Ban­que de don­nées sur l'é­ner­gie dans les bâ­ti­ments: mieux pla­ni­fier l'a­ve­nir éner­gé­tique de la Su­is­se

Lors du dernier salon Swissbau, la SIA a lancé l’idée d’une banque de données nationale sur l’énergie dans les bâtiments. Un tel outil faciliterait notablement les analyses et le travail d’étude des spécialistes de l’approvisionnement énergétique et des installations techniques du bâtiment.

Publikationsdatum
16-03-2016
Revision
16-03-2016

Quelle est la quantité d’énergie consommée par un quartier de 50 maisons mitoyennes bâties dans les années 1960 ? Et que donnerait la comparaison avec un lotissement analogue de maisons Minergie du point de vue de leur efficacité énergétique? Pour l’heure, les concepteurs qui veulent des indications exactes sur la consommation d’énergie et les rejets de CO2 en Suisse doivent procéder à des calculs complexes ou extrapoler les données tirées de cas particuliers. Comme le rappelait Adrian Altenburger, président du conseil d’experts Energie de la SIA, les ingénieurs en énergie doivent la plupart du temps fournir un travail démesuré lorsqu’ils ont besoin de données applicables au-delà d’un périmètre restreint. En 2014, ce conseil a donc mandaté une étude sur la faisabilité d’une banque de données harmonisée pour la consommation énergétique réelle des bâtiments.

Rôle pionnier de Genève

Divers partenaires, dont l’Office fédéral de l’énergie et l’EPFL, sont associés à cet ambitieux projet, mais la question de son financement et de son pilotage demeure ouverte. Dans l’esprit de ses initiateurs, il s’agit de dépasser les différentes volontés régionales dans ce domaine. Tandis qu’à Genève, par exemple, la récolte des données de consommation des bâtiments repose sur une base légale, presque tous les autres cantons ne disposent pas à ce jour de données fiables à ce sujet. On manque ainsi de bases pour évaluer les potentiels d’amélioration, et l’on ne trouve pas d’informations sur lesquelles appuyer des planifications énergétiques globales, pas plus que des indications sur l’efficacité de lois et de programmes d’incitation dans ce domaine. Sans parler d’indices de performance pour les propriétaires individuels et les maîtres d’ouvrage collectifs.

Beaucoup de données seraient pourtant disponibles, si elles étaient correctement mises en forme et connectées. A commencer par le Registre fédéral des bâtiments et des logements (RegBL), qui récolte en priorité les données d’objets résidentiels et référence la position géographique de chaque bâtiment. Ensuite, on sait que les grands distributeurs d’énergie, dont la plupart relèvent du droit public, disposent de données parfaitement fiables sur la distribution de gaz et d’électricité, voire d’indications contrôlées sur les achats d’énergie. Or, si l’on reliait désormais toute livraison, respectivement toute facture énergétique adressée au propriétaire d’un bâtiment à l’identificateur fédéral de bâtiment (EGID), la Suisse ferait un progrès considérable. Pour les agents énergétiques hors réseau, comme le mazout et le bois, les livraisons devraient être enregistrées sur une période de deux ou trois ans et sauvegardées dans une banque de données nationale correspondante.

Valeurs projetées contre données mesurées

Grâce à une telle banque de données harmonisée et géoréférencée au niveau national, des valeurs de consommation réelles seraient disponibles pour chaque bâtiment. Rappelons par ailleurs que l’introduction d’un monitorage énergétique est prévu par la Stratégie énergétique 2050. Tout praticien sait en effet aujourd’hui que, selon les conditions d’usage concrètes, la consommation effective s’écarte souvent considérablement des valeurs théoriques projetées, telles qu’admises pour une certification énergétique par exemple. La banque de données renseignerait également sur les contextes où un couplage chaleur-force serait approprié ou sur les implantations optimales pour un stockage d’électricité décentralisé.

Les divers exposés présentés par les partenaires au projet lors la Swissbau à Bâle ont suscité de l’intérêt et des échos positifs. Les exposants rattachés aux distributeurs d’énergie se sont montrés tout aussi ouverts que les représentants de gros développeurs et d’entreprises générales qui projettent par exemple des lotissements d’envergure conformes aux exigences de la société à 2000 watts. Peter Richner, de l’Institut fédéral de recherche pour la science des matériaux et la technologie (Empa), a soutenu l’idée en ces termes lors d’un atelier : « Lorsque l’on commence à mesurer, on crée aussi une incitation à agir en conséquence. »

Se pose toutefois la question de l’accessibilité des données qui sont jusqu’ici principalement en mains des fournisseurs d’énergie. Le bien-fondé et la nécessité de la démarche relèvent en revanche de l’évidence, puisque le bâtiment se taille la part du lion de la consommation énergétique globale. Si la Suisse veut atteindre les objectifs climatiques et mettre en œuvre la Stratégie énergétique 2050, la consommation des bâtiments doit baisser de quelque 50 %. La réduction de cette consommation amènerait en outre un allégement financier bienvenu, dans la mesure où les coûts énergétiques du bâtiment engloutissent chaque année quelque 16 milliards de francs.

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