Pro­tec­tion des mi­cro­pieux con­tre la cor­ro­sion se­lon la nor­me SIA 267

À la fois économique et rationnelle, la fondation de constructions sur micropieux est largement répandue. Outre sa capacité portante, la durabilité du dispositif de fondation est essentielle pour garantir l’utilisation de l’ouvrage sans restriction. D’où l’importance de pouvoir statuer sur le risque de corrosion et les mesures de protection anticorrosive.

Data di pubblicazione
06-01-2020
Martin Brem
Dr. Martin Brem, ing. civil dipl. EPF/SIA, SGK Société suisse de protection contre la corrosion, chef de projet/inspecteur en revêtement

Les micropieux doivent être protégés durablement de la corrosion. Cette exigence particulière est motivée par leur exposition aux terrains de fondation. Pratiquement inaccessibles, ces éléments ne sont pas contrôlables, si bien qu’il est impossible de prendre ultérieurement des mesures d’amélioration ou de conservation de la protection anticorrosive.

Déterminer le risque de corrosion

Une protection efficace et économique n’est envisageable que si l’on détermine le risque de corrosion sur la base de l’exposition réelle de chaque ouvrage. Ainsi, il est possible, au moyen d’un examen systémique – incluant l’impact de l’environnement sur l’ouvrage, ainsi que son utilisation et sa géométrie –, de définir les exigences de protection contre la corrosion à partir d’une évaluation de sa probabilité d’occurrence. Soulignons toutefois que la norme SIA 267 ne donne que des indications limitées en vue d’une telle évaluation. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de consulter d’autres normes, telles que, par exemple, la SN EN 12501-1. Le but est d’obtenir une classification précise et réaliste des risques encourus, afin de limiter les mesures de protection qui en découlent.

L’obtention des informations permettant de réaliser cet examen est du ressort du maître d’ouvrage. En cas de données insuffisantes, il appartient à l’auteur du projet d’exiger que ce dernier fournisse des compléments.

Dans ce cadre, il peut souvent s’avérer pertinent de se poser la question de la présence de courants vagabonds susceptibles d’impacter négativement l’ouvrage. Or, l’étude géotechnique permet de mesurer l’existence de tels courants. Ces mesures et leur interprétation sont effectuées conformément aux normes SN EN 50162 et SN EN 50122-2.

La protection anticorrosive au sens de la norme SIA 267

La conformation de la protection contre la corrosion est réglementée par la norme SIA 267. Dans le domaine des fondations, la protection des matériaux métalliques est d’abord assurée par un enrobage suffisant des aciers par du béton ou du ciment. Lorsque cela est impossible ou insuffisant, d’autres mesures, telles que la mise en œuvre d’acier inoxydable ou de gaines supplémentaires, doivent être prévues. Relevons que l’importance des recouvrements de ciment ou de béton nécessaires à une protection pérenne n’est pas entièrement connue et que ce domaine appelle à des recherches complémentaires. Il est donc possible que de nouvelles connaissances obligent à revoir les exigences de recouvrement dans le futur.

Protection anticorrosive supplémentaire dans la zone des coupleurs

Les mêmes exigences que pour les autres zones du pieu s’appliquent, pour l’interface entre micropieux et ouvrage, ainsi que pour les coupleurs des barres d’ancrage. De plus, l’exécution de ces zones critiques systémiques suppose des mesures de protection additionnelles. Les règles à suivre figurent dans la norme SIA 267 et respectivement dans les normes d’exécution correspondantes.

L’état actuel des connaissances montre qu’au niveau des coupleurs de micropieux de degré de protection 2a, une corrosion de l’acier est possible sous une gaine rétractable, si celle-ci est posée directement dessus. Mais on ne sait pas si la vitesse de corrosion est suffisamment faible pour pouvoir négliger ce phénomène ou le considérer comme acceptable. C’est pourquoi une protection complémentaire contre la corrosion est également exigée au niveau des coupleurs, même si ce n’est que partiellement le cas dans d’autres pays.

La qualité de l’exécution de micropieux de degré 2a et 3a de protection contre la corrosion peut être mesurée après travaux à l’aide d’une mesure de résistance électrique conforme à la norme SIA 267/1, laquelle contrôle la qualité (l’étanchéité) de la gaine de protection. Une résistance insuffisante signifie que l’élément concerné doit être considéré comme un micropieu de degré de protection 1.

Compétences spécialisées requises

La commission SIA 267 salue les efforts du groupe de travail AGB de l’Office fédéral des routes (OFROU), qui vient de lancer des projets de recherche sur la protection anticorrosive de micropieux. Car la détermination de la protection de micropieux contre la corrosion fait partie intégrante du dimensionnement d’une fondation permanente et nécessite, au même titre que la vérification de sa capacité portante, une expertise pointue. La connaissance des interactions fondamentales entre la technologie des matériaux et les phénomènes de corrosion, associée à l’application des règles de l’art validées, sont en effet indispensables à l’édification réussie d’un ouvrage pérenne.

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