Grand Genè­ve 2050: l'ap­pel à pro­jets est lan­cé

Panos Mantziaras, directeur de la Fondation Braillard Architectes qui en est à l'initiative, vient de l'annoncer : l'appel à projets international Visions prospectives pour le Grand Genève, Habiter la ville-paysage du 21e siècle est officiellement lancé. Pour Tracés, il en dit plus sur les ambitions de cette consultation ouverte à des équipes pluridisciplinaires, pilotée par un consortium d'acteurs : la Confédération, le Canton de Genève, la FAS, la FSU, Patrimoine Suisse Genève, le Pôle métropolitain du genevois français, le CAUE de Haute-Savoie, ainsi que des partenaires privés.

Publikationsdatum
28-06-2018
Revision
28-06-2018

Tracés : La Fondation Braillard Architectes et ses partenaires viennent d'annoncer le lancement officiel de l'appel à projets sur le futur du Grand Genève. Alors que le projet d'agglomération franco-valdo-genevois vient de fêter ses dix ans, quelle est l'ambition de cette consultation et qu'entend-elle apporter de plus, ou de différent, à ce territoire?
En septembre dernier, la Fondation Braillard Architectes a fêté ses 30 ans dans la grande salle de Pierre Braillard à l'OMPI, en invitant un certain nombre d'acteurs à s’exprimer sur le futur de cette agglomération d’exception. Les échanges ont eu lieu à l'aune de l’engagement visionnaire de Maurice Braillard, tout en nous appelant à poursuivre son projet sur une nouvelle échelle de pertinence. Car, selon les experts, nous sommes entrés dans une nouvelle phase du développement humain, que certains nomment Anthropocène : le réchauffement climatique et la pénurie d'énergies fossiles nous imposent de revoir nos schémas de pensée habituels et d'être innovants sur un certain nombre de questions liées à nos modes de vie, aux mobilités, aux ressources ou encore à l'économie circulaire. Et les villes sont au cœur des changements que nous devons opérer. Quels nouveaux espaces doit-on concevoir et construire et quelle nouvelle esthétique pouvons-nous élaborer, si la modernité fondée sur un progrès perpétuel arrive à son terme, comme le rappelle très pertinemment Bruno Latour ? L'humanité ne s'en sortira que si elle change de trajectoire. Il y a urgence à réfléchir et agir, en accompagnant la transition écologique par une transition disciplinaire, et par une transition des pratiques.

C'est dans ce cadre que nous souhaitons inscrire l'appel à projets sur le futur du Grand Genève, ce magnifique écrin de vie qui a déjà été reconnu et primé pour son projet d'agglomération. Mais ce n’est pas le moment de se reposer sur ses lauriers. Grâce à sa dynamique transfrontalière, son positionnement international et sa gestion vertueuse au quotidien, l'agglomération franco-valdo-genevoise peut devenir un leader mondial en termes de développement durable, en renforçant le processus de sa propre transition écologique.

Qu'allez-vous demander aux équipes participantes et comment faites-vous le lien avec les réflexions déjà en cours sur le Grand Genève?
Il s'agit d'imaginer des scénarios d’aménagement urbain, architectural et paysager à l'horizon 2050, dans une démarche à la fois prospective et de recherche par le projet. Nous sommes collectivement convaincus que nous avons besoin d'une réflexion transdisciplinaire développée sur plusieurs scénarios parallèles, non pas pour en primer un, mais pour ouvrir le champ des possibles et accompagner l'action des décideurs. Nous espérons obtenir à l'issue de cette consultation un ensemble cohérent de productions complémentaires, à la fois théoriques et pratiques, conceptuelles et opérationnelles. Le foisonnement des idées, la multiplicité des équipes permettront de faire émerger des orientations globales illustrées par des propositions concrètes qui pourront nourrir les processus du devenir métropolitain franco-valdo-genevois, voire de l'arc lémanique dans son ensemble. Nous espérons ainsi créer une dynamique foisonnante, kaléidoscopique et capable surtout de renforcer notre sentiment d’appartenance à une entité urbaine et paysagère, une ville pour le dire plus simplement, et d'offrir aux citoyens la possibilité d’adhérer à un projet civilisationnel pertinent et vertueux.

Concrètement, comment va se dérouler la consultation?
L’appel est ouvert à toutes les équipes pluridisciplinaires ayant des compétences en urbanisme, paysage et architecture, renforcées par des expertises en environnement, énergie, mobilité, etc. Les sept équipes pluridisciplinaires qui seront sélectionnées par le comité de pilotage sur avis du collège d’experts en automne prochain, travailleront pendant un an. Le séminaire de lancement aura lieu le mardi 11 décembre 2018 au Pavillon Sicli ; à cette occasion, les équipes présenteront leur positionnement stratégique sur la transition écologique par le projet, et leur méthode de travail sur le cas concret du Grand Genève. Lors du séminaire de coordination intermédiaire, en mai-juin 2019, les équipes donneront un premier aperçu de leur travail sur le terrain. Le séminaire de restitution des travaux, fin 2019, donnera l’occasion au grand public de découvrir les productions finales et sera suivi par une exposition.

La Fondation Braillard est à l'initiative de cette consultation, comment vous positionnez-vous plus généralement dans le réseau d'acteurs du Grand Genève?
La Fondation poursuit son rôle public dans l’écosystème des acteurs actuels, avec un travail continu et régulier émettant une positivité réfléchie. Dans le cadre du programme de recherche et culture intitulé The Eco-Century Project, mené sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, nous avons organisé deux séries de séminaires annuels : Utopies Durables en 2016 et Think Big en 2017. A leur suite, nous avons lancé cette année une nouvelle série : Dessiner la Transition, en collaboration avec MetroLab Brussels, sous les auspices de l’OMPI. En parallèle, nous avons organisé avec l’EPFL et l’IHEID trois Journées d’étude en l’honneur de l’urbaniste italien Bernardo Secchi : Le Sol des Villes en 2015, Inégalités urbaines en 2016 et Urbanisme de l’espoir en 2017, qui ont chacune fait l'objet de publications. La Journée d’étude 2018 sera consacrée au 90e anniversaire de la Déclaration de La Sarraz, et aura lieu au Rolex Learning Center le 25 septembre prochain. Pour chacune de ces manifestations, notre objectif est de faire émerger une couche de savoir et de savoir-faire collectifs, grâce à des visions actuelles et pluridisciplinaires pertinentes, esquissant des configurations possibles pour les disciplines de la transformation de l’espace que sont l'architecture, l'urbanisme et le paysage. La consultation Visions prospectives pour le Grand Genève, Habiter la ville-paysage du 21e siècle a vocation à asseoir ces multiples théories et dispositifs sur un territoire précis, à les tester concrètement sur plusieurs échelles et surtout à les offrir au regard critique citoyen, grâce à une démarche concertée, transparente et dynamique.

Propos recueillis par Stéphanie Sonnette

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