L’ar­chi­tec­ture du 20e siècle en Va­lais 1920-1975

Un inventaire qui souligne la richesse architecturale de la modernité valaisanne

Date de publication
01-04-2015
Revision
25-10-2015

L’architecture du 20e siècle en Valais 1920-1975 est une ode héroïque aux ingénieurs qui ont, en l’espace d’une cinquantaine d’années, propulsé ce canton dans l’ère moderne. 

Issu d’un inventaire réalisé par une équipe d’experts extérieurs (l’architecte Pierre Cagna et les historiens de l’art Martine Jaquet et Pierre Frey) mandatés sur concours par l’Etat du Valais au début des années 2000, ce livre présente et décrit à l’aide de courts textes, de plans et de photographies d’époque et actuelles 198 réalisations édifiées entre la fin de la Première Guerre mondiale et le choc pétrolier de 1975. Quatre critères ont été retenus par les auteurs pour évaluer les bâtiments et leur permettre d’accéder à la protection et à la préservation que confère l’inscription à l’inventaire : l’insertion dans le site, la composition et l’expression architecturales, le rapport avec l’historiographie et l’état de conservation. Ces critères pourront être discutés et questionnés, mais en jouant la carte de la transparence, les responsables en assument ouvertement le choix et la part de subjectivité et de sensibilité personnelle inhérentes à chaque démarche de ce type. 

Appartenant à quatre grands groupes typologiques – le génie civil et l’industrie, les équipements collectifs, l’habitat institutionnel et collectif et l’habitat individuel –, les objets de cet inventaire sont présentés par district, de la Vallée de Conches au lac Léman. Le lecteur pourra ainsi découvrir le village de vacances de Fiesch construit en 1967 par Paul Morisod, Jean Kyburz et Edouard Furrer, le chalet Martin à Zermatt de Daniel Girardet qui évoque sans ambiguïté la maison Pauson de Frank Lloyd Wright, les logements pour les ouvriers de la Grande Dixence à Hérémence, réel exemple de mixité fonctionnelle, la très belle usine hydro-électrique de Chandoline à Sion de Daniele Buzzi, la petite église Notre-Dame du-Bon-Conseil à Lourtier d’Alberto Sartoris ou encore le travail de dentelles en béton d’Alexandre Sarrasin effectué en 1926 pour le réservoir des Marécottes. 

Véritable valeur ajoutée au livre, huit contributions thématiques viennent contextualiser l’inventaire, raconter l’histoire de constructions d’exception comme l’église St-Nicolas à Hérémence ou encore relever les facteurs qui ont permis au Valais d’entrer dans la modernité. Ainsi, Pierre Frey énonce trois hypothèses qui expliquent, selon lui, « la richesse, la diversité et la qualité spécifique du patrimoine architectural valaisan du 20e siècle »1 : la position géographique du Valais qui en fait un lieu de passage privilégié entre Florence et Paris ; le rôle déterminant de l’eau dans l’industrialisation du Valais et « la part hégémonique des ingénieurs dans la mise en œuvre » de programmes industriellement rationnels ; enfin, la structure politique « restée fondamentalement autoritaire » et qui a, paradoxalement, permis l’édification d’infrastructures dans un « climat de liberté créatrice » et « d’esprit d’entreprise ». 

On l’aura compris, ce livre rend hommage de manière très séduisante aux ingénieurs civils, à ses bâtisseurs de la « forme pure et sauvage », à ces inlassables pionniers du béton qui posent la forme « là où elle est nécessaire et productive » et qui ignorent avec raison « l’idéologie des considérations esthétiques ». 

L’ouvrage est certes un inventaire d’architecture, mais il est avant tout un ouvrage sur le génie civil et son influence sur 50 ans d’architecture moderne en Valais. C’est toute l’originalité et la grande qualité de ce livre.

 

L’architecture du 20 siècle en Valais 1920-1975

Sous la dir. de l’Etat du Valais et en collaboration avec les Archives de la construction moderne, Infolio, 2014, Gollion / 55 CH

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