Une al­liance vi­tale face au risque sis­mique

Architectes, ingénieur·es et autorités

Un événement certes rare, mais possible: un violent tremblement de terre dans une ville comme Genève, Bâle, Zurich, Lucerne ou Berne aurait de lourdes conséquences. C’est ce que démontre le nouveau modèle de risque sismique de la Suisse. Le cas advenant, les dégâts peuvent être limités grâce au travail des ingénieur·es, des architectes et des autorités.

Date de publication
27-06-2023
Dörte Aller
Météorologue, responsable Climat / Dangers naturels auprès de la SIA

Le risque sismique chiffre les conséquences possibles d’un séisme sur les personnes et les bâtiments ainsi que les pertes financières et humaines qu’elles entraînent. Plusieurs facteurs permettent de le déterminer:

  • L’aléa sismique indique, pour un endroit donné, la fréquence et l’intensité potentielles des secousses sismiques. En Suisse, il est le plus important en Valais, suivi de Bâle, des Grisons, de la vallée du Rhin saint-galloise et de la Suisse centrale. Pour autant, il existe également dans les autres régions de Suisse.
  • La nature du sol influence l’intensité des secousses: plus le sol est meuble, plus les secousses sont fortes et plus le risque de dommage est grand.
  • La vulnérabilité des bâtiments exprime les dégâts que ceux-ci pourraient subir en cas de séisme. Différents types de bâtiments ont été identifiés puis répartis, selon leurs caractéristiques, en classes de vulnérabilité.
  • La densité de population et de construction constitue le dernier facteur du modèle de risque sismique, pour lequel la valeur et la taille des bâtiments sont décisives. Plus de deux millions de bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels ont été analysés. Ce facteur prend en compte, d’une part, les coûts de remise en état, ou de reconstruction dans les cas les plus graves, et, d’autre part, le nombre de personnes présentes dans les bâtiments.

Quel est le niveau de risque sismique en Suisse?

Sur un siècle, l’étendue des dommages matériels causés par des tremblements de terre pourrait se situer entre 11 et 44 milliards de francs. Ces statistiques sont fortement influencées par un scénario potentiellement catastrophique, dans le cas d’un séisme d’une rare violence. Jusqu’à 1600 personnes pourraient y laisser la vie et 40 000 à 175 000 pourraient perdre leur logement.

La carte de risque sismique repose sur un indice qui combine les pertes humaines éventuelles et celles financières induites par les dommages matériels. On y voit que si le risque est le plus élevé dans les villes de Bâle, Genève, Zurich, Lucerne et Berne, il reste toutefois présent dans toute la Suisse, mais de manière plus faible. De manière générale, le risque sismique est proportionnel à la densité de construction d’une zone.

Pourquoi le risque est-il si haut à Genève?

Malgré la relativement faible probabilité d’un tel événement, le sol meuble, la forte densité de population et la présence de nombreux bâtiments d’une grande valeur historique et financière et d’infrastructures critiques font de Genève une ville à haut risque en cas de fortes secousses. Le cas échéant, cela signifie de nombreuses victimes potentielles et d’immenses dommages aux bâtiments et aux infrastructures.

Ressources à propos de la construction parasismique

Une construction parasismique offre la meilleure protection en cas de tremblement de terre: elle empêche les bâtiments de s’effondrer et évite les pertes humaines et les blessures. Les activités essentielles protégées par une construction parasismique sont maintenues même en cas de séisme, limitant ainsi une aggravation de la situation. En revanche, ceci ne signifie nullement que les bâtiments continuent d’être habitables ou même fonctionnels à la suite de la survenue d’un tremblement de terre.

La conception et la construction parasismiques sont expliquées dans la norme SIA 261 Actions sur les structures porteuses, elle-même ancrée dans différentes lois sur la construction. Lors de travaux de rénovation, la sécurité parasismique des bâtiments existants doit également faire l’objet d’un contrôle et d’un renforcement le cas échéant (norme SIA 269/8 Maintenance des structures porteuses – Séismes). La responsabilité de ce contrôle incombe aux propriétaires et aux spécialistes de la conception impliqué·es dans le projet.

Plus la thématique est prise en compte tôt dans un projet d’études, notamment par l’implication de spécialistes, plus une construction parasismique sera réussie et mieux les coûts et les émissions de CO2 seront maîtrisés. La documentation SIA D 0260 Intégration des dangers naturels dans la conception et la planification de bâtiments explique la procédure en fonction des différentes phases de projet SIA.

L’opportunité d’une reconstruction

Les tremblements de terre sont une réalité, la Suisse ne fait pas exception. La préparation à un potentiel tremblement de terre implique également de prévoir un plan de reconstruction exhaustif. Il est compréhensible de souhaiter une reconstruction rapide. Celle-ci devrait toutefois prendre en compte les huit critères du Système Davos de qualité. Dès aujourd’hui, la construction parasismique doit devenir une habitude afin que, dans l’éventualité d’un séisme, le temps nécessaire à une reconstruction dans l’esprit d’une culture du bâti de qualité soit à notre disposition.

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