L'ave­nir des Eglises

Retour sur le colloque organisé par l’Ecole d’architecture de Lyon du 20 au 22 octobre 2016

Date de publication
09-11-2016
Revision
10-11-2016

Le culte n’a plus la cote, les églises sont désertées. Alors que les pays du nord de l’Europe ont déjà entrepris de reconvertir ou de transformer leur patrimoine religieux désaffecté, les pays méridionaux de tradition catholique, la France en premier lieu, n’ont pas encore pris la mesure du phénomène de sécularisation qui s’annonce. 
Durant deux jours à Lyon, à l’initiative de l’Ecole d’architecture (ENSAL), des spécialistes du monde entier ont échangé autour de leurs expériences pour tenter de poser les fondements d’une réflexion théorique sur le sujet. Les nombreuses études de reconversions présentées, aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne ou en Algérie ont permis de faire émerger les principales questions qui se posent. Celle d’abord du caractère sacré des édifices. Charles Suaud, du Centre Nantais de sociologie, a rappelé la force des héritages symboliques qui explique pour partie les résistances à envisager un autre avenir pour les églises. Celle ensuite de la valeur patrimoniale de ces bâtiments, notamment de l’architecture moderne. Au nom de quoi détruire ou préserver? Et si l’on conserve, comment intervenir et avec quels moyens? Après une vague de reconversions exemplaires largement subventionnées, à l’image du projet de réaffectation de la chapelle des Ursulines en Artothèque à Mons en Belgique, publié récemment dans Tracés (lire l'article le vide et le plein, Tracés n°19 2016), le temps serait désormais à la participation privée. Qui aura les moyens de ces réhabilitations, et pour quels types de programmes? La flexibilité des édifices, leur capacité d’adaptation à de nouveaux usages (du garage automobile à l’épicerie en passant par le logement, la médiathèque, le colombarium ou la galerie d’art) ou la cohabitation possible d’un lieu de culte avec d’autres activités culturelles, comme dans le cas de la chapelle Notre Dame du Marché à Jodoigne en Wallonie, restent des questions ouvertes, à étudier au cas par cas. Ultime tabou qui, à ce titre, ne sera pas évoqué: la reconversion des églises en mosquées. Alors que les églises se vident, les musulmans d’Europe n’ont pas de lieux pour prier. Voir à ce sujet la série Hidden Islam du photographe Nicolo Degiorgis en Italie du Nord, où, faute de lieux de culte, des mosquées de fortune s’improvisent dans des garages, des entrepôts, des gymnases. 
Comme l’a suggéré en conclusion François Gruson de l’ENSA Paris Malaquais, pour faire progresser le débat, nous devrions réinvestir collectivement la question du sacré au-delà de nos appartenances religieuses, y compris dans les écoles d’architecture.

Plus d’informations sur le colloque : avenireglises

 

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