La re­pri­se au bout du tun­nel?

La situation conjoncturelle des bureaux d’études s’améliore. C’est de moins ce qui ressort de l’enquête conjoncturelle menée par le KOF: il a enregistré fin avril un rebond des chiffres de l’emploi dans le secteur des études. Les bureaux sont donc à nouveau plus nombreux à déplorer une pénurie de main-d’œuvre.

Data di pubblicazione
27-05-2021

Le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPF (KOF) a publié fin avril 2021 son enquête trimestrielle qui esquisse les tendances actuelles et futures du secteur des études. Les données recueillies sont prometteuses puisqu’il apparaît qu’entre janvier et avril 2021, l’emploi est reparti à la hausse. Corollaire négatif de cette évolution, presque un tiers des bureaux interrogés déplore une pénurie de main-d’œuvre, ce qui en fait le premier frein à leur activité.

Rétrécissement des enveloppes dans le public

Les revenus, la demande ainsi que la somme des prestations fournies se sont améliorés depuis le premier trimestre. Idem pour les carnets de commande, qui se sont allongés de 0,5 mois par rapport au premier trimestre, passant à 11,1 mois.Un bémol cependant : depuis le début de l’année, le volume des projets publics a fortement diminué, contrastant avec la hausse ininterrompue que connaît la construction résidentielle, industrielle et commerciale depuis la mi-2020. Par rapport à janvier, les bureaux d’étude ne s’en montrent pas moins plus confiants quant à l’évolution de la marche des affaires dans les six prochains mois : ils sont actuellement 10 % à tabler sur une amélioration, 82 % à n’attendre aucun changement et 8 % à craindre une dégradation. De même, ils ont globalement revu à la hausse leurs attentes concernant la demande, la fourniture de prestations et l’évolution de leurs revenus dans les trois prochains mois. Ces chiffres certes réjouissants doivent toutefois être tempérés au regard de l’écart significatif qui subsiste par rapport aux données du premier trimestre 2020. La pression sur les prix s’est quelque peu relâchée depuis le début de l’année : 3 % des bureaux s’attendent à une hausse des prix dans les trois prochains mois, 86 % tablent sur la stabilité, 11% s’attendent à une baisse.

Éclaircie pour les architectes

Par rapport au début de l’année, les architectes affichent un significatif regain d’optimisme quant à l’évolution de leur situation économique dans les six prochains mois. Seuls 8 % estiment que la marche de leurs affaires empirera, tandis que 14 % tablent sur une amélioration. On note également une embellie au niveau des attentes concernant la demande, les revenus et la fourniture de prestations dans les trois prochains mois. La pression sur les prix se détend quelque peu. Par rapport au premier trimestre 2021, les carnets de commande s’allongent de 0,6 mois et portent désormais à 12,5 mois, un chiffre enregistré pour la dernière fois en 2016. Plus d’un tiers des enquêtés avance que le principal obstacle à leur activité réside dans la demande insuffisante, tandis que la part de bureaux qui se dit en butte à une pénurie de main-d’œuvre augmente à nouveau, s’établissant à 30%.

Son de cloche similaire chez les ingénieurs

Une situation similaire se dessine du côté des bureaux d’ingénierie : ils sont 33 % à citer la pénurie de main-d’œuvre comme principal frein à leur activité et 31 % à mentionner une demande insuffisante. On assiste donc à un déplacement des causes de ralentissement, étant donné qu’en début d’année, la faiblesse de la demande était encore le principal obstacle rencontré par les ingénieurs. Par rapport au début de l’année, les attentes relatives au niveau des prix s’améliorent, une donnée qui contraste avec la baisse des prévisions relatives aux revenus.

Les bureaux d’ingénierie n’en restent pas moins confiants, et revoient à la hausse leurs estimations quant à la demande et la fourniture de prestations dans les trois prochains mois. Les sondés sont 54 % à qualifier la marche de leurs affaires bonne, 39 % la considèrent satisfaisante et seuls 6% l’estiment mauvaise. Depuis la dernière enquête, les carnets de commande se sont encore allongés, s’établissant à 10,1 mois, un niveau jamais atteint depuis 2016. Dans l’ensemble, les retours des bureaux d’ingénierie dessinent donc un tableau positif.

D’une crise à l’autre

La pandémie est souvent comparée à la crise financière de 2008/2009. Dans les faits toutefois, les différences sont significatives, comme il ressort d’un article publié par le KOF fin avril. Alors que les raisons de la crise financière résidaient dans le système économique même, la crise actuelle relève de causes exogènes. Les secteurs affectés également ne sont pas les mêmes. Ainsi, le secteur industriel a nettement plus souffert en 2008 que ce n’est le cas aujourd’hui. Bien que la crise financière ait été déclenchée par les banques, le secteur des services économiques — auquel appartiennent les banques et assurances — avait vu sa valeur ajoutée reculer de 2 %, alors que les secteurs du commerce, des transports et de l’hôtellerie-restauration avaient maintenu leur croissance. En revanche, toutes les branches sont impactées par la crise que nous traversons actuellement. Si en 2018 la crise avait évolué selon une courbe en V, c’est-à-dire une chute brutale immédiatement suivie d’une remontée abrupte, espérons qu’il en sera de même cette fois-ci. En effet, les autres scénarios, que ce soit celui du U (chute brutale suivie d’une stabilisation à faible niveau puis reprise), du W (chute abrupte, brève hausse suivie d’une nouvelle baisse et remontée au niveau antérieur), ou encore du L (forte baisse, suivie d’une longue phase de stagnation à bas niveau) seraient nettement moins favorables. La reprise pronostiquée par une grande majorité d’instituts de prévision économique semble confirmer l’hypothèse du V et laisse aujourd’hui entrevoir de meilleures perspectives.

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