La branche des études tient bon
L’enquête trimestrielle du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’ETH Zurich réalisée en avril montre que la situation économique du secteur des études est satisfaisante, à quelques bémols près. En effet, les bureaux envisagent l’avenir avec prudence.
Il ressort de l’enquête conjoncturelle du KOF d’avril 2025 que la situation économique actuelle des bureaux est sensiblement la même qu’en janvier. Toutefois, un examen plus attentif révèle de légers ralentissements. En effet, les évaluations relatives à l’évolution de la demande et de la fourniture de prestations au cours des trois derniers mois apparaissent en légère baisse, idem pour ce qui est de l’évolution de la situation bénéficiaire. Par ailleurs, 26 % des bureaux font état d’une demande insuffisante qui freine leur activité, un taux en légère augmentation par rapport à début 2025. En revanche, les carnets de commande se sont légèrement étoffés sur la même période. Sur le front des ressources humaines, une légère augmentation des effectifs a été enregistrée au cours du trimestre dernier, mais ils restent encore inférieurs aux besoins des bureaux qui sont toujours 49 % à se dire en proie à une pénurie de main-d'œuvre.
Les perspectives d'avenir se ternissent quelque peu, comme le révèlent les attentes relatives aux prochains mois. Si les bureaux envisagent la marche des affaires des six prochains mois de manière majoritairement positive, ils se montrent moins optimistes qu’en janvier, et ne sont plus que 12% à tabler sur une amélioration, alors que 81 % n’attendent aucun changement et que 6% craignent une dégradation. Idem pour ce qui est des prévisions relatives à la demande et à la fourniture de prestations au trimestre prochain qui accusent une légère baisse.
Bilan positif pour les architectes
Bonne nouvelle du côté des bureaux d’architecture dont les résultats traduisent une embellie par rapport au trimestre précédent. Les architectes se disent majoritairement satisfaits de leur situation économique, et il apparaît qu’ils ont de plus bénéficié d’une évolution plus favorable de la demande, de leurs carnets de commande, de la fourniture de prestations et de leurs ressources humaines. Par rapport au début d’année, les carnets de commande ont connu la plus forte progression. Dans le même temps, la part de bureaux déclarant des effectifs insuffisants se monte à 42%, alors que ce chiffre s’établissait à 39% en janvier. Les architectes n’en sont pas moins un peu plus réservés dans leurs estimations relatives aux prochains mois, et s’attendent à une évolution moins dynamique de la demande et de leurs revenus au cours des trois prochains mois.
Temps moroses pour les ingénieurs
Contrairement aux bureaux d’architecture, le tableau qui se dessine chez les ingénieurs est plus maussade qu’en début d’année. En effet, les chiffres relatifs à la demande, aux carnets de commandes, aux prestations fournies et à la situation bénéficiaire ont accusé une baisse au cours des trois derniers mois. La demande est l’indicateur le plus impacté, puisque le taux de bureaux d’ingénierie à se dire affectés par une demande insuffisante passe de 23% en janvier à 26% en avril. En conséquence, la pénurie de main-d'œuvre se calme légèrement. Logiquement, le ralentissement actuel se répercute également sur les perspectives pour les mois à venir : les ingénieurs apparaissent moins confiants pour ce qui est de la marche de leurs affaires au cours du semestre à venir ainsi que de la fourniture de prestations et de la situation bénéficiaire au cours du prochain trimestre.
Une économie suisse impactée
Comme c’est souvent le cas, la branche des études affiche une situation économique globalement solide, ce qui tranche avec la tendance générale révélée par l’indicateur KOF de la situation des affaires de l’économie privée suisse. Cet indicateur, calculé sur la base des données fournies par quelque 4 500 entreprises suisses, a en effet enregistré un nouveau recul en avril, ce qui constitue sa troisième baisse consécutive en 2025. Le refroidissement est particulièrement marqué chez les prestataires de services financiers et assurantiels ainsi que dans la catégorie générale des autres services. La situation économique dans la construction, la branche des études et dans le commerce de détail présente une légère détérioration. En revanche, l’industrie manufacturière, le commerce de gros et l’hôtellerie-restauration affichent une légère augmentation. Les attentes des entreprises pour le semestre à venir traduisent les réserves qui prévalent dans presque tous les secteurs.
La situation économique continuera d’alimenter les doutes jusqu’à ce que le conflit commercial avec les États-Unis s’apaise. Bien que suspendues pour 90 jours, les taxes douanières de 31% dont ont été frappés les biens suisses génèrent une grande incertitude, notamment chez les sociétés exportatrices. Le franc suisse a par ailleurs fortement progressé par rapport au dollar, ce qui constitue un frein supplémentaire. L’avenir économique rendu incertain par la politique commerciale erratique des États-Unis pèse de plus sur les investissements. Reste maintenant à attendre l’issue des négociations avec les États-Unis qui pourraient contribuer à dissiper quelque peu ces inquiétudes. Il n’en reste pas moins que la situation reste instable pour le moment et que les entreprises seraient bien conseillées de se préparer à faire face à un environnement international houleux.
Cet article se fonde sur les données du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’ETH Zurich. Il est complété par l’éclairage économique de l’autrice, Susanne Schnell, spécialiste Communication et affaires publiques/Content Manager SIA (susanne.schnell [at] sia.ch (susanne[dot]schnell[at]sia[dot]ch)).