Quatre con­cours de ca­banes

Architecture de haute montagne

Depuis une quinzaine d’années, le Club Alpin Suisse est passé d’un processus d’attribution par mandats directs à un système de concours. Retour en compagnie des architectes et membres de la commission des cabanes sur quatre résultats remarquables obtenus cette année.

Date de publication
22-12-2023

Si les cabanes de haute montagne nous touchent, c’est peut-être parce qu’elles évoquent ces «cabanes primitives» qui ont fait rêver les théoricien·nes de l’architecture. Et aussi parce qu’on y retrouve les caractéristiques des constructions situées en milieux extrêmes: l’isolement dans une nature intacte, l’autonomie énergétique forcée, la complexité de la gestion et de l’approvisionnement en eau, la rareté des matériaux… En 160 ans d’histoire1, la cabane de haute montagne a été imprégnée, en dépit de son isolement, des débats qui ont traversé architecture et société. Sur une crête vertigineuse entre vernaculaire et high-tech, quel type de construction exacerbe mieux que celui-ci le paradoxe entre exigence de décroissance et dépendance aux technologies?

Changement climatique et des usages

Avec plus de 150 cabanes réparties sur l’ensemble du territoire, le Club Alpin Suisse (CAS) est aujourd’hui le plus grand propriétaire et gestionnaire de refuges du pays. Depuis sa création en 1863, l’organisation a participé au développement de l’environnement alpin et de l’alpinisme, en œuvrant en faveur d’un large accès au public désireux de pratiquer de manière responsable les sports de montagne. Pourtant, au fil des ans, cette mission a beaucoup évolué, explique Eik Frenzel, bénévole à la commission des cabanes du CAS central. Pour l’architecte, on assiste à un basculement de la situation, d’abord en raison du changement climatique. Comme on le sait, l’eau devient la difficulté majeure de la majorité des refuges2. Mais il n’y a pas que cela. «Avec le retrait du permafrost, on assiste à une vraie accélération: certains passages sont devenus très difficiles du fait des chutes de pierre sur les chemins. Les gardiens et les gardiennes doivent sécuriser les itinéraires les plus importants, puisque la fréquentation d’une cabane est directement dépendante des itinéraires alentour. Elle-même est parfois menacée structurellement.»

L’architecte met aussi en évidence une modification de l’usage de la montagne. Grâce à l’évolution du matériel, les alpinistes font maintenant en un jour ce que l’on faisait auparavant en deux. Et si, historiquement, ils et elles étaient les seul·es à braver ce contexte, la haute montagne est désormais un lieu fréquenté par différents types de populations. «L’objectif d’un·e traileur·euse par exemple, c’est la cabane, pas le sommet. Et c’est le cas pour beaucoup d’usager·ères aujourd’hui, ce qui pourrait expliquer la tendance observée : le nombre de visiteur·euses à la journée est en hausse, les nuitées en baisse.»3

Ces différentes temporalités d’utilisation exercent une pression sur les cabanes, dont le plan n’est plus toujours adapté aux usages. Le grand dortoir sous les combles qui surmontait avant la salle des repas, comme on le trouve encore à la cabane de l’A Neuve (VS) par exemple, a été remplacé progressivement par des chambres de plus petite dimension qui accueillent un nombre réduit de couchages et qui conviennent aux horaires des usager·ères (le réveil, surtout: les alpinistes se lèvent à 3 h, les randonneur·euses à 7 h). Pour Laurianne Vaudan, gardienne de la cabane de la Tourche (VS) (rénovée en 2011)4, cette évolution ne signifie pas pour autant que le refuge doive se transformer en hôtel. Il reste un lieu où faire l’expérience du vivre-ensemble et de la sobriété. Le séjour en cabane serait-il la voie vers cette heureuse frugalité qui reste bien théorique ? En fantasme, peut-être. En réalité, l’équilibre reste précaire, puisque les besoins des utilisateur·ices ne cessent d’augmenter (lave-vaisselle à faire tourner, téléphones et montres connectées à charger…) et que la majorité des ravitaillements se font en hélicoptère afin de disposer, même à 3000 m d’altitude, de bières et de bois de chauffe. Cabane pas si primitive que ça.

