Un en­seig­ne­ment par l’ac­tion et l’ex­pé­rience

Cet essai discute cinq actions qui reflètent la méthode pédagogique développée à travers l’atelier Open City Research Platform.

Date de publication
22-09-2021

1: transformation physique

La transformation physique d’un fragment architectural, la Chapelle de Woodland de Gunnar Asplund, a été le point de départ du processus de conception du Pórtico de los Huéspedes. Cet archétype de toiture a fonctionné comme gabarit pour la construction de la volumétrie initiale du Pórtico : les éléments principaux de la toiture, construits en fines planches de bois assemblées, ont radicalement transformé le modèle « Asplund », en traçant sa géométrie précise. Le développement des détails constructifs et des principes d’assemblage a initié une exploration itérative où la conception et la construction architecturale sont liées dans un processus cyclique de transformation continue. Le projet n’est pas compris comme un développement linéaire mais plutôt comme un espace d’improvisation. Les éléments se remplacent et se transforment.

2: observation

Chaque intervention est le résultat d’une observation et d’une relecture attentive de la construction dans l’état où elle se trouve à un moment donné. Ainsi, elle peut accueillir des auteurs divers, chacun guidé par sa propre lecture du projet commun. Dans ce contexte, entre le premier et le deuxième été, l’équipe d’étudiants chiliens est intervenue en construisant une constellation de dix-sept colonnes en béton réalisées in situ avec un système de coffrage flexible. Les colonnes ont été dispersées autour du Pórtico, créant de nouvelles séquences spatiales en dialogue avec le paysage existant.

3: dessin comme expérience

L’introduction du dessin à la main n’est pas considérée comme une technique de représentation, mais comme un médiateur entre la construction et l’étudiant : en tant qu’action physique et spatiale, il permet d’observer, de mesurer et de construire, donc de voir. Réalisé par couches itératives qui cumulent de nombreuses strates constructives et temporelles, le dessin à la main produit une profondeur spatiale et constructive. Avec un caractère ambigu, fragile et modifiable, il est en accord avec la construction incrémentale.

4: construction in situ

Travailler à une échelle réelle permet de générer une conscience matérielle. L’étudiant se sent capable de modifier, de transformer et d’intervenir dans le monde. La construction cesse d’être une réalité lointaine et abstraite. De plus, l’utilisation d’instruments rudimentaires interroge la relation entre ce que nous sommes et ce que nous produisons. Il fait prendre conscience du temps nécessaire pour travailler avec différents matériaux et respecter leur essence. Les étudiants intègrent dans la conception l’importance de l’articulation des détails constructifs et leur relation avec le paysage. Les principes tectoniques sont matérialisés sous forme de fragments.

5: superposition de fragments

Le projet est construit à partir de multiples fragments, par de nombreuses mains, tissant ensemble une multiplicité de compétences dans un effort de collaboration. En construisant leur propre travail en format coopératif, les étudiants développent un sens de l’adéquation des moyens. Les fragments construits deviennent sur place de nouveaux instruments d’observation et de mesure du paysage. Ces fragments agissent comme des médiateurs entre le détail, ou l’élément intime, et le projet global. Chaque participant, sans avoir pris part aux sessions précédentes, est capable de saisir l’intensité et la fragilité de la construction, faisant l’expérience de la temporalité et de la mémoire de l’œuvre.

Magazine

Sur ce sujet