Sau­ver le monde, vivre en­semble – OK Bien­nale, mais com­ment?

La biennale, c’est pour les boomers? Certes, l’institution est bien désuète. Mais cette année, pas de bling-bling, pas de starchitectes: la 17e édition est plus jeune; plus engagée aussi.

Date de publication
13-07-2021

Pour la première fois, le thème est une question. «Comment voulons-nous/allons-nous vivre ensemble?», a demandé Hashim Sarkis aux architectes du monde entier, afin d’aboutir à un «nouveau contrat spatial». «Nous ne pouvons plus attendre que les politiciens nous proposent la voie d’un meilleur avenir, affirme le commissaire général. La politique sépare et isole. Avec l’architecture, nous pouvons montrer des voies alternatives au vivre ensemble».

Aussi c’est l’inclusivité, sous toutes ses formes, qui domine la Biennale. Celle-ci est marquée par la critique d’une pensée extractiviste, coloniale, réduite à la performance économique. On s’en doute, les contributions ressemblent à un festival de bonnes intentions, consistant en priorité à élargir le champ des acteurs à l’œuvre dans les problématiques liées à la construction. Le «nous» est étendu, à tous les genres d’abord, puis aux animaux, enfin à tous les «non-humains»: champignons, plantes, roches – en résumé tout ce qui forme la Terre, que plusieurs installations proposent de regarder sous une autre perspective, voire de l’intérieur.

Par-delà ces contributions bienveillantes, et toujours dans cet élan inclusif, se trouvent représentés pour la première fois des nations sans état (des peuples autochtones d’Australie ou nomades de l’Amazonie), comme nous l’a indiqué Sarkis non sans fierté, et surtout des populations sans territoires: la migration compose une section entière de l’exposition centrale. Quant au pavillon de la Suisse, il vise juste en s’intéressant aux habitants de la frontière.

La 17e Biennale appelle à la ­modestie, consulte les climatologues, les zoologues, les géologues, etc. et on finit par se demander ce que les architectes apportent dans ce concert. Aussi nous nous sommes concentrés ici sur le «comment» de la question, sur les savoirs spécifiques à l’architecture mobilisés dans cette grande discussion internationale. Pour celles et ceux qui prennent le temps, la Biennale d’architecture, préparée pendant deux ans par 173 équipes, offre bien quelques enseignements. C’est OK, vous pouvez aller à Venise.

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