La Bien­nale d'ar­chi­tec­ture de Lyon ou le dif­fi­cile exer­cice de faire grand avec peu

Pendant que la deuxième phase du vaste projet Confluence entre dans sa phase finale, la ville inaugure une biennale d’architecture aux objectifs incertains.  

Date de publication
12-06-2017
Revision
12-06-2017

Il ne faut pas grand chose pour faire une biennale: un bel espace industriel vaste et accessible dans un quartier fraîchement reconverti, un appel  à projet, deux-trois pointures pour le vernissage et quelques partenariats presse pertinents.
C’est la formule employée pour la Biennale d’Architecture de Lyon, et force est de constater que le résultat n'est pas à la hauteur des attentes. Cette première biennale est un événement sans queue ni tête, où se succèdent sans la moindre cohérence les poncifs les plus éculés sur l’écologie et la participation.
Des 60 équipes qui ont répondu à l’appel à projets, 30 sont actuellement exposées à la sucrière. Autant dire qu’il n’était pas très difficile pour quiconque le souhaitait de faire partie de cette première session. Les équipes retenues ne disposant d’aucune aide financière de la part des organisateurs, ont du financer elles-mêmes leur contribution. Les plus malins ont su dégoter des partenariats plus ou moins généreux qui, s’ils les aident à concrétiser leur projet, ont aussi tendance à chapeauter le tout de leur encombrante identité d’entreprise. Les moins fortunés exposent des photocopies accrochées aux murs.
L’aspect inégal, non articulé des projets exposés, peut difficilement se justifier par un hypothétique éclectisme volontaire. Ici, on a pris ce qu’il y avait à prendre, un point c’est tout.
Les quelques bons projets, comme celui du %%gallerylink:23407:dispositif modulaire de Philippe Rizzoti%%, ancien d’EXYZT, côtoient ainsi des projets noyés dans la démagogie, variantes tardives et opportunistes du filon écolo-participatif des dix dernières années (%%gallerylink:23408:PCA Stream%%).
La contribution suisse n’échappe pas à ce verdict. La structure géodésique construite avec des skis recyclés par %%gallerylink:23409:Structural Xploration Lab de l’EPFL%%, respire elle aussi les bonnes intentions gratuites, l’insignifiance et les clichés (nous en Suisse, c’est le ski!). Le travail de fond du laboratoire de Corentin Fivet sur une systématisation du réemploi s’efface complétement derrière l’aspect anecdotique de la construction exposée. 
Si, en règle générale, quelques projets illustratifs permettent au grand public de se familiariser avec certaines idées, on n’appelle pas «biennale d’architecture» l’amoncèlement d’une dizaine de propos simplistes et démonstratifs.
Où est l’actualité des idées, les projets transversaux qui mêlent sociologie, cinéma, design, histoire? Où sont les projets sur la radicalité de la modernité lyonnaise qui, de Zehrfuss à Gagès mériterait une biennale à elle seule?
Si les cycles de débats et de projections sur la Villeneuve de Grenoble, ou la situation post-crash à Athènes vont dans ce sens, ils ne se traduisent pas pour autant, faute de moyens, par une quelconque présentation formelle dans l’exposition.
A notre tour de nous demander comment une métropole de cette taille, disposant d'une campagne marketing digne d’une marque de voiture (ONLY LYON), rechigne à investir ce qu’il serait nécessaire pour offrir aux Lyonnais et aux visiteurs un peu plus que presque rien.
La Biennale de Lyon devra faire de sérieux efforts pour se construire un objectif, une identité et un discours, si elle veut être autre chose qu’une tentative avortée faute de moyens.

 

Biennale d'architecture de Lyon

Processus et Pratiques
Du 8 juin au 9 juillet à La Sucrière
ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
http://www.biennalearchitecturelyon.com/

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