Le concours, prix de la qualité

C’est donc avec ces enjeux complexes en toile de fond qu’au cours de l’année 2023 quatre résultats de concours organisés par le CAS, ayant mobilisé vingt-cinq équipes, ont été rendus publics: celui de la cabane du Vélan, de la Trifthütte, de la Mutthornhütte et des Weissmieshütten. La première a besoin d’être agrandie; la seconde a été détruite par une avalanche et sera réédifiée sur un site plus sûr; la troisième court le risque d’être emportée par un éboulement et sera reconstruite un peu plus bas; la dernière, utilisé également l’hiver comme restaurant d’altitude par les skieur·euses, ne répond plus aux besoins actuels des hôtes ainsi qu’aux exigences légales et doit donc être transformée.

Ces quatre concours synthétisent une grande partie des enjeux actuels auxquels les constructions en haute montagne sont confrontées et tentent d’y apporter des réponses. Ce sera aussi le cas des treize procédures à venir5. Si le CAS poursuit sur cette lancée avec la même rigueur – procédure en équivalent SIA 142, minimum de six équipes présélectionnées (dont une issue de la relève) par concours –, pas moins de 100 équipes, parfois pluridisciplinaires, participeront à la réflexion sur l’avenir des cabanes de haute montagne.

Ces concours ne sont pas une nouveauté : selon Hanspeter Bürgi, cela fait une quinzaine d’années que le CAS a changé sa philosophie. L’architecte associé de Bürgi Schärer Architekten, professeur à la Haute école spécialisée bernoise (BFH) et actuel président de la commission des cabanes du CAS, explique que si, par le passé, les membres intervenaient fréquemment dans la rénovation des refuges, l’association privilégie désormais l’organisation de concours. Depuis quelques années, et pour limiter l’engagement financier des sections, ceux-ci sont couverts par le CAS central, qui subventionne ensuite la réalisation à hauteur de 30-37 % des frais de construction.

«Depuis 2018, je pousse pour intervenir d’une manière plus professionnelle, notamment au travers de la publication du Guide construction des cabanes CAS, qui vise à garantir la qualité architecturale en informant au mieux les sections sur la manière d’organiser un concours. Les conditions sont équivalentes à ce que préconisent les règlements SIA, à la différence que les sommes de prix sont moins élevées. Le CAS a des finances limitées et nous restons les plus transparents possibles sur la rémunération. Les bureaux comprennent cela et sont intéressés de participer à ce processus. Par exemple pour le concours ouvert du refuge des Bouquetins (VS), actuellement en compétition, déjà 69 équipes issues de toute la Suisse se sont inscrites.»

Pour le CAS, dans ces conditions, le concours permet d’avoir le choix entre des projets de qualité, pour un prix finalement assez bas6. En tant que maître d’ouvrage privé, le CAS n’a pas l’obligation d’organiser des concours. S’il relève d’un choix éthique, le concours est aussi un bon argument pour gagner en légitimité – plutôt qu’un mandat gré à gré – dans ces zones non constructibles où les projets sont souvent sources d’opposition.

«Il n’y a actuellement pas de volonté de la part du CAS de construire de nouveaux refuges dans des lieux où il n’en existait pas auparavant, complète Ulrich Delang, architecte et chef du secteur cabane au CAS. Les interventions se limitent à rénover ou transformer les cabanes existantes, voire à les reconstruire dans un lieu plus sûr si elles ont été détruites ou si elles sont menacées.»

