50 ans du cam­pus de l’EP­FL: un an­ni­ver­sai­re pay­sa­ge

Pour ses cinquante ans, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) célèbre l’environnement et le paysage. Depuis son arrivée à Dorigny en 1974, après plusieurs extensions et bâtiments construits par des architectes de renom, l’institution investit aujourd’hui ses espaces extérieurs. Une mission importante au sein d’un campus essentiellement minéral.

Data di pubblicazione
27-04-2022

L’investissement de l’Atelier du Paysage sur le site de l’EPFL remonte à 2006. Dans son premier projet «Parc EPFL», il a établi un concept de planification à long terme pour le campus où sont identifiées les lignes directrices d’un paysage cohérent et en mesure d’évoluer au gré des projets architecturaux. Une expertise au long cours qui a fait de l’Atelier du Paysage l’interlocuteur privilégié pour mener à bien cette mission à la fois stratégique et environnementale en lien avec la stratégie paysagère dans le cadre du programme Resilient Campus mené par l’unité Durabilité-EPFL.

Du workshop au mandat: un processus contributif pour définir le site

Ce projet est surtout le récit d’une communauté académique et estudiantine. Le laboratoire ALICE de l’EPFL a ainsi œuvré, de concert avec l’Atelier du Paysage, pour ouvrir grand les portes au paysage.

Si aujourd’hui il porte le nom de «50 ans – 50 arbres», il est plus riche dans sa conception et sa mise en œuvre où «chaque personne investie est devenue acteur·rice», souligne Dieter Dietz. Pour le directeur de la Section d’architecture (SAR) et du laboratoire ALICE, c’est une manière de construire notre habitat ensemble. En 2018, pour ce projet, le design research d’ALICE a mis sur pied un processus contributif pour développer des potentiels de conception avec les étudiant·es. Un processus précédé par une intervention sur la place Cosandey en 2015, prémices à ce projet.

Le site pressenti était la route des Noyerettes, qui traverse le campus d’est en ouest, au nord du Rolex Learning Center, et aboutit à la place Cosandey. Comment cet espace pouvait-il évoluer d’une situation d’intersection, au caractère très routier, vers un projet de paysage capable de donner l’amplitude nécessaire aux déambulations piétonnes? Plusieurs directions ont été esquissées, dans l’épaisseur du projet anniversaire, afin d’opérer cette requalification: définir les parcours piétons, diminuer l’effet d’îlot de chaleur et révéler un écrin paysager au-delà des 50 arbres. Cette réflexion s’est étendue à l’avenue Piccard, une perpendiculaire à l’axe des Noyerettes, pour initier la fermeture du site aux véhicules non autorisés.

L’Atelier du Paysage a été mandaté à la suite de workshops où des stratégies conceptuelles ont été définies par les étudiant·es. Elles et ils ont élaboré trois motifs – tapis, couronne d’arbres et cercle au sol – capables de faire muter cet espace public. Sur l’axe est-ouest, l’imaginaire du tapis est animé par une volumétrie topographique et une végétation travaillant toutes les strates, où s’insère un maillage appelé «lignes de désirs». De l’absence partielle de l’herbe, les étudiant·es ont déduit des parcours. Une approche sensible du paysage poursuivie avec la superposition de deux cercles, situés pratiquement à l’intersection des deux routes: celui de la couronne des 50 arbres, d’une part, auquel répond le plateau piétonnier, d’autre part. Ce jeu de motifs s’appuie sur le patrimoine végétal existant pour formuler une trame de mobilité douce qui s’étend de façade à façade. En effet, le choix du site pour la plantation des 50 arbres n’est pas un hasard, il vient renforcer la présence d’un cordon boisé de très grande qualité et le boisement de la rivière de la Sorge.

Requalifier, dégrapper, planter

Dans la phase de faisabilité, l’Atelier du Paysage a réalisé un inventaire pour identifier la végétation à conserver sur le site. Et les essences choisies pour le projet des 50 arbres (tilleuls communs, tilleuls à petites et à grandes feuilles, charmes, érables champêtres et merisiers), font la synthèse entre le passé et le futur du lieu. «Désormais, nous travaillons dans cette direction: mélanger les essences et réfléchir à celles qui s’adapteront aux températures de demain. Parler de plantes strictement indigènes n’est plus aussi adéquat, de même qu’il faut considérer l’ensemble du cortège végétal qui accompagne les arbres», explique Laia Solé de l’Atelier du Paysage. Cette réflexion s’est poursuivie sur les masses végétales du tapis où les strates arbustive et herbacée, composées de saules nains, de stipas et autres plantes aromatiques, font l’objet d’une gestion différenciée pour un paysage qui se renouvelle au fil des saisons.

«L’aspect durabilité est l’un des critères clefs de ce projet, c’est pourquoi nous avons proposé de maximiser les surfaces perméables pour garantir l’infiltration des eaux», poursuit Laia Solé. Cet objectif s’est traduit par la capacité de cette intervention à mêler la trame piétonne aux espaces végétalisés, d’une part, et à favoriser le réemploi de matériaux présents sur le site, d’autre part. Les terres excédentaires ont été utilisées pour créer une nouvelle topographie sur l’ensemble du secteur, à proximité du Rolex Learning Center et devant la garderie. Et l’équipe de design research d’ALICE, avec les architectes paysagistes, de concert avec le maître d’ouvrage et dans le respect des attentes de l’esquisse formulées par les étudiant·es, ont saisi l’enjeu de réaliser cette trame piétonne diffuse sur l’ensemble du secteur grâce au réemploi des graves obtenues par le dégrappage des surfaces asphaltées. Dans un jeu subtil de dalles en terrazzo produites en béton recyclé à partir des déblais recyclé du site, les limites structurelles, entre route et trottoir, s’effacent pour favoriser la mixité des usages et des parcours. Entre les dalles s’intercalent des pavés, aussi récupérés sur le site, pour venir tisser ce motif.

Avec ce projet, l’EPFL devient un site davantage sensible à l’échelle humaine. «Quand on plante cinquante arbres pour un jubilé, on s’attend à ce que ceux-ci soient déjà grands, qu’ils aient une certaine prestance pour symboliser le geste politique. Mais, est-ce une démarche durable? C’est pourquoi nous pensons plutôt à un projet de pépinière», dévoile l’architecte Arthur Blanc, porteur de projet pour ALICE. Après ces 50 arbres plantés pour son jubilé, avec ce projet de pépinière, il est désormais question d’en planter 5000 sur un campus qui n’en compte aujourd’hui qu’environ 350. Ce projet de pépinière investirait tous les espaces potentiels de l’EPFL, des jardinières des bâtiments aux espaces de pleine terre. On peut y voir une continuité dans la planification à long terme proposée par l’Atelier du Paysage.

50 ans 50 arbres, campus EPFL, Lausanne (VD)
Maître d’ouvrage
EPFL

 

Architecture du paysage
L’Atelier du Paysage, en collaboration avec l’Atelier de la conception de l’espace (ALICE), ENAC, EPFL

 

Direction des travaux
Marti Entreprise Générale

 

Type de commande
Mandat direct

 

Programme
Aménagements extérieurs et paysagers inscrits dans la stratégie Resilient Campus

 

Réalisation
2019-2021

 

Coût de construction
975 000 CHF TTC

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