Une di­plo­ma­tie du bâti

Les ambassades traduisent un type constructif très particulier. Si leur objectif – la représentation diplomatique d’un pays dans un autre pays – est facile à décrire, leur transcription architectonique est extrêmement exigeante.

Date de publication
19-11-2020
Pierre Broye
directeur de l’Office fédéral des constructions et de la logistique (OFCL)

Le défi se lance sur un plan purement fonctionnel. Une ambassade doit permettre une multiplicité d’utilisations : elle englobe une chancellerie dans laquelle sont réunies les places de travail de diverses instances administratives, une résidence, qui ne sert pas uniquement de logement à l’ambassadeur et sa famille, utilisée dans le cadre de la représentation officielle lors de réceptions de service. Tout particulièrement dans le cas de délégations de taille réduite, qui regroupent la chancellerie et la résidence sous un seul toit. L’harmonisation entre les composantes d’un programme aussi vaste constitue un deuxième défi, conceptuel cette fois.

Sur le plan formel de la conception et du symbolisme, les ambassades doivent satisfaire des conditions-cadres contradictoires. Il ne s’agit pas uniquement d'édifices multifonctionnels dans lesquels les diplomates accomplissent leurs tâches, mais ils sont également un instrument considérable dans l’activité ­diplomatique, telles des cartes de visite bâties. Les ambassades ont pour mission – au sens propre, mais sans recours au verbe – de transmettre un message. Ce dernier est complexe, dans la mesure où il s’agit de véhiculer l’identité du pays qu’elles représentent, tout en garantissant un dialogue empreint de respect vis-à-vis du pays hôte.

S’ajoute à cela, dans le cas de la Suisse, un défi spécifique lié à sa grande multiculturalité. Comment exprimer les valeurs communes d’un pays qui possède quatre langues nationales, plusieurs religions et des mentalités d’une extrême ­diversité sur le plan constructif? ­Comment s’assurer que ces valeurs seront correctement perçues dans un contexte qui n’est comparable ni sur le plan climatique ni culturellement avec celui de la patrie? Quels programme et mode de construction sont adaptés en vue de garantir la pérennité du bâtiment sur le long terme?

Il n’existe aucune réponse universelle à ces questions. Ce que l’on peut en revanche citer, ce sont des exemples réussis, qu’il est possible d’analyser et de comparer, dont il est permis de tirer des conclusions générales et un enseignement bénéfique. C’est là l’objectif que vise cette publication. Elle présente en effet des projets et des bâtiments sélectionnés avec soin, situés dans divers continents, et ouvre le débat au sens d’une pratique optimale.

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