Toutefois, l’augmentation du prix de construction (jusqu’à 20-25 % de plus dans certains cantons) aura sans doute un lourd impact à l’avenir sur les stratégies du CAS. «En moyenne, il faut compter 70 000 CHF par place de couchage, dit Ulrich Delang. On n’a certes jamais réussi à couvrir les coûts de construction avec le prix des nuitées. Mais avec cette augmentation, cela devient presque impossible.»

Cabane du Vélan: transformer un monument

Le projet lauréat pour la transformation et l’extension de l’iconique cabane du Vélan est une solution «géniale» pour certain·es (comme Hanspeter Bürgi, membre du jury), une solution plus discutable pour d’autres (comme la spécialiste Estelle Lépine, qui le trouve trop impactant en terme de proportions). Le projet est un pari : retrouver l’état original de 1993 du fier volume oblong qui évoque, depuis le lointain, un vaisseau fendant les flots, en insérant un étage supplémentaire entre rez-de-chaussée et premier étage. Les volumes éparpillés autour de la cabane ces 30 dernières années sont démolis et leur affectation intégrée dans le bâtiment principal. La surélévation serait ainsi quasiment imperceptible, si ce n’est par les proportions et les nouvelles ouvertures de la façade de l’étage supplémentaire – qu’il faudra désormais régler. Comment y parvenir constructivement? En coupant la cabane à ossature en bois-métal et en la surélevant à l’aide de vérins hydrauliques avant d’y insérer un étage. Si la solution est audacieuse, la réalisation s’avère toutefois plus coûteuse qu’anticipé et donc a priori irréalisable. Alors, coup de génie ou abominable cabane des neiges?

Trifthütte : le pragmatisme qui cache le futur?

Le concours pour la reconstruction de la Trifthütte, partiellement détruite par une avalanche en 2021, était l’une des rares occasions de réexplorer de fond en comble le programme de la cabane pour la réinventer: une occasion manquée, comme l’ont fait remarquer certain·es, qui reprochent aux lauréats d’avoir fait preuve d’un trop grand pragmatisme. Leur projet Trift pour la cabane, qui sera reconstruite sur une arête rocheuse en aval de l’emplacement actuel, reprend l’image prototypale existante: c’est un chalet de montagne solide, confortable et orthogonal, fait de pierres, de bois et de tavillons, qui prend en compte la topographie, le climat et les dangers naturels.

Mais si les équipes concurrentes proposaient des solutions intéressantes – comme la réutilisation de matériaux de construction tels que les dalles de béton et les pierres naturelles de l’ancienne cabane pour Triftheck (Freiluft Architekten), ou encore un volume cristallin soigneusement ciselé, avec une façade en écailles de tôle et de panneaux photovoltaïques pour Turmalin (Graber Pulver Architekten) – aucune d’entre elles n’est parvenue à égaler la précision et l’économie de moyens de Trift. La montagne est une juge sévère qui ne laisse aucune place à l’erreur.

Weissmieshütten: une langue vernaculaire qui évolue

Comme beaucoup d’autres cabanes actuellement en attente de rénovation, les deux Weissmieshütten ne correspondent plus au besoin actuels des hôtes ainsi qu’aux exigences légales. Elles sont accessibles l’été par une courte marche d’approche et, l’hiver venu, la plus grande se transforme en restaurant d’altitude, comme elles sont situées au cœur du domaine skiable de Hohsaas.

Le projet lauréat du consortium des architectes Sonja Huber et Carol Hutmacher, s’il demeure plutôt classique, répond toutefois bien au programme. Selon Ulrich Delang, il s’agit aussi d’un bon exemple d’intégration: la vieille et petite cabane est peu touchée et devient ainsi un témoin historique, tandis que la nouvelle recherche un dialogue. La tradition de la cabane au socle de pierre et en construction bois se poursuit, tandis que le langage évolue.

