Le temps, ma­tière pre­mière de l’ar­chi­tec­ture

La ressource la plus précieuse est celle dont on manque le plus. Un béguinage, un chantier sans fin, et un manifeste pour (re)prendre le temps dans l’architecture.

Date de publication
06-09-2021

Ledoux disait que «la vie d’un architecte est si courte qu’il ne peut se permettre d’en gaspiller un seul instant. Il doit rêver la nuit ce qu’il exécutera le lendemain»1. Depuis Alberti, l’architecte produit par son dessin des œuvres personnelles, abouties et inaliénables. Et cela, de manière toujours plus rapide. Et si on contestait ce dogme? Si on pensait le projet dans un temps lent, inachevé ? Si on se rappelait que l’architecture est une pratique collective, incrémentale et mobilisatrice de ressources dont la temporalité outrepasse celle d’une vie humaine ?

Dans ce dossier, trois approches: le manifeste et la pratique de l’architecte indienne Anupama Kundoo, qui exhorte à exploiter les ressources dans l’espace et le temps, pour projeter une œuvre collective, économique et durable; l’extension de la galerie d’art Z33 de Francesca Torzo, conçue pendant près de dix ans dans un lieu où le temps s’arrête ; la Ciudad Abierta de Valparaiso, enfin, où le projet architectural est pensé à la manière d’un jardin, dans un processus ininterrompu.

Recherche, projet, formation: trois exemples qui montrent que le temps est encore et toujours la matière première de l’architecture.

Note

 

1. Emil Kaufmann, De Ledoux à Le Corbusier, Origine et développement de la structure autonome, Paris, L’Équerre, 1981.

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