Des­tins olym­piques

Editorial paru dans Tracés n°15-16/2012

En matière d’impact temporel, les Jeux olympiques offrent la particularité d’agir sur des échelles très différentes.

Date de publication
17-08-2012
Revision
19-08-2015
Jacques Perret
Ingénieur en génie civil EPFL, Dr ès sc. EPFL et correspondant pour TRACÉS.

D’un côté, en multipliant comme ils le font des événements sur une courte période de trois semaines, ils sont une des rares activités humaines teintées de noblesse à même de réunir pendant un moment une humanité toujours plus déchirée à l’échelle planétaire. Si cette simultanéité est encore favorisée par les avancées technologiques disponibles pour sa diffusion, les dernières éditions des Jeux montrent que le gigantisme qu’ils ont pris a aussi conduit à une certaine démesure en matière d’infrastructure. A cet égard, il sera très intéressant d’observer comment se concrétiseront les prometteuses dispositions envisagées dans la capitale britannique pour garantir le « recyclage » – en dehors du seul microcosme sportif – de certaines des infrastructures construites à l’occasion des JO 2012.
En cette fin d’été, la qualité des équipements sportifs entrevus à Londres ne manquera pas d’interpeller ceux qui s’intéressent au futur sportif d’une autre ville prétendument olympique, Lausanne, puisque les semaines à venir risquent d’être porteuses de nouvelles douloureuses pour les amateurs d’athlétisme ou de football. A peine six mois après l’annonce dithyrambique du contenu d’un projet – Métamorphose – qui devait miraculeusement satisfaire toutes les parties impliquées, celui-ci va prochainement subir son effet éponyme. Réalisant qu’il sera financièrement impossible de concrétiser toutes les promesses, les responsables doivent annoncer, à fin août, les choix qu’ils envisagent pour redimensionner leur projet. Parmi ceux-ci, une très probable et légitime remise en question de la construction simultanée de deux stades.
Le choix qui devrait être fait semble pourtant évident. D’un côté, un grand stade d’athlétisme construit sur l’une des zones les plus glaciales de Lausanne et dont même les défenseurs doivent admettre que les arguments en faveur de sa construction ne reposent que sur Athletissima (voir les deux premiers paragraphes de la partie du site Internet du projet Métamorphose consacrée aux installations sportives au nord). Un événement sportif certes important, mais qui reste ponctuel et devrait tôt ou tard être victime de la réputation bien supérieure du Weltklasse à Zurich. De l’autre côté, un stade dédié au football dont la construction, en répondant aux promesses qui leur avaient été faites, devrait inciter les dirigeants du club phare du canton de Vaud à enfin afficher des ambitions sportives dignes de ce nom et les aider à convaincre des partenaires à s’engager financièrement à leur côté.
Il y a malheureusement fort à parier qu’à vouloir ménager la chèvre et le chou, on aboutisse comme souvent à une solution boîteuse : dans le cas présent, celle d’un seul stade (de football) situé au bon endroit, mais construit bien tardivement et qui se révélera vite petit au cas où le LS parviendrait à nouveau à lutter pour le titre national.

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