Les bu­reaux d’étu­des de­meu­rent pru­dents mais po­si­tifs

Il ressort de la dernière enquête trimestrielle menée par le KOF en juillet 2022 que les bureaux d’études ont revu à la baisse leurs estimations concernant la marche actuelle de leurs affaires par rapport à la dernière enquête du mois d’avril. Ils restent cependant confiants pour l’avenir.

Publikationsdatum
16-08-2022

Les bureaux d’études voient désormais la réalité en face: leur situation économique n’a rien d’idyllique. Et pour cause, les résultats de l’enquête trimestrielle menée par le Centre de recherches conjoncturelles de l’ETH (KOF) en juillet 2022 montrent que les bureaux d’études sont moins satisfaits de la marche de leurs affaires que lors de la dernière enquête. L’évolution de la demande au cours des trois derniers mois est elle aussi désormais jugée plus modérément. Les prestations fournies se sont néanmoins légèrement améliorées, à l’instar des carnets de commande qui se maintiennent à 11,8 mois. Par rapport au trimestre précédent, le volume de projets pour les contrats nouvellement conclus a augmenté et la situation bénéficiaire des bureaux d’études quelque peu progressé.

Attentes revues à la hausse en matière de prix

Dans la branche des études, les perspectives à court terme évoluent de manière positive. Par rapport à l’enquête menée en avril, les bureaux d’études ont revu à la hausse leurs attentes quant à la marche de leurs affaires dans les six prochains moins: 13% d’entre eux escomptent une amélioration, 6% une dégradation et 82% n’attendent aucun changement. Il apparaît que les répondants sont un tout petit peu plus confiants quant à la demande et la fourniture de prestations dans les trois prochains mois.

Sans surprise, pour ce qui est des prix, les attentes ont une nouvelle fois nettement augmenté ces derniers temps – 13 % des bureaux d’études comptent sur une augmentation, 81% sur un maintien et 5% pronostiquent une baisse au trimestre suivant. Dans le même temps, les bureaux d’études se montrent optimistes quant à leur situation bénéficiaire au cours des trois prochains mois.

Les architectes dans la retenue mais optimistes

En juillet 2022, les bureaux d’architecture ont clairement revu à la baisse leurs estimations concernant leur situation économique. Par rapport à la dernière enquête, l’évolution de la demande, de la fourniture de prestations et des carnets de commande des trois derniers mois a été jugée avec beaucoup plus de réserve. Les architectes ont toutefois révisé à la hausse leurs attentes quant à la marche de leurs affaires dans les six mois à venir: 14% pronostiquent une amélioration, 78% considèrent que le statu quo devrait se maintenir et 7% s’attendent à subir une dégradation. Ils sont également légèrement plus optimistes quant à l’évolution des prestations à fournir au cours des trois prochains mois, et leurs estimations concernant la demande restent quasiment inchangées. Alors que les attentes des bureaux d’architecture en matière de prix sont en baisse pour la première fois depuis le pic d’avril, ils restent tout de même confiants quant à l’évolution de leur situation bénéficiaire. La part des bureaux déplorant une pénurie de main-d’œuvre a augmenté depuis la dernière enquête et s’élève à 54%. Dans le même temps, les perspectives d’embauche dans les trois prochains mois s’assombrissent fortement.

La situation s’améliore pour les ingénieurs

En juillet 2022, les bureaux d’ingénieurs se sont montrés moins optimistes qu’en avril quant à l’évaluation de leur situation économique. Ils soulignent cependant une nette évolution de la demande, de la fourniture des prestations et des carnets de commande – qui s’étalent sur 11,4 mois – au cours du trimestre écoulé. Leurs attentes quant à la marche de leurs affaires dans les six prochains mois s’éclaircissent: 11% tablent sur une amélioration, 84% sur un maintien du statu quo et seuls 5% craignent une dégradation. Ils restent sur la retenue au sujet de la demande et de la fourniture des prestations au cours des trois prochains mois. Tout comme les architectes, les ingénieurs ont une nouvelle fois revu à la hausse leurs estimations portant sur l’évolution des prix pour les trois mois à venir: 14% s’attendent à une hausse, 3% à une baisse et 84% estiment qu’ils resteront dans les fourchettes actuelles. Pour la même période, les bureaux d’ingénieurs comptent de plus en plus sur une amélioration de leur situation bénéficiaire. La part de bureaux déclarant voir leur activité ralentie par des effectifs insuffisants a légèrement augmenté et s’élève aujourd’hui à 59%.

L’économie suisse reste stable

La robustesse des résultats qui ressortent de l’actuelle enquête trimestrielle reflète la situation économique de la Suisse. Malgré les crises – guerre en Ukraine, inflation galopante et incertitude quant à un regain de la pandémie à l’automne – l’économie reste stable. D’après les pronostics du KOF de juin 2022, le produit intérieur brut (PIB) augmentera de 2,7% cette année et de 1,6% l’an prochain. La consommation intérieure serait le moteur de cette conjoncture stable. Mais il s’agit là d’une hypothèse, la pandémie de coronavirus ayant prouvé la rapidité avec laquelle un retournement de situation pouvait survenir. Si l’Europe ne reçoit plus de gaz russe, la menace d’une récession plane et la Suisse, qui se trouve pour l’instant encore dans l’œil du cyclone, n’y échappera pas. En effet, la zone euro est le principal partenaire commercial de la Suisse.

L’énergie et les denrées alimentaires toujours plus chères

La hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires – la première entraînant la seconde – suscite tout particulièrement l’inquiétude. Et comme souvent, ce sont les personnes touchant un revenu modeste qui en sont les premières victimes, puisqu’elles doivent désormais consacrer un budget encore plus conséquent à l’alimentation. Les personnes qui perçoivent un faible revenu n’auront d’autre choix qu’économiser sur la nourriture. La famine se fera sentir – pas en Suisse, peut-être même pas en Europe, mais certainement en Afrique et en Asie.

Selon les conclusions d’Amartya Sen, philosophe indien et lauréat du prix Nobel d’économie, les causes principales de la faim ne sont pas toujours la hausse des prix ou le coût élevé des denrées alimentaires, mais bien l’insuffisance des revenus et des mécanismes de protection des membres les plus vulnérables de la société. La solution au problème apparaît comme étant relativement simple: les personnes ou les classes sociales vulnérables ont besoin d’une meilleure protection. Et ceux qui pensent que cela ne concerne pas la Suisse – bonne élève – devraient se pencher davantage sur les conséquences globales des perturbations des chaînes d’approvisionnement dues à la pandémie. À titre d’exemple, si la Chine se retrouve à l’arrêt, cela se ressentira également en Suisse. Autrement dit, le monde est comparable à un gigantesque engrenage et il suffit d’un seul grain de sable pour enrayer toute la mécanique du système. «La crise, vecteur d’opportunité»: bien que ce slogan prônant la persévérance semble dépourvu de crédibilité, c’est le seul moyen de se sortir de la misère. Et pour y parvenir, il faut provoquer le changement. Les secteurs politique et économique doivent revoir leur façon d’agir et de penser, à commencer par la solidarité, une production alimentaire équitable et une production d’énergie verte aussi indépendante que possible.

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