Qui a peur de la par­ti­ci­pa­tion ?

Les aspirations des citoyens à reprendre la main sur leur cadre de vie ne datent pas d’hier. Depuis les années 1960, les revendications pour le « droit à la ville » ont progressivement amené à reconsidérer la place des habitants dans les processus de projet.

Data di pubblicazione
11-06-2021

Aujourd’hui, la «participation» s’est banalisée, sous diverses formes, plus ou moins valables: du co-projet initié par des groupes d’acteurs engagés jusqu’aux manifestations les plus démagogiques orchestrées par les maîtres d’ouvrage à coups d’outils de communication infantilisants. Une nouvelle étape a été franchie récemment, avec les forums citoyens, les civic tech ou les budgets participatifs qui donnent aux habitants l’illusion d’avoir prise sur les décisions, tout en légitimant une culture montante de la contestation des savoirs spécialisés. Le flou même du terme «participation» et la difficulté à évaluer sa plus-value sur la qualité des projets entretiennent le doute sur l’intérêt réel de certaines démarches. Aussi, pas étonnant que des architectes les perçoivent parfois comme une contrainte de plus, voire une remise en cause de leurs compétences.

Il faut donc faire le tri dans la participation. Ce dossier explore plusieurs expériences de coopération entre professionnels et non-professionnels, experts de l’espace et d’autres disciplines, qui remettent en question les processus de projet traditionnels à trois échelles: l’immeuble, le quartier, la région. Ces démarches d’échange et de partage de connaissances, dans une forme d’horizontalité des rapports entre des acteurs multiples, produisent des visions et des projets qui redonnent, de fait, la priorité aux questions d’usages, d’écologie, de vie en commun. Les architectes et urbanistes, loin d’être dépossédés de leur expertise, y trouvent un cadre favorable à l’expérimentation, un enrichissement possible de leurs projets, voire des alliés contre les exigences économiques posées par certains maîtres d’ouvrage. Dans cette perspective, ils ont tout à gagner à jouer le jeu de la participation.

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