PIO­VE­NE­FA­BI: de la cuil­lè­re à la vil­le

Le duo PIOVENEFABI se distingue par sa capacité à engendrer et à représenter des idées d’architecture en usant de moyens divers. Qu’il s’agisse de dessins, d’édifices, de mobilier ou d’agencements, les architectes font preuve d’une belle habileté à traiter simultanément des échelles dimensionnelles et culturelles différentes.

Data di pubblicazione
29-03-2018
Revision
29-03-2018

Implanté à Milan et à Bruxelles, le bureau PIOVENEFABI créé en 2013 exerce son activité à l’international dans les domaines de l’architecture, de la recherche urbaine et du design. Après avoir été assistants à l'Accademia di architettura di Mendrisio, Ambra Fabi et Giovanni Piovene enseignent actuellement à l’École d'architecture de la ville et des territoires de Marne-la-Vallée. Ils font partie du collectif chargé d’organiser la Triennale d’architecture de Lisbonne en 2019. Ambra Fabi (1981) a obtenu son diplôme d’architecte à l’Accademia di Mendrisio et a ensuite travaillé à l’Atelier Peter Zumthor & Partner. Diplômé de l’Université IUAV de Venise, Giovanni Piovene (1981) est, quant à lui, membre fondateur du bureau Salottobuono (2007-2013) et de la revue d’architecture San Rocco (2010).

Agencements, pavillons et mobilier

Après avoir organisé en 2013 les projets San Rocco: Book of Copies à l’Architectural Association de Londres, the Sixth Room à la Den Frie Gallery de Copenhague et celui de l’exposition Paulo Mendes Da Rocha, Tecnica e Immaginazione à la Triennale de Milan (2014), PIOVENEFABI a été invité en 2016 à réaliser le pavillon du festival d’été Parckdesign à Bruxelles, la biennale organisée par l’Institut bruxellois pour la gestion de l'environnement (IBGE).

Situé à l’intérieur du parc Duden de Bruxelles, sur le belvédère du Plateau du Midi, le pavillon obéit à une composition précise avec un espace ouvert divisé en trois volumes indépendants: un système de mobilier triangulaire avec un point d’information, une structure en bois dotée de panneaux ouvrants servant de kiosque et une tour à base hexagonale abritant un laboratoire de distillation de plantes aromatiques et médicinales. Le périmètre carré formé par une structure de poteaux métalliques soutient un vélum escamotable en tissu blanc et délimite l’espace scénique réservé aux manifestations. Cette structure constitue un point de repère architectural visible de loin. À l’intérieur, un dispositif visuel permet d’observer le Jardin Essentiel, conçu et cultivé en superposition à l’aménagement néoclassique du parc.

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Les architectes se sont inspirés de ce prototype pour réaliser cinq pavillons capables de s’adapter à l’environnement de cinq parcs de la capitale belge: Duden, Cinquantenaire, Roi Baudouin, George Henri et Abbaye de la Cambre. Au cœur de la ville dense, les kiosques deviennent d’agréables lieux de rencontre et de détente au contact de la nature. Chaque pavillon se caractérise par une couleur dominante qui lui est propre et s’intègre au cadre existant par ses dimensions et son orientation.

Parmi les ouvrages du bureau Piovenefabi, on compte également Half Circus (2018), imaginé à l’occasion d’une exposition toujours visible au Palais des Beaux-Arts Bozar de Bruxelles. Ce semi-chapiteau rend hommage à l’œuvre de l’artiste français Fernand Léger (1881-1955). Dressé devant l’entrée du musée, Half Circus a été conçu comme un espace temporaire destiné à accueillir des spectacles de cirque et des évènements culturels. Constitué d’une salle semi-circulaire au toit incliné, sous-tendue par une structure métallique noire recouverte d’une toile blanche et éclairée par des ampoules de couleur, il évoque depuis l’extérieur l’atmosphère magique et fabuleuse du cirque.

Sur une commande de Maniera, Piovenefabi a par ailleurs réalisé, en collaboration avec les artisans piémontais Stefano et Franco Versino, Light Conversation Pieces, une collection de tabourets et de tables monolithiques de petit format en pierre de Luzerne. Le plan horizontal rugueux et les flancs lisses de ces pièces mettent en évidence les strates de la pierre. Reliés au sol comme des bâtiments, les blocs sculptés se transforment en une suite de micro-architectures idéales.

En 2017, à l’occasion de la Biennale d’architecture de Chicago organisée sur le thème Make New History, PIOVENEFABI a présenté Metrò, une série de mobilier qui réinterprète l’aménagement des stations des lignes 1 et 2 du métro de Milan (Franco Albini, Franca Helg et Bob Noorda). En 1964, ce projet déclinait des structures résistantes, des formes élégantes et des matériaux innovants pour l’époque: dalles en ciment coloré Silipol, mains courantes tubulaires en émail rouge, pierre recomposée et sols dallés en caoutchouc noir à pastilles produits par Pirelli. S’appropriant le design d’origine, PIOVENEFABI a idéalement sorti chaque élément de son contexte pour le transformer en un objet monomatière dans l’idée de créer un nouveau paysage domestique.

Le dessin d’un objet et la conception d’un bâtiment ont en commun l’attention apportée au rapport entre l’intérieur et l’extérieur, entre le produit et l’utilisateur. Dans les deux cas, le processus part de l’étude des éléments isolés qui, composés et assemblés, donneront vie à la forme et aux images souhaitées. En 1953, Ernesto Nathan Rogers (1909-1969) reprenait le slogan «de la cuillère à la ville» pour illustrer dans la Charte d’Athènes l’approche adoptée par l’architecte milanais. De la même manière, le duo PIOVENEFABI réussit à engendrer et à représenter des idées d’architecture en usant de moyens divers. Qu’il s’agisse de dessins, d’édifices, de mobilier ou d’agencements, les concepteurs font preuve d’une belle habileté à traiter simultanément des échelles dimensionnelles et culturelles différentes.

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