Prix De­sign Suisse: bon, meil­leur, le meil­leur – mais pour­quoi?

Le Prix Design Suisse 2013/14 a été décerné le 1er novembre à Langenthal. Le jury a récompensé 11 des 37 projets nominés et décerné en outre un prix d'honneur pour l'œuvre d'une vie. La manifestation, qui s'est déroulée dans une ambiance festive et avec un illustre public, a été rafraîchissante. Et pourtant, quelque chose manquait.

Date de publication
07-11-2013
Revision
01-09-2015

Langenthal devient à intervalles irréguliers la «Pop-up-Metropole» du design suisse. Tous les deux ans, les meilleurs designers suisses y sont honorés. Les autres années, des milliers de visiteurs affluent au Designer's Saturday.
Le marathon du Prix Design Suisse 2013/14 a commencé dans les vielles halles d'usine au Mühleweg, où tous les travaux nominés étaient exposés et le seront encore jusqu'au 26 janvier. Mais déjà, on pouvait y subodorer ce dont souffrirait la soirée: pas assez de structure, pas assez de place pour des contenus; en revanche, forte concentration sur le socialising. Nous avons quitté le vernissage un peu perplexe, imaginant que la remise des prix aurait été davantage axée sur les contenus.
La cérémonie s'est déroulée dans le marché historique; Monika Schärer (animatrice à la SRF) et Benjamin Luis (animateur à Couleur 3) ont assuré l'animation avec fraîcheur. Malgré tcela, l'essentiel a manqué: les contenus.
Lors de la remise de la deuxième et de la troisième récompenses, qui ont passé des mains des nominateurs à celles des lauréats, une différence est apparue, au regard d'autres remises de prix: du small talk au lieu d'éloges. Le jury international, reconnu, a pu donner à cela des raisons crédibles et compréhensibles. Selon le nominateur Nick F. Cerutti, peu d'éléments étaient vraiment indépendants de la scène. Ces raisons sont d'ailleurs mentionnées dans le catalogue des récompenses.
Prenons trois exemples: le jury a récompensé Michel Charlot pour le luminaire «U-Turn». Grâce à une solution mécanique simple – fixation magnétique de la tête de luminaire –, l'éclairage peut varier. Le design produit «Cresta Chair» de Jörg Boner a obtenu des éloges. Pour le jury, il a réussi a donner une nouvelle interprétation de la chaise en bois massif provenant des régions alpines, qui allie confort et innovations à la production. Enfin, «Etage Regal» de Moritz Schmid convainc, estime le jury, par son originalité. L'étagère allie trois tendances importantes dans le design actuel des meubles: la vague rétro, la dominance du bois et l'appréciation du savoir-faire artisanal. Voilà combien une justification peut être simple.
Mais pourquoi la conseillère en design Liesbeth in’t Hout, l'architecte Ascan Mergenthaler, le designer de produits Jasper Morrison, l'éditeur Lars Müller et le publiciste Robb Young n'ont-ils pas insisté pour indiquer les raisons de leurs sélection pendant la remise des prix? Bilan de la cérémonie: onze prix décernés dans sept catégories parmi 37 projets nominés, en outre un prix pour l'œuvre d'une vie et le sentiment d'avoir assisté à une invocation injustifiée du grandiose, qui donnait pourtant l'impression d'être interchangeable.
La Swiss Design Association a relevé le fait que le jury avait abandonné l'idée de se limiter, comme jusqu'à présent, à trois lauréats couvrant trois domaines dans les catégories Newcomer, Research et Market, ayant pour la première fois récompensé un lauréat par discipline. Mais on ne pourra faire autrement que de peaufiner encore la présentation.
Comprenons-le bien: les différents projets méritent certainement les prix, et les projets soumis, dont un bon nombre de Suisse romande, étaient intéressants et variés. Le Prix Design Suisse met en exergue des talents de relève et permet à des projets et personnalités de se développer, grâce à de généreuses dotations de 225'000 francs au total. Il offre un tremplin à de jeunes concepteurs. Mais il fait oublier quelque chose qui, actuellement, est tout aussi importante qu'un bon design pour le succès d'un projet: la possibilité d'en parler de manière perceptible et compréhensible.
(Texte traduit par Richard Squire)

 

Étiquettes

Sur ce sujet