Tram et art, un duo qui a la cote

Editorial paru dans Tracés n°04/2013

Date de publication
26-02-2013
Revision
10-11-2015

 Perçu à sa création au milieu du 19siècle comme l’archétype du moyen de transport en commun moderne, tombé en désuétude dès la Seconde Guerre à cause de ses équipements vieillissants, le tramway est revalorisé depuis les années 1990 en France. Après l’avoir jugé archaïque, les autorités publiques en exaltent aujourd’hui les vertus civiques et écologiques. Elles vantent son accès facilité depuis la rue et le pensent susceptible de désenclaver les zones périurbaines. Dans l’Hexagone, ce qui n’est pas le cas en Suisse, ces qualités sont d’autant plus manifestes que chaque nouveau tronçon de tramway est développé de façade à façade, ce qui permet de requalifier, sur son tracé, l’espace public dans son ensemble.
Le renouveau du tram à Strasbourg en 1994, puis la mise en service d’autres lignes les années qui suivirent, a été accompagné d’une commande publique artistique. Le projet a fait école dans le pays. Chaque maire d’une grande ville souhaite depuis combiner ses nouvelles lignes de tram avec un projet d’art pérenne dans l’espace public. A tel point que le mariage tramway / commande publique est devenu une marque française, si ce n’est une manie. Après Strasbourg, les villes d’Orléans, Nice, Lyon, Montpellier, Mulhouse ou encore Bordeaux ont fait appel à des artistes pour ponctuer les tronçons de leurs nouveaux tramways. La dernière inauguration d’un tel projet remonte à décembre, à Paris.
Si le programme parisien, conçu par Christian Bernard, directeur du Musée d’art moderne et contemporain de Genève (Mamco), est réussi, le mariage se révèle parfois forcé. On ne peut qu’encourager les autorités publiques à donner une place aux artistes dans la cité – la ville se fabrique aussi avec l’art. On peut néanmoins regretter que certaines commandes publiques aient été menées de manière maladroite ou trop hâtive. Cela aboutit à des projets dépourvus d’identité, d’homogénéité. Du reste, dans ces caslà, on est souvent mal armé pour faire face au vieillissement des oeuvres.
La France a au moins le mérite de l’expérimentation. En Suisse romande, les projets qui lient transports en commun et art public existent – Lausanne Jardins a présenté une trentaine de jardins éphémères le long du m2 en 2009, Deidi von Schaewen a exposé ses photographies monumentales près de la ligne du MOB en 2010. Mais il est question ici d’éphémère. L’art pérenne peine, lui, a se faire une place aux côtés des transports en commun. Le tram reliant Cornavin à Bernex a été inauguré il y a plus d’un an. Cinq oeuvres devaient dès lors en ponctuer le parcours. Or, des questions de timing, de budget et de prolongement de tronçon font que ce projet d’art urbain est toujours en pourparlers.

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