Fon­tai­ne, je ne me no­ie­rai pas dans ton eau

Editorial du 15-16/2016

Data di pubblicazione
11-08-2016
Revision
11-08-2016

Se basant sur des recommandations émises par le Bureau de prévention des accidents (bpa) en 2011, la Municipalité de Lausanne a tout récemment décidé d’interdire l’accès à ses bassins et fontaines incitant à la baignade. En effet, la profondeur de l’eau y excède les 20 cm que le bpa préconise comme limite au-delà de laquelle une noyade est possible. Si la mesure ne concerne actuellement que quatre bassins, la Ville entend bien passer au crible ses quelque 500 fontaines et 120 mares et étangs.

Aucune obligation légale ne l’y contraint, mais la Ville se doit de rendre l’espace public le moins dangereux possible pour les enfants, selon l’un de ses édiles. L’intention est louable mais, selon la Société suisse de sauvetage, 90 % des noyades1 ont lieu en eaux vives ou lors d’accidents de plongée. Au nom de la sécurité, du risque zéro et du principe de précaution, la municipalité lausannoise entend-elle également abaisser le niveau du Léman pour atteindre les 20 cm fatidiques? Ou le combler de béton? Cela offrirait certes du travail aux ingénieurs et dégagerait de nouveaux terrains à bâtir…

Au-delà de la pertinence en matière de sécurité de cette mesure, se pose surtout la question de la normalisation de l’espace public. Alors que devrait y primer une diversité des usages, ceux jugés techniquement ou socialement hors-normes en sont de plus en plus fréquemment bannis, au nom d’une idéologie sécuritaire que l’actualité récente ne pourra que renforcer.

Contrairement aux eaux fourbes, la bêtise ne tue pas. Mais si tel était le cas, gageons qu’il y aurait bien un élu pour paver les rues lausannoises de bonnes intentions afin de nous en préserver.

 

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