En at­ten­dant l’ar­chi­tecte can­to­nal

Editorial archi 2/2015

Date de publication
30-06-2015
Revision
19-08-2015

«Dans les villes, il n’y a plus de dedans ni de dehors. Ils sont dans un sens partout. Tout est ville et non-ville.» Tita Carloni, 2006

Les installations scolaires et halles sportives publiée dans archi 2/2015 ont en commun une forte caractérisation comme bâtiments publics en différentes nuances. 

Conte Pianetti et Zanetta interprètent la situation du Centre pour la jeunesse et le sport de Bellinzona, dans la grande zone verte entre la ville et la rivière, par un volume de construction qui relie la zone riveraine à la surface tournée vers la ville, tout en l’habillant d’une nouvelle enveloppe translucide et brillante. 

Avec la double salle de gymnastique de Riva S.Vitale, Durischt+Nolli donnent un plan de rigoureuse géométrie qui contraste bien avec l’école secondaire proche de Giancarlo Durisch. La longue façade avec sa séquence ludique de couleurs se voit de loin. 

Au jardin d’enfants de Giubiasco, Bricola réussit à subdiviser le corps de construction pour l’adapter à l’ordre de grandeur du contexte. En même temps, il conserve la dimension et l’unité convenant à un déroulement optimal des activités liées à la présence du jardin d’enfants dans le paysage désordonné. 

A Lugano Cassarate, Bruno Fioretti et Marquez construisent un jardin d’enfants composé d’un groupe de maisons en bois adaptées à la taille des enfants. La répartition horizontale représente un défi à la forte concentration urbaine de l’environnement. 

A Tegna, Baserga et Mozetti montrent qu’avec une petite école primaire à trois classes, il est possible de construire un bâtiment public en relation avec la rue et le centre-ville mais qui se distingue des maisons privées par des matériaux et des proportions appropriés. 

En outre, nous proposons à nos lecteurs des images de l’école que Barchi et Galfetti ont construit au Kenya, afin de montrer qu’une interprétation réussie du programme et du lieu même, à une telle distance du Tessin et dans des conditions totalement différentes, peut aboutir à un ouvrage d’une clarté remarquable et de forte expression. 

Les jardins d’enfants, écoles et centres de fitness présentés dans archi 2/2015 ne représentent qu’un choix limité du vaste panorama que des architectes engagés ont créé dans cet environnement difficile. Lorsque les bâtiments publics prévus atteignent un niveau de qualité supérieur, ils remplissent une fonction de phare dans une région presque toujours construite de manière désordonnée et sans plan général de développement. Rien que par la qualité de ces bâtiments, on ne saurait cependant réhabiliter toute la zone. 

Une nouvelle stratégie politique avec d’autres mesures est nécessaire dans tous les domaines du savoir et dans toutes les formes de l’activité de construction, afin d’engager un véritable processus de réorganisation de la région et de réforme de la culture du bâti, afin de stopper la tendance au mitage. Dans ce domaine, la décision du gouvernement cantonal d’engager un architecte cantonal est d’une grande importance étant donné que la coordination entre la planification et les mesures, dans le domaine des projets de construction publics et de la circulation à tous les niveaux est une condition indispensable à un concept unique afin que les pouvoirs publics puissent agir comme acteurs, saisissent l’initiative, engagent un changement positif et ne se contentent pas de suivre et de corriger les répercussions de ce qui se passe au niveau de l’économie de marché. 

La Conférence des associations techniques du canton (CAT), dont font entre autres partie SIA, OTIA et FAS, demande déjà depuis quelques temps l’engagement d’un architecte cantonal. On peut lire au rapport final de leur groupe de travail que l’architecte cantonal doit être un conseiller du gouvernement cantonal et que son activité doit englober ce qui suit:

Conseils dans la planification du territoire Conseils dans l’examen et l’approfondissement des contenus fonctionnels, des modalités et des délais ainsi qu’accompagnement de la planification et de la construction de bâtiments publics et de dispositifs d’infrastructure. Conseil dans l’élaboration et la mise en œuvre de dispositions légales dans le domaine de la planification et de la construction. Conseils dans la promotion de la qualité des projets de construction et des projets d’infrastructure des pouvoirs publics et du secteur privé. Lancement de concours de planification Conseils du point de vue de la qualité et de la durabilité de la région et de la dimension environnementale. Conseils lors de projets dans le cadre des différentes formes de mobilité.

A ce propos, il faut par exemple signaler l’important travail de l’architecte cantonal Genevois Francesco Della Casa, qui coordonne le projet ambitieux de développement urbain dans sa ville et les environs (nous avons écrit à ce sujet dans archi 3/2013), poursuivant ainsi l’objectif condensation et urbanité. Ces notions clés peuvent être favorables à un meilleur bien-être et à un enrichissement de la vie sociale des habitants. 

La Loi fédérale N° 157 du 10.11.1995 (LFAC), par laquelle l’architecte cantonal est engagé, ne se compose que de cinq paragraphes qui ne contiennent chacun qu’un petit nombre de lignes. Le premier est: «Le Conseil d’Etat nomme un architecte cantonal, après consultation des associations concernées, afin de promouvoir la qualité de l’architecture et la construction urbaine.» L’objectif est formulé de manière claire et simple et poursuivi en collaboration avec les associations techniques. Ensuite, le rôle de l’architecte cantonal est appelé, dans le texte de loi, essentiellement culturel. Il ne doit donc pas remplacer les performances fournies par d’autres acteurs de l’administration cantonale. L’architecte cantonal doit être sélectionné parmi un groupe de personnes qui se caractérisent par une intégrité absolue et un haut niveau de compétence. 

Articles d' archi 2/2015 (en italien): «Scuole e palestre»

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