Zo­ne à dé­bat­tre

Éditorial du numéro de décembre 2020 de la revue TRACÉS

Data di pubblicazione
04-12-2020

Lors de la session parlementaire de septembre 2020, les Chambres fédérales ont définitivement adopté la nouvelle loi sur le CO2. Une réforme que les grévistes du climat considèrent comme un exercice alibi, alors que l’UDC la juge trop radicale. Les deux formations l’attaquent par référendum, avec des argumentaires ­diamétralement opposés.

Que ce soit au moyen de taxes, d’incitations, de subventions ou de compensations, l’objectif de la loi est la réduction des émissions de CO2: -50% d’ici 2030 (par rapport à 1990), à effectuer aux trois quarts en Suisse. Gros émetteur de gaz à effet de serre, le secteur de la construction – et surtout sa filière béton – serait bien évidemment impacté par cette réforme.

La question du CO2 offre un angle de vue intéressant sur l’occupation zadiste de la colline du Mormont, à Éclépens (VD). Elle est située sur la ligne de partage des eaux de la Méditerranée et de la mer du Nord, mais aussi sur une ligne de partage des idées: d’un côté, Holcim, qui souhaite élargir l’exploitation d’un site qui produit 20% du ciment consommé en Suisse; de l’autre, des zadistes qui envisagent un autre monde, fait de construction en bois, en paille ou en brique.

Dans le monde d’aujourd’hui, le béton est un matériau dont le domaine de la construction ne peut pas encore se passer. Sachant que 80% du ciment utilisé en Suisse y est également produit, ne vaudrait-il pas mieux conserver cette industrie sur notre territoire et consommer local? Même si le terme peut paraître galvaudé quand on l’associe à une multinationale, l’importation du ciment ne ferait qu’alourdir son bilan écologique. De plus, maintenir une production suisse, c’est soumettre cette filière à une législation environnementale stricte et permettre aux citoyennes et aux citoyens de faire valoir leurs revendications écologistes: exiger du béton véritablement vert, favoriser d’autres filières, construire mieux, construire moins.

Mais «consommer local», autant que possible, c’est d’abord refuser d’exporter les nuisances que génère notre confortable mode de vie. Observer la balafre du Mormont – ou tout autre stigmate industriel – est une excellente occasion de réfléchir à la direction que nous souhaitons suivre. Et plutôt que de railler l’utopie zadiste et pointer ses incohérences, laissons-la aiguillonner cet indispensable débat sur le monde d’après.

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