Mutthornhütte: un langage architectural alpin durable

La Mutthorhütte est particulièrement fragilisée par le retrait du pergélisol. Si des mouvements de rochers et de petits éboulements avaient été observés depuis longtemps à proximité, ceux-ci ont particulièrement augmenté au cours de l’année 2021, ce qui a contraint la section à fermer la cabane pour garantir la sécurité des usager·ères. Un nouveau bâtiment de remplacement sera donc construit à 1 km en aval de l’existant, à 2780 m d’altitude.

Pour ce deuxième projet quasi ex nihilo, c’est le bureau ARC1706, issu de la relève, qui s’est imposé. Les architectes proposent ici une «nouvelle image», faite de métal et de panneaux solaires. Pour la section et le CAS central, si le projet est abouti, le matériau est remis en question: le métal est-il encore vraiment adapté pour exprimer un «langage architectural alpin durable»?

Le deuxième prix, signé Meili, Peter & Partner a été salué par le jury pour son utilisation d’une structure en bois avec des fondations ponctuelles dotées d’une haute tolérance au tassement, tout comme pour son revêtement en épicéa et la réutilisation de certains éléments de la cabane existante. Toutefois, il n’a pas été privilégié en raison notamment de la grande volumétrie du projet – renforcée par un porte-à-faux de quatre mètres sur le côté ouest qui ne pourrait être réalisée qu’au prix d’efforts disproportionnés – et des coûts de construction calculés dépassant de 25 % le budget indiqué.

Laisser la cabane vivre

Pour les architectes interrogés, si certaines tendances sont identifiables dans l’histoire de la construction alpine – les cabanes pittoresques très Heimatschutz du début du 20e siècle, l’architecture quasi lunaire des années 1960, les refuges très compacts du début du 21e siècle –, l’objectif de ces concours contemporains n’est toutefois pas de définir LE prototype de la cabane CAS du futur. Plutôt qu’un nouvel archétype, il s’agit de trouver à chaque fois des solutions contextuelles. On est loin d’un CAS qui freinait à l’époque les innovations morphologiques de Jakob Eschenmoser7.

«De nos jours, le thème de la sufficience est très important dans ces contextes alpins, en termes d’énergie, d’eau, de construction… mais aussi, bien sûr, vis-à-vis des budgets très réduits des sections. Cela représente un défi pour obtenir des qualités architecturales adaptée au contexte et au programme», dit Bürgi.

Face aux critiques émises par Hochparterre sur le résultat du concours de la Trifthütte, qui accusait le CAS de faire des choix trop «pragmatiques»8, Bürgi reste lucide: «J’accepte ces critiques. Dans le cas de la Trifthütte et de la Mutthornhütte par exemple, la lecture du programme n’a pas été suffisamment attentive. Certes, il était strict, mais la porte restait ouverte aux innovations et aux développement de typologies adaptées. Trouver des solutions malgré ces contraintes peut être un exercice très productif, j’en suis convaincu. Et peut-être que les concours qui rassembleront plus d’équipes, comme celui du refuge des Bouquetins, offriront plus de réponses stimulantes.»

La phase que nous traversons actuellement est particulièrement enthousiasmante pour l’avenir des cabanes de montagne: un gigantesque champ d’expérimentations encore sous-exploité est en train de s’ouvrir, pour réapprendre à concilier climat, paysage, résilience et architecture. Peut-être faudrait-il considérer ces concours comme des contributions à un débat plus large?

Les constructions expérimentales les plus héroïques n’ont pas toujours été des succès immédiats, comme le fameux refuge-bivouac développé par l’architecte Charlotte Perriand et l’ingénieur André Tournon en 1938, fruit d’une réflexion sur une structure légère, fonctionnelle et esthétique. Assemblée en quatre jour par des randonneur·euses lambda, le bivouac combinait une ossature en tubes d’aluminium ultralégers et des panneaux de contreplaqué. Si sa prise au vent trop importante a finalement eu raison de lui, il est à certains égards l’ancêtre de bien des développements techniques de l’alpinisme contemporain. Sobriété et processus éthiques seront sans doute les meilleures manières de retrouver cet état d’esprit pionnier.

