Aldo Rossi ar­chi­tecte du sus­pens

En quête du temps propre de l’architecture

Date de publication
31-01-2017
Revision
05-02-2017

Pour Aldo Rossi, l’architecture se déploie comme un rite : les signes architecturaux qui se répètent, les différents types qui sont repris d’un projet à l’autre, reproduisent la corporalité qui est à leur origine. Dans ce rituel, le monde des sensations et des impulsions obscures que la rationalité moderne avait rejeté refait surface de manière inattendue. A travers l’identification de l’architecture au corps animal ou humain, le désir qui était mis à l’écart de toute création est réintroduit dans l’architecture. Il s’agit d’un désir latent, inquiet de sa propre mort, un désir qui ne saurait s’exprimer autrement qu’à travers la répétition d’une typologie architecturale invariable. Parler de suspens en architecture revient ainsi, dans un premier temps, à évoquer un état de figement dont la finalité serait d’accéder à une temporalité anhistorique où la fixité domine. Toutefois, parler de suspens c’est aussi suggérer qu’il existe une attente et une latence au sein de cette fixité. C’est dire que le temps du suspens est corporel et inquiet.
Nous entraînant dans une enquête subtile qui traverse les écrits, projets et dessins réalisés entre 1959 et 1982 par l’architecte italien, l’ouvrage de Can Onaner permet de dévoiler sous un jour nouveau les notions et thèmes fondamentaux de l’œuvre d’Aldo Rossi : le type, la répétition, la permanence. Mais aussi de fonder le concept de suspens comme une nouvelle approche théorique de l’architecture, emblème de tout projet architectural inquiet de sa pérennité et mythe nécessaire, sinon fondateur, de toute urbanité.

 

Références

 

ALDO ROSSI ARCHITECTE DU SUSPENS.    
En quête du temps propre de l’architecture
Can Onaner
MētisPresses, Collection vuesDensemble, Genève, 2016
44.– francs

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