Alt+1000: pay­sa­ges fra­gi­les à la Bré­vi­ne

Depuis 2008, le festival de photographie Alt+1000 rassemble sur un site de moyenne altitude des travaux qui portent un regard sensible et critique sur les territoires de montagne du monde entier. Cette année, parmi les 17 séries exposées, plusieurs témoignent de la fragilité de ces paysages.

Data di pubblicazione
12-09-2023

Alt+1000 est une exploration critique et esthétique du paysage réunissant 17 artistes internationaux·ales sur un site de moyenne altitude. Cette année, l’exposition se déploie autour du lac des Taillères, dans la vallée de la Brévine (NE) ainsi qu’au Musée des Beaux-Arts du Locle (MBAL). L’objectif du festival est d’appréhender la notion de paysage, généralement associée à l’idée du beau ou du loisir, sous de nouveaux éclairages et par les relations complexes qui le façonnent: économiques, politiques, territoriales, sociologiques ou encore émotionnelles. L’exposition est accompagnée d’un programme de balades, lectures et rencontres.

La fragilité est l’un des thèmes prépondérants dans les installations présentées cette année, une thématique qui fait écho aux témoignages livrés dans le dossier 1400 m de la présente édition. TRACÉS s’associe au festival Alt+1000 en proposant une discussion sur l’altitude 1400 m avec les autrices du dossier de la présente édition, le samedi 9 septembre, à 17:00 au lac des Taillères.

La série Phénomènes de Marina Gadonneix explore les modèles scientifiques de réplique d’événements naturels, de phénomènes météorologiques ou astrophysiques: ouragans, tremblements de terre, éruptions ou aurores boréales. À travers leur (re)production artificielle, ces phénomènes prennent littéralement forme, deviennent des choses – des entités sur lesquelles nous pouvons dès lors avoir une préhension. Dans Avalanche#1, comme dans les autres photographies de la série, l’artiste examine ce désir propre aux êtres humains de s’approprier par l’intellect et de transformer en objets tangibles des phénomènes qu’ils ne maîtrisent pas.

Dans le cadre du programme de résidence Sustainable Mountain Art (SMArt), Lara Chahine s’est rendue à Poschiavo (GR) pour réaliser un projet de recherche photographique sur le thème de l’eau. Quand elle y arrive à la fin d’un hiver considéré comme l’une des périodes les plus sèches enregistrées dans la région, les montagnes sont brunes et dénudées, les plantes ont soif. L’artiste décide de documenter la relation que les habitant·es de la vallée entretiennent avec l’eau. La série, intitulée reality is a movement, est empreinte de mélancolie, voire de solastalgie. Elle remet en question l’imaginaire façonné autour d’un paysage que l’on croit à tort être une source d’eau intarissable.

Ces images nous sont étrangement familières. On dirait la Suisse, il y a quelques décennies. Depuis 2013, Natela Grigalashvili documente la vie des dernier·ères nomades de Géorgie dans une série intitulée de manière sombrement prémonitoire The Final Days of Georgian Nomads. La situation socioéconomique complexe a entravé le développement et l’intégration des familles paysannes de cette région isolée du pays, l’Adjarie montagneuse. Pendant des années, celles-ci n’ont pu bénéficier d’un accès à l’éducation complète, aux soins ni à la plupart des services élémentaires. Les villages ont souffert de pénuries d’électricité et sont coupés du monde durant les hivers rigoureux. Environnement aux paysages aussi beaux qu’hostiles, l’Adjarie s’est peu à peu vidée de ses habitant·es et ses traditions disparaissent lentement.

La photographe argentine Ingrid Weyland a commencé à créer sa série Topographies of Fragility après avoir constaté les effets délétères du tourisme irresponsable sur l’un de ses endroits préférés en Islande. En guise de métaphore des «dommages violents subis par la nature», elle froisse, tord et remodèle des photographies physiques de paysages majestueux, puis les rephotographie sur les tirages d’origine. Les images qui en résultent, à la fois surréalistes et stimulantes, mettent en exergue «la façon dont nous traitons la nature comme si elle était jetable», explique-t-elle, et finissent par «transmettre à la fois la beauté et la décadence, nous rappelant ce que nous risquons de perdre».

Événements

 

Festival de photographie – 26.08-18.09.2023
Alt+1000
Lac des Taillères et Musée des Beaux-Arts du Locle (MBAL)
-> alt1000.ch

 

Discussion TRACÉS09.09.2023, 17:00
1400 m
Lac des Taillères
-> events.espazium.ch

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