Cet article a été réalisé sur la base d’entretiens menés avec Hanspeter Bürgi, Ulrich Delang et Eik Frenzel, architectes et membres de la commission des cabanes. Il a également été nourri par plusieurs saisons de randonnées dans les Alpes.

Remplacement de la Trifthütte, Gadmen (BE)

 

Maître d’ouvrage
CAS section Berne

 

Projet lauréat
Trift, Ateliergenossenschaft Werkgruppe AGW, Indermühle Bauingenieure HTL/SIA, WAM Planer und Ingenieure AG, Esotec GmbH

 

Altitude
2521 m → 2400 m

 

Histoire
1864: première construction
1947: trois rénovations / reconstructions
2007: transformation et extension de la cabane
2021: destruction de la cabane par une avalanche

Transformation et extension des Weissmieshütten, Saas Grund (VS)

 

Maître d’ouvrage
CAS section Olten

 

Projet lauréat
Bax mit Pirmin, ARGE HuberHutmacher Architektur, Pirmin Jung Schweiz AG

 

Altitude
2726 m

 

Histoire
1894: construction de la cabane comme hôtel de montagne Weissmies (Berghotel Weissmies)
1927: acquisition et rénovation par le CAS Olten
1960: construction d’une nouvelle cabane Weissmieshütte pour pallier le manque de place de la première
1990: agrandissement de la deuxième cabane
2004: raccordement de la cabane au réseau d’eau et d’électricité de la société de remontées mécaniques Hohsaas

Remplacement de la Mutthornhütte, Kandersteg (BE)

 

Maître d’ouvrage
CAS section Weissenstein

 

Projet lauréat
Mani, ARC1706 AG Architekturbüro, Schnetzer Puskas Ingenieure

 

Altitude
2900 m → 2780 m

 

Histoire
1895: première construction en bois (25 couchages)
1913: agrandissement en bois (60 couchages)
1951: nouvelle construction de la Mutthornhütte en pierre (100 couchages)
1970-2017: rénovations et assainissements réguliers

Notes

 

1 Voir Luca Gibello, Construction de cabanes en haute altitude, un résumé de l’histoire de l’architecture des cabanes dans les Alpes, Éditions du Club Alpin Suisse CAS, Berne, 2011

 

2 Certains ayant même dû anticiper leur fin de saison en raison du manque d’eau (refuge de la Selle dans les Écrins [F], cabane Britannia [VS]).

 

3 Jacques Mourey, Christophe Clivaz et Philippe Bourdeau, «Analyser l’évolution des pratiques sportives en montagne peu aménagée à partir des données de fréquentation des cabanes. Applications aux Alpes valaisannes», Journal of Alpine Research/Revue de géographie alpine 111-1, 2023

 

4 À la cabane de la Tourche, des éboulements sur la route d’accès ont contraint la gardienne Laurianne Vaudan à demander aux habitué·es d’approvisionner occasionnellement la cabane à pied cet été.

 

5 Les concours pour les Gelmerhütte, Dammahütte et Sustlihütte ont été récemment jugés; ceux pour le refuge des Bouquetins, les Ezlihütte, Sewenhütte, cabane de Susanfe, Oberaletschhütte et Bergseehütte sont en cours. Ulrich Delang nous a également confié que quatre nouveaux concours de cabanes sont en préparation.

 

6 Pour les quatre concours étudiés ici, la dotation totale des indemnités est généralement de CHF 30 000.– avec la TVA: chaque projet accepté pour évaluation est indemnisé par un montant forfaitaire de CHF 5000.–.

 

7 Voir l’article d’Estelle Lépine p. 20 sur les cabanes de Jakob Eschenmoser

 

8 Ivo Bösch, «Komfortable Bescheidenheit», Hochparterre Wettbwerbe 3/2023, également en ligne sur hochparterre.ch

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