres actuelles – réalisé à la suite des entretiens et des enquêtes en ligne précédemment mentionnés – dessine un tableau morcelé du conseil en matière de culture du bâti: les dispositifs existants ne couvrent souvent qu’un périmètre limité, sont fréquemment peu connectés et ne s’inscrivent que trop rarement dans une conception globale de la culture du bâti. Il a également révélé que les possibilités offertes par la numérisation ne sont pas suffisamment exploitées et qu’un manque de personnalisation est à déplorer.

Un échange mené avec des experts européens a permis de dégager quelques pistes quant à la manière de générer des synergies entre initiatives d’échelles locale ou régionale et nationale. La promotion de la coopération régionale, le déploiement de stratégies de culture du bâti à l’échelle locale/régionale ou encore la mise en place de formats hybrides vecteurs d’une culture du bâti plus participative constitueraient des options intéressantes à cet égard.

 

 Informations

 

Téléchargement du résumé de l’étude sous: www.bak.admin.ch/conseil

Version intégrale en allemand: www.bak.admin.ch/beratung

Résumé en italien: www.bak.admin.ch/consulenza

 

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